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Benalla : le lourd passé de son mystérieux mentor en Afrique

Benalla : le lourd passé de son mystérieux mentor en Afrique

Il se dit le nouveau "mentor" d’Alexandre Benalla et explique doctement avoir pris l’ancien chef de cabinet adjoint de l’Elysée en "apprentissage" parce qu’il le trouve "brillant". Le quotidien "Le Monde", qui a révélé la proximité des deux hommes, le désigne pudiquement comme un "homme d’affaires décomplexé". Il est connu sous plusieurs identités : Philippe Hababou, le nom qu’il a reçu à sa naissance en Tunisie en 1955, Haim Solomon, le patronyme qu’il a adopté en même temps que la citoyenneté israélienne quarante ans plus tard, voire un mélange des deux, Philippe Hababou Solomon ou encore Philippe Haim Solomon.

Philippe Hababou Solomon, le mentor d'Alexandre Benalla.

Avoir plusieurs noms et plusieurs passeports (français, israélien, par le passé un passeport diplomatique centrafricain et aujourd’hui un passeport diplomatique de Guinée-Bissau), est un avantage quand on traîne un passé encombrant.

Cette affaire Benalla a le don de faire ressurgir des personnages qui rappellent les heures les plus controversées de la Françafrique. Après Marc Francelet et Vincent Miclet, voici donc "Philippe Hababou Solomon". En déroulant son pedigree, on ne peut que s’interroger sur la nature des leçons prodiguées au jeune Benalla. De la place Vendôme aux geôles américaines en passant par la Libye, proche de Bernard Tapie, de Patrick Balkany et de Luis Fernandez, l’homme aime les gros coups.

Philippe Hababou Solomon en compagnie de Bernard Tapie.

Vacances au soleil avec Bernard Tapie

Bijoutier ruiné par la crise du Golfe en 1991, il passe six mois en détention préventive dans les prisons françaises au milieu des années 1990 pour une affaire de chèques volés. Son avocat s’appelle alors Thierry Herzog, futur défenseur de Nicolas Sarkozy. Celui-ci lui présente Bernard Tapie, avec lequel il sympathise et partagera souvent des vacances au soleil. En 1995, Philippe Hababou s’enfuit aux Etats-Unis et n’assiste pas à son procès, qui lui vaudra une condamnation en appel à 18 mois de prison et 500 000 francs d’amende.

Renfloué par plusieurs affaires financières, il est poursuivi par la justice américaine pour blanchiment d’argent et financement illégal de la campagne électorale du sénateur démocrate Robert G Toricelli - une photo prise avec Bill Clinton lors d’un gala lui servira longtemps de sésame -. En septembre 2000, après presque deux ans de détention, il plaide coupable et est extradé vers la France. Il y retourne en prison en 2002 après la faillite frauduleuse de la compagnie aérienne L.Air (ex Aerolyon), qu’il a reprise par l’entremise de l’ex-gendarme Paul Barril. A sa sortie en 2005, navigant désormais entre le Canada, Israël et Londres, il fait de l’Afrique son nouveau terrain d’affaires.

Déjeuner au Prince de Galles avec Patrick Balkany

A la fin des années 2000, on le retrouve dans l’entourage du président centrafricain François Bozize qui négocie avec Areva à prix d’or les droits d’exploitation d’un site minier que l’entreprise française vient de racheter à Bakouma. Philippe Hababou Solomon, consul honoraire de Centrafrique, bénéficie aussi de la protection du président sud-africain Jacob Zuma qui fait de lui son "conseiller spécial". C’est l’époque où l’on peut croiser Philippe Hababou Salomon au palace parisien Prince de Galles, en train de déjeuner avec Patrick Balkany et l’ancien PDG d’Elf Loïk Le Floch Prigent, qui l’introduit dans les milieux pétroliers.

Très actif, Philippe Hababou Solomon tente aussi de racheter le club de football de Tel Aviv, Maccabi, et joue un rôle dans l’embauche de Luis Fernandez par le club Beitar de Jérusalem.

Un épisode resté méconnu jusqu’à ce jour se déroule après la chute du colonel Kadhafi en Libye. Il s’agit peut-être du plus gros coup joué par Philippe Hababou Solomon, qui aurait pu faire basculer le destin du pays. En mars 2014, il parvient à faire sortir un tanker rempli de pétrole, le "Morning glory", pour le compte de la rébellion qui tient l’est du pays. L’enjeu est énorme : si les rebelles récupèrent l’argent du pétrole, ils pourront acheter des armes et menacer le gouvernement de Tripoli. Mais le bateau est arraisonné au large de Chypre par un commando de 30 hommes de la marine américaine, qui saisit deux fusils AK-47 à bord. Hababou Solomon se rend sur place, mais ne parvient pas à récupérer sa cargaison. Il est relâché sans être inquiété.

Selon la lettre spécialisée Intelligenceonline, Philippe Hababou Solomon se serait désormais rapproché de l’émirat du Qatar, auprès duquel il ferait valoir ses réseaux en Israël et en Afrique. Voilà donc l’homme avec lequel Alexandre Benalla, ancien responsable de la sécurité d’Emmanuel Macron, a rendu visite aux autorités du Tchad, du Congo-Brazzaville, du Cameroun, dernières autocraties du continent à chercher coûte que coûte la protection de la France. Reste une question : quel genre de business Alexandre Benalla pense-t-il à apprendre auprès de son nouvel ami ?

Caroline Michel-Aguirre

Journaliste

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