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« Aimé CESAIRE, le Nègre universel » de David ALLIOT

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES
« Aimé CESAIRE, le Nègre universel » de David ALLIOT

Il s’agit d’une biographie synthétique que l’auteur David Alliot a rédigée à partir de certaines sources inédites, avec la volonté de mettre en regard les différents éléments historiques et culturels permettant de mieux cerner l’apport qui est celui de Césaire. Le lecteur pourra, par ailleurs, approfondir le lien existant entre sa vie, son combat politique et l’édification de son œuvre. Cet ouvrage est riche en renseignements sur des points clés. Outre une lecture guidée de la lettre écrite par Césaire à Thorez lors de sa démission du Parti communiste français, l’auteur nous invite, notamment, à faire avec lui l’exégèse du Cahier du retour au pays natal, dans sa première version (conservée à l’Assemblée nationale).

La biographie fourmille aussi de renseignements qui retiennent l’attention. Le saviez-vous? On note une constante chez Césaire, sa façon de retravailler sans cesse ses écrits et d’intégrer dans un recueil des poèmes au départ isolés, quitte à en changer la composition, ce qui ne permettait pas, de son vivant, une véritable édition définitive de ses œuvres. On ne compte pas moins de neuf variantes du Cahier.

Il faut savoir aussi que de nombreux autographes du poète ont disparu car ils ont été vendus à des particuliers. C’est le cas d’un exemplaire d’épreuves avec manuscrits du Cahier d’un retour au pays natal, éditions Bordas, 1947, intercalé entre les variantes V et VI, dédicacé à l’auteur brésilien Mario de Andrade et contenant de nombreuses modifications, ajouts et remaniements. David Alliot fait remarquer que l’acheteur étant anonyme, il n’est donc pas possible de connaître la genèse de l’édition en date de 1956.

Depuis 1992, l’Assemblée nationale possède la version originelle du Cahier d’un retour au pays natal de Césaire. On la croyait disparue. Ce tapuscrit (seules quelques pages sont écrites à la main) montre l’évolution du travail exécuté sur l’écriture. Ainsi un célèbre passage « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir » était, au départ, la suivante : « Ma bouche sera la bouche des misères qui n’ont point de bouche, ma voix la liberté de celles qui pourrissent au cachot du désespoir. » Ce précieux document est accompagné d’une lettre inédite, en date du 28 mai 1939, adressée par Césaire (26 ans) à son éditeur Georges Pellerson de la revue Volontés, dans laquelle il lui dit concernant le Cahier : « J’ai modifié la fin dans le sens que vous m’avez indiqué. Plus vertigineuse et plus finale, je crois. »

Cette biographie consacrée par David Alliot à Aimé Césaire est incontournable pour ceux qui voudraient découvrir le Nègre universel mais également pour ceux qui le connaissent déjà car ils y apprendront sans aucun doute des détails, qu’ils ignorent

Marie-Noëlle RECOQUE  DESFONTAINES

Deux questions posées à David ALLIOT

Marie-Noëlle RECOQUE : Dans quelles circonstances des manuscrits de Césaire ont-ils pu être conservés à l’Assemblée nationale ? Je veux parler des œuvres littéraires, notamment un manuscrit du Cahier d’un retour au pays natal.

David ALLIOT : Ce manuscrit est une merveille conservée à la bibliothèque de l’Assemblée nationale. Il a été acheté à un libraire d’autographes, qui lui-même l’avait acheté à des particuliers à la fin des années 80 et il est bien conservé. C’est la version la plus ancienne connue du Cahier, il y a des ratures, des ajouts, des corrections, des passages supprimés, ce qui laisse entrevoir comment Césaire travaillait ses poèmes. Sa façon de créer se révèle passionnante. J’étudie d’ailleurs d’autres manuscrits.

M-N R. : Vous attirez l’attention dans votre ouvrage sur le fait que l’étude des manuscrits de Césaire est primordiale pour la compréhension de la genèse de son œuvre mais que cette dernière n’en est qu’à ses balbutiements. Pourquoi ? Que faudrait-il pour qu’elle soit rendue possible ?

D.A. : Pour qu’il y ait une étude des manuscrits, il faut qu’il y ait un marché de bibliophiles ou de collectionneurs. Pour la simple raison qu’un papier qui n’a aucune valeur marchande est jeté et disparaît. Jusqu’à une date très récente Aimé Césaire n’avait pas une grande valeur bibliophilique et l’on pouvait acheter des autographes, des éditions rares et/ou signées pour une bouchée de pain. Par ignorance ou par préjugé, le marché n’existait pas. Le tapuscrit du  Cahier d’un retour au pays natal a été acheté par la bibliothèque de l’Assemblée nationale à peu près 1300 euros (8000 francs) en 1992. Ce qui est dérisoire pour un texte de cette ampleur. Mais les choses changent et la cote de Césaire grimpe. Très vite même. Du coup, les manuscrits commencent à sortir des tiroirs. Ce qui permet de les étudier au passage. Maintenant il faut que les organismes bibliothèques et les archives, (nationales, régionales, départementales, etc.) les préemptent pour que ces documents littéraires et historiques puissent rejoindre définitivement les collections publiques. Et deviennent le patrimoine de tous.

Propos recueillis par Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

 

 

 

 

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