Raphaël CONFIANT nous téléporte au 18ème siècle, plus précisément en 1702 où le jeune Dieppois Gabriel-Mathieu d’Erchigny de Clieu qui obtient ses galons d’enseigne de vaisseau est envoyé en Martinique. Il rêvait depuis longtemps de l’Amérique et son rêve devient réalité. Arrivée en Martinique, il délaisse la navigation pour se consacrer à la culture de la canne et fait fortune. Il revient en France pour voir sa famille et il a une idée, une lubie peut-être, cultiver le café qui est très en vogue. Il veut donc être producteur de café.
Et c’est là que le lecteur est littéralement happé par cette histoire extraordinaire, rocambolesque même sur le voyage de deux plants de café dérobés au jardin d’acclimatation de Louis XIV. Ces plants de café pourront-ils traverser l’Atlantique pour le Nouveau Monde sans encombre?
C’est toute cette épopée que le lecteur découvre tout au long de ces 306 pages de cet ouvrage lu avec beaucoup d’aisance. L’on butte de temps à autre sur des mots et des expressions de la navigation mais cela n’est point un obstacle pour la progression. Le lecteur n’est pas découragé. Cercle après cercle, on ne tourne pas en rond mais on progresse au gré des vents et des dangers de l’Atlantique. Chapitre après chapitre on navigue avec cette envie, voire parfois de grosses frayeurs, de connaître la destination de cette mystérieuse marchandise dont il ne faut même pas en parler sous peine de perdre la vie. Nous suivons donc le «Dromadaire» dans son périple.
Le lecteur dispose de deux sortes de breuvage:
Raphaël Confiant nous fait une «menterie» en effet dans une interview il disait «Je ne suis pas un romancier» parce que selon lui «Je n’ai pas d’imagination». On a envie de lui répondre avec l’expression guadeloupéenne: «Manti a mantè» ou encore «Manti aw». Il confessait cependant «Celui qui aime l’histoire, l’économie, la sociologie etc… y trouvera son compte».
Quoiqu’il en soit les habitués de l’univers confiantesque seront servis et en sortiront sans aucun doute fiers d’apprendre autant sur cette première plante mondialisée. Cette plante de café qui est connu sous des appellations diverses noms: L’eau noire turque, Le p’tit noir, L’Express est passée par le Nouveau Monde et initialement en Martinique par l’obstination d’un planteur mais aussi le travail acharné de nos ancêtres esclavagisés. Gabrie-Mathieu d’Erchigny de Clieu nous dit: «J’aurais été, sans forfanterie aucune, le Christophe Colomb du Café».
Je rappelle le titre de ce roman passionnant «Grand café Martinique» parut aux Editions Mercure de France de Raphaël CONFIANT, ladjé kò zot adan asiré zot ké pasé an bel moman litérati.
Bonne lecture
Jid