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Arundhati ROY « Ben Laden secret de famille de l’Amérique »

Marie-Noëlle RECOQUE-DESFONTAINES
Arundhati ROY « Ben Laden secret de famille de l’Amérique »

Arundhati ROY est une écrivaine indienne. Son roman « Le Dieu des petits riens », best-seller international,  a obtenu en 1997, le prestigieux Booker Prize. Un mois seulement après l’attaque du World Trade Center de New York en 2001, elle publie un pamphlet intitulé « Ben Laden secret de famille de l’Amérique dans le journal  Le Monde.

 

Rappel : Le 11 septembre 2001 se produit une improbable tragédie dont les images fascinantes passant en continu sur les chaînes télévisées marquent  tout autant les imaginations que les consciences. A  8h46 du matin le vol 11 d’American Airlines s’encastre dans la tour Nord du World Trade Center au sud de Manhattan. A 9h02, le vol 175 d’United Airlines s’écrase contre la tour Sud. 25 000 personnes évacuent les tours percutées. Vers 10h28, les deux tours s’écroulent faisant 2973 victimes. Les États-Uniens  découvrent l’organisation islamiste Al Quaida en même temps que leur vulnérabilité sur leur propre territoire.  Et ce n’est plus du cinéma comme dans le film (jugé prémonitoire) d’Edward Zwick sorti en 1998, sous le titre « Couvre feu » en français. Les acteurs Denzel Washington et Bruce Willis n’auront pas à intervenir pour contrer ces attaques meurtrières. Comme souvent la réalité a dépassé la fiction.

 

Dans ce contexte inédit Arundhati Roy fait entendre une voix discordante. La romancière indienne dénonce, tout à trac, la guerre menée par les Etats-Unis en Afghanistan, « un des pays les plus sinistrés qui soit ». Elle condamne les attentats du 11 septembre tout en insistant sur la part de responsabilité du président G.W. Bush, dont Ben Laden serait, dit-elle, « le jumeau sauvage » : le fameux secret de famille qu’elle entend dévoiler. Elle s’explique : « Aucun ne se prive d’invoquer Dieu et d’employer un lexique millénariste où ont cours les notions de Bien et de Mal. Ils sont tous les deux impliqués dans des crimes politiques sans ambiguïté, tous les deux armés jusqu’aux dents – l’un avec l’arsenal nucléaire des puissants qui ne redoutent pas l’obscénité, l’autre avec le rayonnement destructeur des cas les plus désespérés. »

Par ailleurs Arundhati ROY se dit persuadée que la violence ne permettra pas d’en finir avec le terrorisme, qui n’est que le symptôme d’une maladie à éradiquer. Selon elle, la globalisation économique orchestrée par les occidentaux, génère des frustrations et des mécontentements dans les pays où les pauvres savent, par le truchement de la télévision, ce que signifie être riche. Les fondamentalistes n’ont aucune difficulté à enrôler des militants radicaux.

Arundathi ROY stigmatise également la propension des gouvernants états-uniens à faire preuve d’une partialité abjecte au détriment de plus démunis. Elle donne pour exemple, la réponse faite, en 1996, par Madeleine Albright (alors ambassadrice des USA, à l’ONU) concernant la mort des enfants iraquiens à la suite du blocus économique américain - la réponse étant la suivante : « nous pensons que le prix en valait la chandelle. »

 L’auteur rappelle aussi que ce sont les Américains eux-mêmes, par l’intermédiaire des manœuvres occultes de la CIA, qui ont recruté, formé, armé des milliers d’extrémistes musulmans en Afghanistan, pour les utiliser comme cheval de Troie afin d’ébranler l’Union Soviétique. Le Saoudien Ben Laden y a d’ailleurs fait ses premières armes et créé son organisation Al Quaida, rendant possibles les attentats du 11 septembre.

Le 12 novembre 2001, Arundathi ROY est  invitée à La Sorbonne, afin d’y recevoir le Prix de l’Académie Universelle. Didier Jacob du Nouvel Observateur, le 29 novembre 2001, rend compte de sa visite qualifiée de « mouvementée ». L’écrivain Elie Wiesel (Président de cette Académie) - qui porte sur son front, comme un chapeau, nous dit le journaliste, toute la douleur du monde - sermonne gravement la jeune indienne dont les prises de position et le pamphlet ont soulevé un tollé chez nombre d’intellectuels. Mais Arundhati Roy en a vu d’autres, déjà, en 1999, elle déclarait : « J’ai entendu tellement de choses blessantes à mon sujet. Et les gens de mon pays ont été si souvent humiliés au cours des derniers siècles ». Et de parler du sentiment d’écœurement total éprouvé face « à la condescendance, à l’hypocrisie, à la partialité manifestée par les pays occidentaux » à l’annonce de la série d’essais nucléaires que l’Inde avait effectuée. Ces non-Blancs, insinuaient-ils,  seraient –ils « capables de gérer la possession de la bombe ? » Et Didier Jacob de noter que sans doute nombreux sont  « les grands bourgeois de la pensée » qui doutent  qu’Arundhati Roy, femme, Indienne et romancière de surcroît, soit « capable de gérer la possession de la morale »

Activiste en faveur de l’écologie, des droits de l’Homme et de l’alter mondialisme, Arundhati Roy a publié de nombreux essais (son second roman est paru cette année, 20 ans après le premier et intitulé Le ministère du bonheur suprême). Elle est très critique à l’égard de son pays, où elle vit et milite, l’Inde.

    Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

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