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Aurélie Jean – Sciences et Covid-19 : « Lost in translation »

Aurélie Jean ("Le Point")
Aurélie Jean – Sciences et Covid-19 : « Lost in translation »

CHRONIQUE. Face à la crise sanitaire, la vulgarisation scientifique est l’une des clés du problème.

C'est aux propos troublants du président de la République sur les « 66 millions de procureurs » de notre pays, que l'acteur français Niels Arestrup a répondu lors d'une récente interview sur France 2. Avec un certain calme et une analyse pertinente, il a souligné, au contraire, l'absence de considération envers ces 66 millions de victimes à qui on ne parle pas, ou plutôt à qui on parlerait mal. En cause selon lui, les politiques et les scientifiques. À la crise sanitaire et économique s'ajoute aujourd'hui une crise de communication, que seule la vulgarisation scientifique accompagnée d'une certaine générosité pourra résoudre. Et ainsi éviter de perdre encore davantage les Français déjà fortement désemparés.

Cette crise est complexe et anxiogène. En cela, une traduction intelligible de la situation est délicate, pour ne pas dire douloureuse dans son émission, mais aussi dans sa captation. Les scientifiques et les dirigeants politiques ont peu de temps pour parler et sont sous pression, et les Français sont impatients, contrariés et stressés. Et pourtant c'est possible, comme l'a déjà démontré Olivier Véran et dont les explications claires, précises et illustrées avaient fait à l'époque l'unanimité, ou encore bon nombre de médecins sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie. Au risque de contrarier la communauté scientifique et les dirigeants politiques, on communique mal, pas assez ou beaucoup trop, avec une grammaire souvent mal maîtrisée chez les dirigeants, et trop complexe chez les scientifiques. La vulgarisation scientifique est l'une des clés du problème.


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Il n'y a pas de question stupide

La vulgarisation scientifique, pourtant noble dans bon nombre de pays, est paradoxalement souvent malmenée dans le pays de Molière, quand elle n'est pas ou peu valorisée dans les carrières. Le mot lui-même est relativement repoussant, et s'oppose en cela au terme anglais pop sciences. La loi de programmation pluriannuelle de la recherche fait un premier pas en encourageant les chercheurs à contribuer pour le grand public. Les dirigeants politiques quant à eux doivent être davantage formés à l'art de la pédagogie loin de tout discours à des fins politiques. Mais aussi être formés scientifiquement et technologiquement, en espérant un jour tout de même avoir un scientifique à la tête du pays. Les dirigeants politiques doivent également passer du temps en amont avec les scientifiques, les écouter plus souvent pour maîtriser les concepts et le langage, et ne pas attendre qu'une crise l'impose.

Au risque de paraître naïf, on admettra qu'il n'y a pas de mauvaise interrogation ou de question stupide. Mais au contraire, des réponses bancales, mal articulées ou encore condescendantes. Croire que les Français ne sont pas capables de comprendre est une erreur, voire une maladresse déconcertante. Pour reprendre les propos du professeur Richard Feynman, Nobel de physique qui aimait démocratiser les sciences, il faut toujours savoir expliquer les choses simplement.

Le même Richard Feynman disait fréquemment que pour apprendre quelque chose il fallait l'expliquer. Tout compte fait, cette perte de sens dans la traduction scientifique et politique est peut-être une bonne nouvelle. L'occasion d'apprendre… et de retenir !

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