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Brésil. La jeunesse noire revendique ses droits

Brésil. La jeunesse noire revendique ses droits
Défavorisés et victimes de racisme, les jeunes Noirs au Brésil militent pour la fin des discriminations et affirment leur culture et leur identité afro-descendante.
76 % des Brésiliens les plus pauvres sont noirs. Une femme noire gagne 40 % de moins qu’un homme blanc. Des 30 000 jeunes de 15 à 29 ans assassinés chaque année en moyenne au Brésil, 77 % sont noirs. Malgré l’aveuglement persistant d’une partie de la population qui croit encore au mythe d’un Brésil métissé et non raciste, les statistiques sont implacables.

Et la nouvelle génération semble bien déterminée à faire changer les choses. D’abord en affirmant son identité : aujourd’hui, 15 % des Brésiliens de 15 à 29 ans se déclarent noirs (45 % se déclarent métis), contre 7,6 % dans la population en général (et 43,1 % métis). Cette tendance s’explique, selon les spécialistes, par une augmentation de l’estime de soi et une meilleure acceptation de son origine ethnique.

L’exécution, en mars dernier, de la conseillère municipale Marielle Franco, femme noire, bisexuelle et issue des favelas, qui aurait été commise par des milices à Rio, a été un tournant. Des milliers de jeunes Noirs sont descendus dans les rues de tout le pays pour dire leur écœurement face à un système qui opprime plus de la moitié de la population. « On n’a pas d’espace, pas de visibilité. Marielle nous représentait. Ils ont essayé de la faire taire, enrageait Ingrid, 21 ans, lors d’une manifestation à Rio, après la mort de Marielle Franco. Mais on est là pour montrer que nous avons une voix désormais. »

 

Une énorme vitalité


Thais vient d’avoir 18 ans. Elle habite la Rocinha, une des plus grandes et des plus violentes favelas de Rio. Depuis ses 14 ans, elle s’engage dans sa communauté avec les associations locales, et même récemment avec l’Unicef. Elle est très optimiste pour l’avenir : « Les jeunes autour de moi se mobilisent et se demandent comment en finir avec le racisme et les inégalités.

 

 »

Dans les favelas, les périphéries et quartiers pauvres, tout est défaillant : l’école, l’hôpital, les équipements sanitaires de base, la sécurité… L’État en est presque absent, remplacé par l’autorité de factions de trafiquants ou de miliciens armés. « Malgré toutes les difficultés, il y a une énorme vitalité chez ces jeunes, raconte Emilio Domingos, cinéaste brésilien qui a réalisé trois documentaires sur la jeunesse de périphérie. Ils sont créatifs et inventent de nouvelles façons de faire face, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux technologies qui leur permettent de briser les barrières ». Internet est un espace d’apprentissage, qui leur permet de se rendre mobiles, malgré la question de l’argent et de l’insécurité qui limite leur circulation dans l’espace urbain, selon lui. Et il remarque que l’ambition de ces jeunes n’est pas de quitter leur quartier, bien au contraire : « Ils sont fiers de leur communauté. Ils ont grandi dans leur favela, avec les voisins, les cousins. Les liens sont très forts et la solidarité aussi. »

« Mon objectif, c’est d’améliorer les choses à la Rocinha, poursuit Thais. Je ne veux pas en partir, j’appartiens à chaque ruelle de cette favela. Toute ma famille habite ici ».

 

Leurs idoles : stars du foot ou du funk


Tous les modèles de Thais sont noirs : Barack Obama, Queen Latifah, Beyoncé… Mais peu sont brésiliens, la faute au manque de représentativité de la population noire parmi les élites. « Les grandes idoles brésiliennes pour les jeunes des favelas et des périphéries, ce sont les stars du foot ou du funk, qui, elles aussi, sont noires et issues de milieux humbles, remarque Emilio Domingos. Mais les modèles, ce sont aussi des locaux, qui viennent de la favela et ont accédé à l’université et s’en sont sortis. Ce sont leurs nouvelles références. »

Les politiques sociales de l’ex-Président Lula et les quotas ethniques dans les universités, lancés au début des années 2000, ont en effet permis l’accès aux études supérieures pour les Noirs et les métis, qui en étaient quasiment exclus de fait, auparavant. Mieux éduquée, débrouillarde et plus favorisée par sa capacité à manier les technologies d’avant-garde, cette nouvelle génération de Noirs brésiliens s’arme pour défendre ses droits et revendiquer la fin des discriminations.

 

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