{{Déclaration d’Alliance Ouvrière et Paysanne,
membre de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe
membre de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples.}}
Césaire est mort : vive son héritage !
Alliance Ouvrière et Paysanne salue la mémoire d’Aimé Césaire, parti en nous léguant un riche héritage.
C’est lui qui, par sa lettre ouverte du 24 octobre 1956 à Maurice THOREZ alors secrétaire général du PCF, a eu le courage d’une double rupture avec le stalinisme et le colonialisme, ( et non point, comme on le prétend, avec le marxisme) :
« Dans de nombreux pays d’Europe, et au nom du socialisme, des bureaucraties coupées du peuple, des bureaucraties usurpatrices, et dont il est maintenant prouvé qu’il n’y a rien à attendre, ont réussi la piteuse merveille de transformer en cauchemar ce que l’humanité a pendant longtemps caressé comme un rêve : le socialisme. […]
Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. Que ce que je veux, c’est que marxisme et communisme soient mis au service des peuples noirs et non les peuples noirs au service du marxisme et du communisme. […]
Pour ma part, je crois que les peuples noirs sont riches d’énergie, de passion ; qu’il ne leur manque ni vigueur, ni imagination ; mais que ces forces ne peuvent que s’étioler dans des organisations qui ne leur sont pas propres ; faites pour eux ; faites par eux et adaptées à des fins qu’eux seuls peuvent déterminer… »
Dans cette même lettre ouverte à Maurice Thorez, il a déploré l’orientation assimilationniste du PCF qui isolait la Martinique de son environnement caribéen: « J’y pense [à mon pays] pour constater que le communisme a achevé de lui passer le nœud coulant de l’assimilation ; que le communisme a achevé de le plonger dans une sorte de ghetto insulaire ; qu’il a achevé de le couper des autres pays antillais dont l’expérience pourrait lui être à la fois instructive et précieuse ».
(NB Dans le contexte de cette lettre, communisme = stalinisme ).
Deux ans après naissait le Parti Progressiste Martiniquais les 21, 22, et 23 mars 1958, « organisation des classes laborieuses de la Martinique […] fondée sur l’alliance libre et démocratique de tous les travailleurs manuels et intellectuels de la Martinique…solidaire des démocrates du monde entier (Article 2) INSPIRE DE L’IDEAL SOCIALISTE ET DESENTRAVE DE TOUTE ALLEGEANCE ENVERS LES AUTRES GROUPEMENTS POLITIQUES METROPLOITAINS ET LOCAUX. »
Les 18, 19 et 20 Août 1971, c’est le PPM qui, face à un projet du gouvernement MESSMER de l’époque, a été l’organisation poto mitan de la Convention du Morne Rouge, ayant réuni 15 organisations politiques, syndicales et associatives autonomistes aboutissant à la conclusion suivante : « Les institutions à venir de ces peuples ne sauraient être déterminées que par ces peuples eux-mêmes, et par ces peuples seuls. Les partis et organisations de la Convention du Morne Rouge considèrent que le droit de leurs peuples à l’autodétermination ne peut s’exercer actuellement que par le moyen de l’élection libre et démocratique , au suffrage universel, d’une assemblée ayant pour but l’élaboration du nouveau statut du pays ».
Et, à l’heure du débat sur la question des réparations, à l’heure d’une tendance à ériger une hostile muraille de Chine entre autonomistes et indépendantistes, il nous semble utile de rappeler ces extraits de la brochure de compte rendu de la Convention du Morne Rouge, écrite en Août 1971 par le Bureau Politique du PPM : « Ce concours financier, […] cette aide, ( de la France NDLR) nous est due d’autant que les difficultés dans lesquelles nous nous débattrons sont le fait du colonialisme, et la faute du Pacte Colonial que nous a imposé la classe dirigeante métropolitaine. Ce concours ne serait pas générosité : il serait réparation du préjudice permanent , causé par trois siècles , à tout un peuple […]
Si les 15 organisations du Morne Rouge –et parmi elles le PPM- ONT ARRETE ( C.A.D. ont décidé) DE MILITER POUR LE STATUT D’AUTONOMIE, au moins, elles dénient à quiconque le droit de reprocher à d’autres de militer pour le statut d’indépendance. Les réactionnaires perdent leur temps à vouloir opposer NOUS AUTONOMISTES, et les autres compatriotes, indépendantistes. Cela, aussi, est capital. »
N’est-ce pas Aimé Césaire qui, depuis de nombreuses années, a mis en garde le peuple martiniquais contre la stratégie coloniale de destruction de la nation martiniquaise par la politique de transfert de population qu’il a appelée « Génocide par substitution » ? Une pensée donc pour lui après la victoire obtenue par le collectif unitaire pour le recrutement des 18 jeunes martiniquais ( figurant sur la liste complémentaire du concours 2007 de professeurs des écoles, et que le ministère, en dépit d’un engagement rectoral, voulait évincer au profit d’enseignants venus de France)…
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