Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Aude-Emmanuelle Hoareau, de l’autre côté de la vie

Aude-Emmanuelle Hoareau, de l’autre côté de la vie

Aude-Emmanuelle Hoareau est passée de l’autre côté du miroir. Elle a « dé-sauté » la vie, à 39 ans. Elle nous laisse en héritage l’image d’une Réunionnaise engagée pour la « pensée créole réunionnaise », une « pensée créole », une « pensée an galé ». Docteur en philosophie, poète, écrivain (lauréate du Prix de la Nouvelle de l’Océan Indien et Prix du Roman du Grand Océan 2004), elle enseignait l’Esthétique à l’école supérieure d’art de La Réunion. « 7 Lames la Mer » lui rend hommage en publiant des extraits de sa contribution au « Manifeste pour une pensée créole réunionnaise » qu’elle avait dirigé en 2011. « Nou lé kapab majine, kalkil, viv an Rényoné ».


Esclavage : « souffrances enfouies, névroses collectives »


Plonger au cœur de la pensée créole réunionnaise, c’est d’abord explorer les tréfonds d’une histoire marquée par l’esclavage, l’engagisme et la colonisation, et dont on peut tirer de multiples enseignements. (...)

Nous sommes tous, en tant que Réunionnais, concernés par l’histoire de l’esclavage, qui fut trop longtemps étouffée, que nous avons refoulée et qui nous a gangrénés, conduits parfois à la névrose identitaire. Cette occultation a aussi empêché la société réunionanise de dépasser un de ses plus profonds tabous : la mise au ban du Kaf et son maintien au bas de l’échelle sociale. (...)

Quelles traces reste-t-il de l’esclavage dans notre société... et dans l’humanité d’aujourd’hui ? Selon nous, il reste de l’esclavage des souffrances enfouies, des névroses collectives comme déni d’une histoire douloureuse et qui ressort sous forme de mal-être et parfois de violences, ou encore des inégalités sociales qui persiste. C’est ce que nous considérons comme la part sombre de la batarsité, constitutive de l’être réunionnais. (...)


Pensée créole, pensée an galé...


Oser la pensée créole, une pensée an galé... La pensée créole, qui s’incarne dans un plongeon vers une réalité lourde de sens, n’en est pas moins source de créativité. L’envol est aussi possible, pour peu que l’on ose penser. Or, penser, n’est-ce pas un interdit qui pèse depuis toujours sur les membres de la société réunionnaise ? (...)

La pensée créole réunionnaise, c’est aussi un regard décalé, posé sur le réel, un regard enchanteur, empreint de magie, de mystère, qui ressaisit les grands événements de son histoire, pour en tirer la substance fabuleuse. N’ayons pas peur des morts : il existe une mythologie créole. (...)

La langue créole réunionnaise est ici plus qu’un simple moyen de communication. Elle traduit l’âme d’un peuple toujours en alerte, un peuple qui ne se repose jamais. (...)

Sommes-nous à La Réunion des protecteurs de la différence, ou simplement un emblème folklorique de « diversité bien digérée » ? L’idéal ne serait-il pas, qu’en tant que Créoles Réunionnais, nous prenions en main la différence, que nous la cultivions, la protégions, en fassions un joyau ? (...)

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.