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Békés : la récidive permanente

Békés : la récidive permanente

   Tous ceux qui estiment qu'une forme de réconciliation avec les Békés est nécessaire, un peu sur le modèle de ce qui s'est passé en Afrique du Sud c'est-à-dire après une longue et implacable étape "VERITE" qui précédera obligatoirement l'étape "RECONCILIATION", doivent être une nouvelle fois découragés et on les comprend. En effet, à intervalles réguliers, un Béké se met à faire une déclaration publique  dans laquelle le fracassant le dispute à l'odieux, ruinant ainsi les efforts des tous ceux et toutes celles qui, sans aucunement nier ou gommer l'abominable passé esclavagiste, cherchent à faire advenir une Martinique dans laquelle les relations raciales seront plus apaisées.
 

   Il y a eu d'abord ce vieux Béké qui, sur une chaîne de télé de l'Hexagone, a reproché aux familles non-békés d'avoir des enfants de diverses couleurs alors que dans les familles békées tout le monde a la même couleur, chose qui pour lui est un bien. L'odieux ici est immédiatement palpable : si la grande majorité de Martiniquais est composée de gens de nuances de peau différentes, parfois très différentes, souvent au sein de la même famille, c'est parce que les colons blancs créoles ont allègrement forniqué, par la contrainte, avec les femmes africaines esclaves. La faute__si faute il y a, pour rester dans la logique de ce vieux Béké__est due aux...Békés eux-mêmes. Donc un Béké reproche aux non-Békés quelque chose dont sa caste est elle-même responsable !!!
   Il y a eu ensuite, ce Béké, dirigeant d'une association "réconciliationiste", mais pas du tout adepte de la "VERITE D'ABORD", qui a déclaré que les "engagés" ou "36 mois" c'est-à-dire ces Blancs pauvres venus de France pour travailler dans les champs de canne aux côtés des esclaves noirs, étaient plus maltraités que ces derniers. Là aussi, on atteint le comble de l'odieux car d'une part, les esclaves furent amenés de force aux Antilles alors que les "engagés"  blancs signaient, de leur plein gré, un contrat de travail de 36 mois, contrat au terme duquel ils se voyaient attribuer un bout de terre, chose qui leur permettait de devenir békés à leur tour et donc d'acheter des esclaves. Affirmer donc que les "engagés" étaient traités de pire façon que les esclaves n'est rien d'autre qu'une grave insulte à la mémoire de ces derniers.
   Il y a ces jours-ci, sur un réseau social bien connu, un Béké qui écrit, le jour de la fête des pères, qu'il souffre de l'absence de son père lequel est décédé en février 2009 parce qu'à cause de la grande grève qui avait paralysé la Martinique durant un mois, ce dernier n'avait pas pu suivre sa chimiothérapie. On reste stupéfait devant pareille ineptie. A moins que ce ne soit une énième provocation gratuite. Car enfin, si, le pays étant paralysé par une grève, un Béké n'a pas les moyens d'aller continuer à se faire soigner à Miami ou à Paris, quid de Ti Sonson, atteint d'un cancer, et qui vit à Macouba ? Quid des centaines de cancéreux, anciens ouvriers agricoles de la banane ou des personnes vivant à proximité des bananeraies, tombés malades à cause de l'usage du chlordécone durant 30 ans, pesticide interdit aux Etats-Unis qui en était le fabricant, mais importé et utilisé par certains Békés qui l'ont fait fabriquer au Brésil ? Notre Béké oublie-t-il que la Martinique détient le triste record du monde du nombre de cancers de la prostate à cause du chlordécone ?

   On demeure stupéfait devant ces déclarations dont on peut se demander si au fond, elle ne témoignent pas de la volonté d'une majorité de Békés__pas tous, fort heureusement !__de rejeter ou de refuser toute forme de réconciliation. Car à moindre d'être idiot, n'importe qui peut voir que des déclarations de ce type ne peuvent qu'avoir un double effet : d'abord, attiser la haine entre les différentes composantes de notre société ; ensuite, repousser ou détruire à jamais tout processus de réconciliation qu'il vaudrait mieux d'ailleurs appeler "modus vivendi". Mais peut-être que nos Békés ignorent deux choses : la première c'est que partout dans la Caraïbe anglophone et hispanophone, un modus vivendia été trouvé entre Blancs Créoles et Noirs Créoles ; la deuxième c'est que les Békés martiniquais sont la plus petite communauté blanche créole de la Caraïbe : 1% de la population de la Martinique. A Barbade (5%), à Trinidad (6%) ou en Jamaïque (3%), les descendants des colons anglais, pourtant plus nombreux que leurs cousins martiniquais, ont su se faire accepter, l'indépendance y étant pour beaucoup, il est vrai.

   Car enfin dans vingt ans, dans cinquante ans ou dans un siècle, les Békés doivent comprendre que leurs enfants n'auront qu'une alternative : soit finir comme les "Pieds-noirs" d'Algérie soit trouver un modus vivendi comme dans la Caraïbe anglophone ou en Afrique du Sud. Des déclarations odieuses à répétition comme celles qu'on vient de voir relèvent de la récidive comme on dit en langage judiciaire et sont grosses de danger pour l'avenir.

   La balle est donc dans leur camp...

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