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Guadeloupe paysages urbains :

Aux arbres citoyens !

Notre amour pour notre pays est à l'image des symboles que nous semons
Aux arbres citoyens !

Notre amour pour notre pays est à l'image des symboles que nous semons.

Par exemple, regardez comment nos arbres de ville sont traités par les exécutants de projet touristico-paysagers...

A Marsinville Grand-Camp, quartier Prestige/After+, une rangée de filaos n'a jamais repris après leur sommaire décapitation. Les troncs bagdadisés sont restés là, debout sans vie, à sécher et s’effriter. Et ce n'est pas le seul endroit où la guillotine de l'an neuf a remplacé le soin affectif. Du travail en moins – œuf corse – pour les exécuteurs super-outillés de ces horreurs et leurs commanditaires de Maires.

Et le peuple anesthésié qui s'en-va-t-au-boulot ne dit mot devant l’outrage au végétal passif. Plus loin, vers l'annexe mairie-police de Grand-Camp, une rangée d'acacias subit sa mutilation bi- ou tri-annuelle, comme en témoignent les nœuds-bobos sur leurs troncs.

A Raizet, même calvaire anti-vert style Verdun. Les troncs alignés en quadrillage portent tout leur long de grosses traces cicatricielles, comme chéloïdes d'excisions non recousues sur ces pauvres hères-arbres mutilés comme pour rejouer sévices d'esclavage.

On reste perplexe, comme devant quelque sourde vengeance reportée sur la nature.

Ecoute bûcheron,
arrête un peu le bras...

Et l'arbre sans se plaindre,
s'en fout et reverdit.

Bel modèle de résilience. ..

A Bangouville-sur-mer, le style change - autre équipe de bras sans doute. Moins de ces plaies béantes ou moignons-mongongnons bédé-birassiques qu’en Abymes, mais sous-France autrement : amandiers platanisés à la Parisienne, et toutes essences forcées par les tailleurs de pierre à sembler parasols de Montmartre ou d'Alésia. Êtres qu'on nous dit par ailleurs numérotés et enregistrés en mairie sur ordinateur.

Hélas, le long du parcours bord l'en-mer à Lauricisque, on vient de dégarnir sciemment des palmiers royaux de leur couronne, laissant chaque fois au sommet le cigare nu et son lépluche, et quelques feuillures pour koala...

Has been ou pas, si vous avez aimé le Lycée Carnot et ses célèbres pieds-mango centenaires, sachez que ces derniers ont subi l'assaut brigand d'une troupe de tronçonneurs fous. Catastrophe au patrimoine - mais que faisaient ce jour-là le concierge et son boss? Paraîtrait-il que les tortionnaires étaient en état de bière-ébriété lorsqu'ils se sont présentés il y a 3 ans, au nom du Conseil Régional, pour accomplir leur basse-œuvre.

Signalons pour finir, simplement, à la jeunesse si les profs dorment, que chaque tite-feuille de pied-bois qu'on laisse tranquille produit son quota d’oxygène actif toute la sainte journée, et que cette chlorophylle nous débarrasse d'un ti-peu plus de gaz d'échappement des voitures toxiques.

En attendant le système régulé de transport en commun - ou le bateau-navette - qui vont freiner la marche de la pollution automobile perso, respectons donc nos dépollueurs vivants.

En tout état de cause, avant de massacrer vengeusement sous prétexte d'élaguer, si c'est votre plan de carrière et que finesse vous fait défaut, faites-vous donc offrir par votre édilité un module de stage Jardin Zen, à Kyoto !

Là -bas, à la moindre coupe, on soigne l'harmonie du coup de lame, on panse la plaie d'un baume, protégeant du coup la sève du pied de bois comme l'œil du bien-voyant.

J.S. Sahaï

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