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Aimé Césaire, la négritude et l’ouverture poétique

Aimé Césaire, la négritude et l’ouverture poétique

Poète génial attaché à son île, la Martinique, Aimé Césaire fut aussi engagé, quand il était étudiant à Paris dans les années 1930, dans les mouvements de critique du colonialisme, auprès d’étudiants venus d’Afrique. Ainsi, le passage par Paris (où règne le surréalisme) et la découverte du monde africain vont marquer sa poésie. Mais l’idée de la négritude est également issue de cette rencontre multiple.

À la veille et au lendemain de la Première Guerre mondiale, émergent des critiques portant sur divers points du régime colonial. Parmi ceux-ci se trouvait la ségrégation larvée, qui est le lot des « citoyens » antillais. Néanmoins, ladite mission civilisatrice du colonialisme n’est pas remise en cause dans ses fondements. Elle ne l’est pas non plus par les organisations politiques de gauche comme le parti socialiste Sfio (Section française de l’internationale ouvrière). Le parti communiste prend peu à peu ses distances mais il ne considère pas que la question coloniale se présente comme un problème spécifique. Cette question reste étroitement dépendante des enjeux propres aux avancées que lui seul, le parti, peut initier dans le cadre des oppositions liées aux conflits de classes, en métropole.

C’est donc à l’initiative de quelques écrivains francophones, originaires des vieilles colonies et postcolonialistes avant la lettre, qu’apparaissent, dans les années 1930, plusieurs témoignages d’une prise de conscience et d’une volonté d’exprimer publiquement une critique du colonialisme en tant que tel. Ces intellectuels regroupent autour d’eux des individualités européennes et africaines. Leurs réflexions les conduisent à dénier toute naturalité au colonialisme. Elles l’abordent dans une démarche qui ne s’en tient pas qu’aux conditions présentes. Elles envisagent des lendemains. Cette approche se concrétise autour de diverses publications. Parmi celles qui vont au-delà de critiques ponctuelles il faut retenir Légitime défense. Cette publication, parue en 1932, réunit plusieurs étudiants originaires des Antilles se trouvant à Paris dont Jules Monnerot, René Ménil, Étienne Léro. L’éditorial prend comme assises tant les manifestes surréalistes que les thèses du matérialisme dialectique de Marx :

Issus de la bourgeoisie de couleur française qui est une des choses les plus tristes du globe, nous déclarons […] face à tous les cadavres administratifs, gouvernementaux, parlementaires, industriels, commerçants, etc. que nous entendons, traîtres à cette classe, aller aussi loin que possible dans cette trahison. Nous crachons sur tout ce qu’ils aiment, vénèrent, sur tout ce dont ils tirent nourriture et joie1.

Elle ne connaîtra qu’un seul numéro mais celui-ci fait figure de brûlot. Il critique sans ménagement le régionalisme passéiste, la copie souvent maladroite des courants parnassiens et symbolistes, l’oubli du passé africain, de la traite et de l’esclavage : « L’écrivain antillais craint d’être suspecté de n’avoir pas les mêmes passions et les mêmes pensées que les Européens, et de cacher en lui les réserves troubles et dynamiques dues à son originalité propre » (René Ménil).

Le spectre de ce manifeste est large : « Les conventions constituent l’épine dorsale de la “Réalité” bourgeoise que nous voulons désosser. » Plus précisément il stigmatise les comportements de la bourgeoisie de couleur. Ses désirs d’intégration, son conformisme, son incapacité à s’identifier, à se reconnaître si ce n’est au miroir déformant de la domination blanche, sont autant d’attitudes vivement dénoncées par ces étudiants, enfants de cette même couche sociale : « C’est à la Martinique que le visage hideux de la bourgeoisie de couleur s’est penché sur mon berceau » écrit Jules Monnerot. Étienne Léro s’attache à la production littéraire :

Le caractère exceptionnel de médiocrité de la poésie antillaise est donc nettement lié à l’ordre social existant. On est poète aux Antilles comme l’on est bedeau ou fossoyeur, en ayant une « situation » à côté […] Du jour où le prolétariat noir, que suce aux Antilles une mulâtraille parasite vendue à des blancs dégénérés, accédera, en brisant ce double joug, au droit de manger et à la vie de l’esprit, de ce jour-là seulement il existera une poésie antillaise2.

Imprégnés de divers courants de la pensée occidentale : Karl Marx, Sigmund Freud, André Breton, ces écrivains et essayistes n’en restent pas moins, pour Édouard Glissant, comme en suspens, sans capacité à sortir de leurs attaches3. Ils ne prennent pas en charge leurs propres identités si ce n’est dans ce déchirement fondamental entre deux mondes : les Antilles et la France, thème récurrent et toujours actuel. La sortie attendue, l’incendie rêvé c’est également l’ouverture à l’universel, éléments que l’on retrouve partiellement chez Césaire et Fanon mais dans une dynamique de dépassement.

L’étudiant noir

Aimé Fernand David Césaire est l’arrière-petit-fils d’un esclave. Il est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique). À la suite de sa scolarité à Fort-de-France au lycée Victor-Schœlcher, il entre, boursier, en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand en 1932. Il a alors 19 ans. C’est donc à Paris qu’il va parfaire ses connaissances. Il rencontre dans cet établissement et noue des liens d’amitié avec Léopold Sédar Senghor, son condisciple sénégalais. La vie quotidienne dans la métropole n’est pas évidente pour ces adolescents transplantés loin de leur lieu originel. Des problèmes financiers dont la reconduction des bourses attribuées aux étudiants martiniquais les mobilisent. L’association qu’ils ont créée s’attache à ces questions. Fin 1934, un comité est élu avec pour première tâche de résoudre ce problème. Le jeune Césaire est élu président. Parallèlement à cette implication plus politico-administrative que culturelle se met en place un journal ayant une vocation beaucoup plus large. L’Étudiant noir, organe de l’association des étudiants martiniquais en France publié en mars 1935, annonce les débuts d’une rupture. Cette revue regroupe à Paris, un cercle élargi d’étudiants en provenance des Antilles, de la Guyane et d’Afrique. Parmi ceux-ci, on compte des ressortissants d’outre-mer : Aimé Césaire, Gilbert Gratiant, Léon-Gontran Damas, des étudiants originaires d’Afrique occidentale tels que Léopold Sédar Senghor, Birago Diop. L’Étudiant noir a une autre ambition que Légitime défense dans le sens où l’idée principale de ses auteurs est de dépasser les complaintes virulentes. Ceci n’empêche pas Césaire, dans son premier article intitulé : « Nègreries, jeunesse noire et assimilation4 », de moquer vertement ses compatriotes et plus précisément de stigmatiser l’assimilation, à laquelle nombre de Martiniquais adhèrent.

Un jour, le Nègre s’empara de la cravate du Blanc, se saisit d’un chapeau melon, s’en affubla et partit en riant… Ce n’était qu’un jeu, mais le Nègre se laissa prendre […] C’est un peu l’histoire du Nègre d’avant-guerre qui n’est que le Nègre d’avant-raison. Il s’est mis à l’école des Blancs ; il a voulu devenir « autre » : il a voulu être assimilé.

Dans son article Césaire annonce les thèmes qui seront ultérieurement les siens et en particulier ses références à « l’altérité », à la prise de conscience nécessaire de la différence, celle qui distingue de manière violente l’homme noir de l’homme blanc. Il décline les différents stades qui ont marqué l’histoire de ses semblables. Il s’agit d’abord de la scène primitive et fondamentale de l’esclavage, de l’asservissement puis, plus récemment comme suite à l’abolition et à la nécessaire utilisation des ressources humaines, une relative assimilation. Dans cette phase transitoire les qualificatifs de « brutes » sont remplacés par ceux de « grands enfants ». Vouloir se couler dans la peau et les conduites du colonisateur relève d’une impossibilité. Ce leurre débouche sur une haine d’autant plus exacerbée qu’illusoire. On ne peut être le même. Il faut être soi-même, porteur de sa propre histoire. L’élève de l’École normale supérieure ne veut en aucune façon mimer ses maîtres mais utiliser à bon escient, c’est-à-dire à son avantage et à ceux des siens, les savoirs qu’il sait s’approprier. Pour Césaire :

La jeunesse Noire ne veut jouer aucun rôle ; elle veut être soi […] elle veut contribuer à la vie universelle, à l’humanisation de l’humanité, et pour cela, encore une fois, il faut se conserver ou se retrouver : c’est le primat du soi.

Il en appelle à une littérature capable de rendre compte des heurts et malheurs du peuple noir et créée par ses membres mêmes.

Le concept de « négritude », déjà esquissé par quelques travaux antérieurs dont ceux des collaborateurs de La Revue du monde Noir ou des compagnons de L’Étudiant noir, prend ses marques. Il ne s’agit pas de « négrisme », ni d’hypostasier les valeurs de la race noire mais de conjuguer l’identité, l’altérité et les combinatoires qui résultent de leur alliance. Le peuple martiniquais est, comme le souligne Gilbert Gratiant, particulièrement situé à la croisée d’origines multiples – celles, pour mémoire, des Amérindiens, celles des Européens et en l’occurrence des Français, celles des esclaves d’origine africaine sans oublier les vagues successives de coolies indiens, des Levantins, Malais et Chinois. Mais la part essentielle revient aux descendants des esclaves noirs même si le métissage entre tous est indéniable et récurrent.

On est en présence, dès ce premier texte, de cette dialectique qui traverse l’œuvre et la vie de Césaire, praxis construite entre les notions d’authenticité et d’universalisme. Cette démarche on la retrouve également, quoique au travers d’engagements sensiblement différenciés, chez l’homme et dans l’œuvre de Frantz Fanon. L’un de ses ressorts est cette expérience partagée d’une injustice vécue quotidiennement.

L’ensemble populationnel qui s’est constitué autour de L’Étudiant noir ne nie pas l’intérêt des critiques sociales et politiques de Légitime défense mais il porte ses regards au loin, vers une inscription dans un passé le plus souvent occulté par l’entourage îlien. La présence parmi ces intellectuels de ressortissants des villes sénégalaises les confronte radicalement aux illusions éventuelles d’une blancheur antillaise, celle d’une petite bourgeoisie aux teints métissés. À la lecture de différents ouvrages dont ceux de Léo Frobenius Histoire de la civilisation africaine, de Maurice Delafosse les Civilisations négro-africaines, de Michel Leiris l’Afrique fantôme sinon de Lucien Lévy-Bruhl la Mentalité primitive tout comme à l’écoute des surréalistes et des peintres d’avant-garde, le continent africain, son histoire, ses civilisations et ses cultures apparaît comme une référence essentielle. Il y est question de leur propre origine, celles des peuples noirs et de la situation présente des Antillais. Aux temps antérieurs à l’arrivée des Européens, les petites Caraïbes, dont les îles au vent, étaient l’objet d’incursions et d’établissements plus ou moins ponctuels de populations amérindiennes en provenance des côtes du continent américain. À l’exception des plus importantes, telles que Saint-Domingue ou Cuba, il y avait peu de populations résidentes.

À l’instar de philosophes de l’Antiquité pour lesquels les « barbares » étaient aux marges de l’espèce, proches de l’animalité et de ce fait assignables au statut d’esclave, les Européens ont longtemps fait preuve de cécité vis-à-vis des Autres et ceci dans le contexte même de leurs politiques expansionnistes dont ladite « découverte » des Amériques. Celle-ci a entraîné une circulation intense d’hommes et de biens. La richesse potentielle de ces terres et le lieu de passage obligé que constituent les Caraïbes suscitent la convoitise des commerçants, négociants et, à terme, de ceux qui veulent en exploiter directement les ressources. Pour ce faire, qu’il s’agisse de plantation ou de minerai, une main-d’œuvre abondante est nécessaire. Les aborigènes ayant été décimés, il devient nécessaire de recourir à une autre force de travail. Cette période est concomitante avec l’installation de comptoirs sur les côtes du golfe de Guinée. Du xvie au xixe siècle se mettent en place et prospèrent la traite et l’esclavage de populations africaines. Capturés par des intermédiaires indigènes ou directement sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, qui par des Hollandais, Britanniques, Portugais ou Français, ces Noirs sont échangés, embarqués à Gorée, Oujda ou au Kongo et, aux lendemains de traversées exténuantes, ils sont vendus et mis au travail :

Et l’on nous vendait comme des bêtes, et l’on nous comptait les dents… et l’on nous tâtait les bourses et l’on examinait le cati ou décati de notre peau et l’on nous palpait et pesait et soupesait et l’on passait à notre cou de bête domptée le collier de la servitude et du sobriquet5.

Ces groupes humains, hommes et femmes, deviennent au voisinage des colons, planteurs, commerçants ou fonctionnaires des métropoles, la source essentielle de peuplement. Les étudiants noirs réunis à Paris se retrouvent, sinon des ancêtres communs, du moins une histoire partagée entre ceux qui ont traversé les mers dans les pires conditions et ces coreligionnaires, les Africains, dont les parents ont pu rester à quai et éviter la déportation. La métropole est le lieu de leur rencontre. Ce cadre est à la fois neutre et lourdement chargé des mobiles portés par la colonisation et par les avatars qui ont fait de ces jeunes antillais ce qu’ils sont, en ce début du xxe siècle.

Il convient alors de remonter aux sources, de détricoter le fil de l’histoire. Il n’y a pas, s’agissant des Antilles et de ses populations, de table rase. C’est cependant ce qu’affirment nombre d’Européens. Une même histoire unit les uns aux autres, Afrique et Caraïbes, du moins dans ses débuts. Ce constat est celui que font les Sénégalais Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon-Gontran Damas. Un écart existe cependant entre eux. C’est celui d’une volonté ou d’une illusion d’intégration beaucoup plus forte aux Antilles, de par son histoire, qu’en Afrique. Ceci lie plus fortement ces insulaires. Elle renforce leur dépendance et le mimétisme face aux valeurs blanches. Les populations africaines, ancrées de tout temps dans un sol et des cultures multiples, sont moins sujettes à ce traumatisme. Ce conflit, ce dilemme est, comme l’indique Césaire, la part propre aux Antillais.

Aimé Césaire participe des premières vagues de ces interrogations :

Personne ne mettait en doute la supériorité de la civilisation européenne, sa vocation de l’universel, personne n’avait honte d’être colonie… Autrement dit, nous étions dans un siècle dominé par la théorie de l’assimilation. Il ne faut pas oublier cela. Ainsi la Négritude c’était pour nous une réaction contre tout cela : d’abord l’affirmation de nous-mêmes, le retour à notre propre identité, la découverte de notre propre « moi ». Ce n’était pas du tout une théorie raciste renversée. La Négritude, c’était pour moi une grille de lecture de la Martinique6.

Son approche ne s’en tient pas à une présentation et à une étude des conditions coloniales comme données naturelles. Césaire et ceux qui l’entourent, dans ces années 1930, exercent une mise à distance. Elle leur permet, à côté des expressions véhémentes mais peu documentées des marronnages coutumiers, de relater les conditions concrètes que suscite le colonialisme. Pour cela ils vont au-delà des clichés. Leur confrontation avec l’Europe change la perception qui était la leur que ce soit aux Antilles ou au Sénégal. Là-bas, les Blancs, quoique représentant le pouvoir et les richesses, sont, somme toute, peu nombreux. De plus ils se tiennent à l’écart dans des quartiers et des banlieues aisés. La fréquentation ne se fait que ponctuellement dans des contextes précis : les mairies, l’école, les bureaux de telle ou telle administration. On pourrait, sinon les ignorer, du moins les éviter facilement :

En ce temps-là, en Guadeloupe, on ne se mélangeait pas. Les nègres marchaient avec les nègres. Les mulâtres avec les mulâtres. Les blancs-pays restaient dans leur sphère et le Bon Dieu était content dans son ciel7.

En France, avant la Seconde Guerre mondiale, il ne peut en être de même. À l’exception de quelques très petites minorités, l’immense majorité est blanche et d’origine européenne. Le marquage par la couleur est objectif. Césaire et ses collègues ne peuvent se dissimuler comme ils pouvaient le faire dans les foules de leurs pays d’origine. À tout moment, et surtout à cette époque où ils ne sont que quelques-uns, ils risquent de susciter l’interpellation ou du moins la curiosité. Le succès de l’Exposition coloniale universelle qui s’est tenu à Vincennes en 1931, un an avant l’arrivée d’Aimé Césaire, est consacré par l’édification d’un Palais des colonies. Elle contribue à cet intérêt pour les personnes originaires d’autres horizons. S’agissant de l’esprit de ces expositions coloniales, Albert Sarraut, ministre des Colonies, précise l’un des principes essentiels qui prévaut officiellement à l’époque :

L’exposition doit constituer la vivante apothéose de l’expansion extérieure de la France sous la IIIe République et de l’effort colonial des nations civilisées, éprises d’un même idéal de progrès et d’humanité8.

La mise en scène de l’exotisme renforce l’attention portée aux distinctions dites raciales sinon le racisme lui-même. La couleur de la peau est, en l’occurrence, le premier signe de repérage, comme l’indique Maryse Condé :

Paris, pour moi, était une ville sans soleil, un enfermement de pierres arides, un enchevêtrement de métro et d’autobus où les gens commentaient sans se gêner sur ma personne – Elle est mignonne, la petite négresse ! Ce n’était pas le mot « négresse » qui me brûlait. En ce temps-là, il était usuel. C’était le ton. Surprise. J’étais une surprise. L’exception d’une race que les Blancs s’obstinaient à croire repoussante et barbare9.

L’illusion entretenue, à la Martinique, depuis l’abolition de l’esclavage, ne tient plus. Les multiples tentatives d’assimilation, fortement teintées du folklorisme des poètes ou des romanciers « doudouistes », tout comme celles de nombreux membres de la bourgeoisie mulâtresse ou noire, sont renvoyées au monde des chimères, à la réalité des rapports hiérarchiques entre Blancs et populations de couleur. Sous peine de s’enfoncer plus encore dans l’aliénation, il est nécessaire de trouver des portes de sortie, des moyens d’exister. L’Afrique et ses évidences dont celle, première, d’une certaine couleur de peau de ses habitants, s’impose ou du moins propose une alternative à l’enfermement dans un monde blanc, le plus généralement indifférent, sinon compassionnel ou hostile. Il convient de prendre acte de cette réalité que la présence en métropole précise, ce que fait l’étudiant Césaire dans les années 1930 :

Dans le monde où je vivais, dans ce pays qui n’était pas le mien, pays que je ne détestais pas, d’ailleurs, mais qui n’était pas le mien, je le sentais bien, où les gens avaient des mœurs particulières, j’ai senti très vite que je n’étais pas un Européen, que je n’étais pas non plus un Français, mais que j’étais un Nègre10.

Paradoxalement, l’auteur du Cahier prend une distance beaucoup plus effective que ne le fera, du moins au début, Frantz Fanon. Cette prise en compte rapide du fait noir, de la Négritude fonctionne comme une dimension qui permet à Césaire de ne pas ou de peu connaître de manière psychosomatique l’aliénation et les illusions de l’intégration dont nombre de « nègres blancs » sont atteints. Il exerce même un regard quasi ethnographique sur les diversités de peuplements dont ceux concernant alors les provinces françaises et ceci d’autant qu’il a trouvé ou retrouvé son histoire et son identité de « Nègre fondamental » !

Le grand trou noir

Ce ressourcement mis en forme littéraire par plusieurs écrivains prend les traits d’une narration discursive et pratique. Elle tente de libérer tant celui qui écrit et compose les textes que les lecteurs potentiels, c’est-à-dire les alter ego de l’auteur, également prisonniers des marquages dus au colonialisme et à l’esclavage. Une Afrique « enchantée », celle des siècles précédant l’arrivée des Européens, en constitue la toile de fond ou du moins l’arrière-scène référentielle. En filigrane ou de manière plus affirmée, elle constitue la référence ultime, la matrice essentielle. Elle occupe d’autant plus cette position que, généralement, une occultation dédaigneuse sinon un dévoiement dans des rêveries à forte teneur exotique lui tiennent lieu de référence. Les Occidentaux – explorateurs, voyageurs, missionnaires, voire ethnologues – développent la thématique d’une grande division entre Culture et Nature. Dans ce schéma, l’Afrique et son histoire relèvent de cette Nature luxuriante mais irréfléchie. Ses habitants sont assignés aux rôles de gardiens d’un stade premier de l’humanité, qui conjuguerait candeur et barbarie.

Ces représentations vont être, d’une certaine manière, reprises par ceux que l’on désignera comme les chantres de la négritude. Mais cette reprise ils la retournent. Leur but est, face à la stigmatisation et à l’humiliation, de présenter une autre vision de leur propre histoire, de casser le silence mortifère qui entoure leur ascendance. L’Afrique dont ils proviennent est plus que riche d’un passé immémorial. Elle devrait pouvoir s’imposer sur la scène de l’humanité tout autant que l’Occident. La traite et l’esclavage ont réduit ses réalisations à des pusillanimités. Les conditions qui prévalent depuis l’essor du colonialisme ont concouru à minimiser les apports et les richesses des multiples peuples et régions du continent africain. Cependant, au fil des recherches archéologiques et anthropologiques cette terre se révélera comme étant le berceau de l’humanité, ce qui n’est pas sans susciter des controverses car elle renvoie l’Europe à n’être qu’un des lieux d’installation ultérieurs de populations migrantes et étrangères.

Ce sont ces éléments que développent, dans les années 1930 et 1940, un certain nombre d’auteurs antillais, africains et nord-américains. Concernant les premiers et aux côtés des Gilbert Gratiant, Étienne Lero ou Paul Niger, Césaire, tout comme ces autres poètes, se réfère tant à la déréliction de leur situation de descendants d’esclaves qu’à une Afrique confrontée au colonialisme et y résistant :

[…] Roulez roulez lourds roulez bas tam-tams délires sans vocable lions roux sans crinière défilés de la soif puanteurs des marigots le soir tam-tams qui protégez mes trois âmes mon cerveau mon cœur mon foie tam-tams durs qui très haut maintenez ma demeure […] tam-tams de Kalaari tam-tams de Bonne Espérance qui coiffez le cap de vos menaces Ô tam-tam du Zululand Tam-tam de Chaka […] Riez riez donc tam-tams de Cafrerie comme le beau point d’interrogation du scorpion dessiné au pollen sur le tableau du ciel et de nos cervelles à minuit comme un frisson de reptile marin charmé par la pensée du mauvais temps du petit rire renversé de la mer dans les hublots très beaux du naufrage11.

Il ne s’agit plus de chanter la douceur des Antilles, les « Isles fortunées » chères à Pierre Ronsard et à toute une littérature relevant d’un doudouisme bon enfant, version locale du régionalisme conjuguant lettres classiques et créolisme.

La négritude se présente dorénavant comme une notion tant théorique que pratique. Ses valeurs visent à une opérationnalité heuristique et pragmatique. Les colonisés n’ont plus à subir l’occultation de leur identité et de leur provenance. Le mépris alimenté par une dévalorisation symbolique et des traitements physiques inhumains ne doit plus avoir cours. Dans un premier temps, il convient de s’appuyer sur une relecture du passé et en particulier sur celui de la traite et des lieux d’origine de leurs ancêtres : l’Afrique. Écrivains, poètes, essayistes redonnent un lustre à ce qui avait été spolié et déprécié, sinon passé sous silence par les intéressés eux-mêmes. Les parents de Maryse Condé ne voyaient de devenir que vers la France. Ils ignoraient ou plutôt voulaient oublier un passé africain dévalué12.

La situation qui prévaut dans les années de l’avant-guerre aux Antilles est marquée par la misère économique et plus encore morale d’un grand nombre. Dans le Cahier d’un retour au pays natal la confrontation de cette réalité du contexte antillais aux multiples facettes, avec celle de la métropole est sans appel. Césaire ne veut taire l’humiliation.

Dans cette ville inerte, cette foule désolée sous le soleil, ne participant à rien de ce qui s’exprime, s’affirme, se libère au grand jour de cette terre sienne. Ni à l’impératrice Joséphine des Français rêvant très haut au-dessus de la négraille. Ni au libérateur figé dans sa libération de pierre blanchie. Ni au conquistador. Ni à ce mépris, ni à cette liberté, ni à cette audace13.

En opposition à cette situation il en appelle à la Mère Afrique, aux qualités intrinsèques de ses enfants :

[…] Mais ils s’abandonnent, saisis, à l’essence de toute chose ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde aire fraternelle à tous les souffles du monde lit sans drain de toutes les eaux du monde étincelle du feu sacré du monde chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !

De telles envolées ne peuvent que dire la souffrance présente, celle du « nègre blanc » pris dans les rets de l’inexistence. Elle invite à aller au-delà de la plainte : « Accommodez-vous de moi. Je ne m’accommode pas de vous14. » Elle s’inscrit dans le contexte social, dans des enjeux et des perspectives aptes à transformer les situations imposées. Césaire constate sinon espère que « la vieille négritude progressivement se cadavérise15 ». En opposition avec cette négritude antérieure lourde des douleurs et des résignations le poète exprime, avec force, dans les Armes miraculeuses, titre plus qu’explicite, ses intentions, celles de « pousser d’une telle raideur le grand cri nègre que les assises du monde en seront ébranlées ».

Dorénavant une autre approche que celle qui a longtemps prévalu dans les Antilles, chez les populations colonisées s’élabore. Se retrouvent autour de cette nouvelle perspective, celle de la négritude en premier lieu, les rédacteurs de L’Étudiant noir et plus particulièrement Césaire, Senghor, Diop, Ménil. Proches mais moins impliqués, les Monnerot et les Léro de Légitime défense adhèrent à ces références à la civilisation africaine et aux liens qui unissent les Antillais à ce continent tout en mettant en avant des thèses plus sociales et politiques. En fait, une ligne de fracture se met en place. Elle distingue d’une part ceux-là pour lesquels la négritude a une composante d’abord culturelle, littéraire et civilisationnelle et d’autre part ceux-ci, les tenants d’une négritude inscrite et porteuse de valeurs sinon marxiennes du moins fortement reliées aux mouvements politiques de l’époque dont ceux des luttes anticoloniales. À l’évidence la réalité des positions est plus complexe que voudrait l’affirmer cette typologie. Césaire en est un bon exemple. Ses poèmes frappent par leur radicalité et par leur appel à la violence, condition de libération pour l’ancien esclave. Toutefois ce dernier se méfie de théorisation excessive. Senghor resitue le contexte de cette émergence. La négritude, telle qu’ils l’ont envisagée dans les années 1931-1935,

est projet et action. Elle est projet dans la mesure où nous voulons nous fonder sur la Négritude traditionnelle pour apporter cette contribution à la Civilisation universelle. Elle est action dans la mesure où nous réalisons concrètement notre projet dans tous les domaines, singulièrement, dans les domaines de la littérature et des arts16.

En 1948, Jean-Paul Sartre écrit une longue préface à un ouvrage, recueil de poèmes, intitulé : Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française. Ce texte paraît sous le titre de « Orphée noir », référence à la mythologie grecque. Il est pris, ici, dans sa relation avec la question noire. C’est-à-dire dans la mesure, plus ou moins explicite, où s’opère un retour sur soi, une descente endoréique, celle des descendants d’esclave penchés sur leurs origines et les recompositions ultérieures de leurs personnalités. Dans cet essai Sartre analyse les raisons qui conduisent les poètes noirs, plus que leurs contemporains blancs, à exprimer avec force et talent leurs conditions et leurs attentes. Pour lui le prolétariat européen est trop inséré. Il est dépendant d’un monde réformiste où, malgré tout, les revendications des plus démunis peuvent, un jour, se réaliser. Dans cet univers prévalent des enjeux économiques, politiques et institutionnels plus que des valeurs proprement culturelles et anthropologiques. S’appuyant sur les nombreux auteurs dont, en grand nombre, des ressortissants des territoires d’outre-mer ou des ex-colonies françaises dont Césaire, Damas et Senghor, l’auteur de l’Être et le néant explicite les raisons de cette récurrence épistémique qui traverse leurs écrits dès les années 1930. L’oppression dont se font l’écho ces poèmes n’est que l’évidente réalité à laquelle ces populations sont confrontées, celle du colonialisme, de sa morgue raciste et de ses injustices flagrantes. Le poète a travaillé cette réalité tenant à la couleur de sa peau.

Le nègre ne peut nier qu’il soit nègre ni réclamer pour lui cette abstraite humanité incolore : il est noir. Ainsi est-il acculé à l’authenticité : insulté, asservi, il se redresse, il ramasse le mot de « nègre » qu’on lui a jeté comme une pierre, il se revendique comme noir, en face du blanc, dans la fierté17.

De plus il a dû savoir forger les mots pour l’exprimer au travers même des embûches de la langue qu’il doit utiliser, celle du colon.

La référence ou plutôt l’immersion dans cette quête, celle à laquelle a été donné le nom de négritude, est la condition nécessaire pour se réinscrire dans l’universalisme. La négritude est le moment dialectique où l’homme noir peut retrouver son humanité, délivré des corsetages et des stigmatisations dus au colonialisme. Le statut d’ancien esclave perd de sa prétention, ne se présente plus que comme une marque indélébile.

Les sens à donner au terme de négritude alimentent des débats qui ne cessent de s’imposer, en particulier dans les années de l’après-guerre, autour de la revue Présence africaine, ou qui réémergent et continuent à interpeller la position du colonisé ou du postcolonial noir. Selon les époques, le terme semble obsolète. C’est contre cette appréhension que s’élèvent ses pères tutélaires. En 1961, dans le contexte de la décolonisation, de l’esprit d’indépendance au-delà des tensions entre régimes de l’Est ou de l’Ouest et contre toute idée essentialiste négriste ou raciste, un discours de Senghor s’en fait l’écho :

Non, le problème de la Négritude n’est pas dépassé […] Nous avons à défendre un certain nombre de valeurs culturelles, qui sont nécessaires au monde : le don de l’émotion à la chaleur au monde, le don de l’image et du rythme, le don de la forme et de la beauté, le don de la démocratie et de la communion18.

Césaire, plus de vingt ans après, en 1987 lors d’un colloque répond aux critiques récurrentes quant à ce que fut la négritude et aux raisons de cette démarche :

[…] recherche de notre identité, affirmation de notre droit à la différence, sommation faite à tous d’une reconnaissance de ce droit et du respect de notre personnalité communautaire […] Je vois que certains s’interrogent de temps en temps sur la Négritude. Mais, en vérité, ce n’est pas la Négritude qui fait question aujourd’hui. Ce qui fait question, c’est le racisme ; c’est la recrudescence du racisme dans le monde entier […] Nous sommes de ceux qui refusent d’oublier. Nous sommes de ceux qui refusent l’amnésie même comme méthode. Il ne s’agit ni d’intégrisme, ni de fondamentalisme, encore moins de puéril nombrilisme. Nous sommes tout simplement du parti de la dignité et du parti de la fidélité ; je dirai donc : provignement, oui ; dessouchement, non19.

En 2004, lors d’un entretien avec Françoise Vergès, il affirme ce qui est l’une de ses idées-forces : « Nègre je suis, nègre je resterai. » On ne peut nier à l’auteur du Cahier une persévérance et des convictions indéniables sinon roboratives nonobstant les critiques récurrentes.

René Ménil, un compagnon des premiers écrits, collaborateur à Tropiques, n’approuve pas l’angle adopté :

La Négritude […] c’est une doctrine politique qui sera élaborée à partir de la prise de conscience raciale par des intellectuels issus de la petite bourgeoisie coloniale dans le but de résoudre, dans la perspective de cette petite bourgeoisie, les problèmes posés par la lutte de libération dans les colonies françaises à l’époque de l’écroulement de l’impérialisme et de la montée du socialisme, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale20.

Pour ce dernier, la négritude a une dimension politique qui ne correspond pas aux développements que lui ont donnés Senghor et partiellement Césaire, qui accentuent ses dimensions rurales, son solidarisme de race, son insertion dans l’économie néocoloniale. En marxiste il n’envisage la négritude que dans une relation étroite avec les luttes de classe. C’est dans un même registre que se situe René Depestre. Ce poète haïtien critique, dans Bonjour et adieu à la négritude, une approche éloignée des nécessaires implications sociopolitiques, tout en distinguant les positions de Senghor, les plus essentialistes, de celles de Césaire21. Ce dernier répond en appelant aux révoltes et au passé-présent anti-esclavagistes :

Se peut-il que les pluies de l’exil aient détendu la peau de tambour de ta voix marronnerons-nous Depestre marronnerons-nous22 ?

La Seconde Guerre mondiale accélère la remise en question. La défaite de la France en 1940, les difficultés de la Grande-Bretagne, les victoires momentanées du nazisme et de ses thèses xénophobes et racistes contribuent au déclin, à terme, des empires européens. Cette fragilisation, malgré le sursaut et la victoire face au nazisme, rencontre plus qu’un écho. Elle signifie, pour les populations colonisées, dans ces années de l’après-guerre, une révision des perceptions de leurs destinées et ceci même pour les plus modérés.

Aux Antilles, pour l’heure, la situation est paradoxale. Les acquis, a priori incontestables, de l’abolition de l’esclavage et de l’acquisition du statut de citoyen français et ce depuis près d’un siècle suscitent de plus en plus de réinterpellations. La relative quiétude des décennies passées, du moins pour les couches moyennes, apparaît, maintenant, comme moins évidente. Elle l’était déjà pour les hommes et les femmes libérés certes du joug de l’esclavage mais connaissant maintenant le sort peu enviable qui est celui de la paysannerie pauvre et du prolétariat.

Pour ceux qui se sont confrontés à cette réalité dans la métropole, ce qui est, entre autres, le cas d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon, s’associe le choc des attentes et des désillusions. Le Cahier d’un retour au pays natal en est l’expression la plus marquante. De retour à la Martinique, le normalien prend, en 1940, un poste de professeur de français au lycée de Fort-de-France. Pendant les années sombres qu’il vit sur son sol natal, l’expression de sa résistance se formule, en particulier, par le biais de l’écriture. Avec quelques compatriotes, dont René Ménil, Aristide Maugée, Suzanne Roussi épouse Césaire, il participe à la mise sur pied d’une revue. Elle s’intitule Tropiques, revue culturelle. Le premier numéro paraît en avril 1941. L’éditorial dénonce, sous la plume de Césaire, tant la situation des Antilles que le racisme éhonté auquel elles sont confrontées. Il se réclame de « ceux qui disent non à l’ombre23 », dans ces années ténébreuses, ainsi que d’un humanisme apte à contrer le totalitarisme. Parallèlement, sinon en symbiose, l’influence de courants littéraires dont celui du surréalisme est patente. André Breton, fuyant l’Occupation et en route vers les États-Unis, découvre avec stupeur et admiration la revue Tropiques ainsi que des écrits de Césaire dont le Cahier. Il donne, sous le titre « Un grand poète noir », une préface à cet ouvrage, laquelle se termine par la phrase suivante : « La parole d’Aimé Césaire, belle comme l’oxygène naissant. »

  • *.

    Socio-anthropologue, il travaille actuellement sur une biographie croisée de Césaire et Fanon, qui paraîtra prochainement aux éditions des Belles Lettres. Voir son précédent article : « Syndrome postcolonial », Esprit, janvier 2006.

  • 1.

    Légitime défense, « Éditorial », dans Lylian Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, Paris, Karthala, 2001.

  • 2.

    L. Kesteloot, Anthologie négro-africaine, Verviers, Marabout, 1967, p. 77-78.

  • 3.

    Édouard Glissant, le Discours antillais, Paris, Gallimard, 1997, p. 738.

  • 4.

    Aimé Césaire, « Nègreries, jeunesse noire et assimilation », L’Étudiant noir, no 1, 1935, dans Georges Ngal, Aimé Césaire, un homme à la recherche d’une patrie, Paris, Présence africaine, 1994.

  • 5.

    A. Césaire, Et les chiens se taisaient, Paris, Présence africaine, 1956.

  • 6.

    A. Césaire dans Dominique Combe, Aimé Césaire, études littéraires, Paris, Puf, 1993.

  • 7.

    Maryse Condé, le Cœur à rire et à pleurer. Souvenirs de mon enfance, Paris, Laffont, 1999, p. 62.

  • 8.

    Charles-Robert Ageron, « L’exposition coloniale de 1931. Mythe républicain ou mythe impérial ? », dans Pierre Nora (sous la dir. de), les Lieux de mémoire (t. 1), Paris, Gallimard, 1984, p. 561-591.

  • 9.

    M. Condé, le Cœur à rire et à pleurer…, op. cit., p. 113-114.

  • 10.

    A. Césaire dans Patrice Louis, Rencontre avec un Nègre fondamental, Paris, Arléa, 2004, p. 28.

  • 11.

    A. Césaire, « “Ex-voto pour un naufrage” Soleil cou coupé », dans Léopold Sédar Senghor, Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, Paris, Puf, 1948, p. 80.

  • 12.

    M. Condé, le Cœur à rire et à pleurer…, op. cit., p. 18.

  • 13.

    A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal [1939], Paris, Présence africaine, 1983, p. 10.

  • 14.

    Ibid., p. 33.

  • 15.

    Ibid., p. 60.

  • 16.

    L. Sédar Senghor, Liberté V, Paris, Le Seuil, 1993, p. 7.

  • 17.

    Jean-Paul Sartre, « Orphée noir », dans Situations III, Paris, Gallimard, p. 237.

  • 18.

    L. Sédar Senghor, Liberté IV, Paris, Le Seuil, 1983, p. 50-51.

  • 19.

    A. Césaire, Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine, 2004, p. 89-91.

  • 20.

    René Ménil, « Sens et non-sens », dans Antilles déjà jadis, Paris, Jean-Michel Place, 1999, p. 66.

  • 21.

    René Depestre, Bonjour et adieu à la négritude, Paris, Laffont, 1980.

  • 22.

    A. Césaire, « Le verbe marronner » [1955], dans Aimé Césaire. La poésie, Paris, Le Seuil, 1994, p. 481.

  • 23.

    A. Césaire, Présentation, « Tropiques », no 1, dans Tropiques 1941-1945, Paris, Jean-Michel Place, 1978, p. 6.

 

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