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Antilla

30 ANS DEJA…

30 ANS DEJA…

Voilà le texte de la communication effectuée pour l'occasion et qui avait été transmise à la direction journal.

Notre collaborateur Raphaël Confiant nous a transmis le message suivant à propos de la manifestation qui a fêté les trente années d’existence de notre magazine à Madiana…

***

Chers (es) camarades,

Je suis désolé de n’avoir pas été en mesure de participer au trentième anniversaire d’Antilla, cette voix qui, semaine après semaine, s’efforce de véhiculer un message__celui de la verticalité martiniquaise et plus largement antillaise__tout en donnant la parole à tout un chacun. Car quand on s’interroge sur la pérennité de ce magazine dans un univers médiatique où quasiment un seul et unique journal accapare la manne publicitaire locale, je suis persuadé que la première explication tient à cette absence de sectarisme. Oui, tout le monde, Békés, syndicalistes, politiciens de droite ou de gauche, intellectuels pro-Négritude ou pro-Créolité, artistes, agriculteurs, artisans, représentants de l’Etat français etc. s’est vu, à un moment ou un autre, ouvrir les colonnes d’Antilla. Qu’on n’aille pas y voir une cauteleuse neutralité ! Antilla pratique hebdomadairement la démocratie, mais il s’est toujours donné un objectif, il s’est toujours tenu à une ligne idéologique : faire émerger enfin une conscience martiniquaise. Dans le respect de toutes ses composantes…

La deuxième raison de cette pérennité, moins immédiatement visible, tient à l’énergie et aux sacrifices personnels consentis par un formidable trio : celui que forme Alfred Fortuné, le directeur de publication, Henri Pied, le directeur de la rédaction et Tony Delsham, le rédacteur en chef. C’est ce trio qui a su canaliser les journalistes du dimanche qu’étaient (Guy Cabort-Masson, Pierre Davidas) ou que sont encore Gérard Dorwling-Carter ou moi-même. C’est lui qui a su dompter notre tempérament passionné, parfois excessif, mais toujours sincère. C’est lui qui, au mitan des tempêtes (tant d’innombrables procès !), a su tenir le gouvernail d’une main de fer et permettre ainsi au navire-Antilla de continuer sa route. Cela trente ans durant. Ce n’est pas rien…

La troisième raison, encore moins connue, tient au bénévolat. En effet, à part le personnel technique du journal, personne de très haute qualité et d’un grand dévouement, le même après trente ans (ce qui n’est pas rien non plus !)__n’est-ce pas Valentine, Eliane et Jacqueline ?__, les rédacteurs du journal ne touchent pas un centime. Juste quelques défraiements pour certains qui ont eu à mener des enquêtes de terrain nécessitant des dépenses personnelles. C’est le moment de dire qu’il ne s’agit pas là d’une situation très normale car dans aucun pays au monde, un journal ne peut vivre et survivre uniquement avec ses abonnés et ses ventes en kiosque. Tous se développent grâce à la publicité et aux annonces légales. Si ces dernières n’ont pas manqué à Antilla (encore que depuis quelque temps une certaine collectivité nous boude pour d’obscures raisons connues d’elle seule), la publicité a toujours fait défaut au journal, hormis le soutien indéfectible de certaines entreprises telles que le groupe Elysée qu’il convient de remercier. Toutefois, à l’heure où une nouvelle génération, accède aux manettes du journal, il semble que la situation soit en train d’évoluer. Au cours de la soirée du 30è anniversaire, un appel à été lancé aux entreprises, espérons qu’il sera entendu !

En dépit du développement de la presse-Internet (Antilla dispose d’ailleurs d’un site-web et d’un blog), la presse-papier a encore un avenir devant elle, tout comme le livre-papier. C’est que nous ne sommes pas encore devenus des êtres virtuels et que nous avons encore besoin du réel, du contact réel. De l’objet que nous tenons entre nos mains, dont nous admirons la couverture, que nous feuilletons page après page, dans lequel nous prélevons ou découpons tel ou tel article. De même que le cinéma n’a pas fait disparaître le théâtre, de même que la télévision n’a pas fait disparaître la radio, les sites-web ne feront pas disparaître les journaux-papier. Simplement ces derniers devront évoluer, s’adapter à la nouvelle donne et offrir des contenus différents de ce que l’on trouve sur le Web. Cette nécessaire mutation s’impose à tous les journaux-papier du monde. Elle est inéluctable et Antilla s’y prépare activement.

La Martinique, dès la fin du XIXe siècle a toujours été une terre de journaux. Dans le Saint-Pierre d’avant l’éruption de 1902, il y avait pas moins de quatre quotidiens. Dans la première moitié du XXe, une bonne dizaine de feuilles se partageaient l’espace médiatique. Tous ont fini un jour par disparaître. Sauf « Justice », l’organe du parti communiste martiniquais déjà octogénaire et qui a su dernièrement renouveler sa maquette de belle manière et Antilla.

C’est un combat de tous les jours. Cela exige une détermination sans faille. Un amour de la Martinique et des Antilles aussi. Une volonté farouche que ce pays ne finisse pas par disparaître sous la chape de plomb de l’assimilation.

C’est le combat de nous-mêmes.

Raphaël Confiant

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