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CHINE : LA TROMPEUSE SOLITUDE DU PEUPLE OUIGOUR

CHINE : LA TROMPEUSE SOLITUDE DU PEUPLE OUIGOUR

La Chine est un empire qui pratique l’écrasement des peuples situés à ses marges. Cela de deux manières : d’abord, par l’utilisation de la force armée ; ensuite, par le génocide par substitution.

La Chine a ainsi occupé, au nord, une partie de la Mongolie, dite « Mongolie intérieure » pour la distinguer de la République de Mongolie, état indépendant, très méfiant envers son voisin chinois et longtemps alliée de l’Union soviétique. Evidemment, en Mongolie soi-disant intérieure, la langue mongole n’a pas droits de cité, la culture mongole est mise sous le boisseau et le territoire est envahi de colons chinois, de « Hans ».

La Chine a aussi occupé, à l’ouest, le Turkestan oriental qu’elle s’est empressée de baptiser Xinjiang, territoire peuplé, jusqu’au 19è siècle, moment où les Chinois s’en emparent, d’une population d’ascendance turque, turcophone et musulmane. La Révolution communiste de 1949, avec Mao-Tsé-Toung va confirmer cette colonisation. Là aussi, la langue et la culture ouïgoures seront mises de côté, les importantes richesses minières du Turkestan oriental pillées et des millions de colons « Hans » seront installés sur place au fil des décennies.

La Chine a enfin occupé, au sud-est, le Tibet. Inutile de s’appesantir sur cette colonisation que tout un chacun connaît bien grâce à la lutte pacifique (trop pacifique ?) que mène le Dalaï-Lama depuis maintenant soixante ans pour tenter de faire plier Pékin et obtenir au moins l’autonomie de son pays lequel n’a jamais, à aucun moment de son histoire millénaire, appartenu à la Chine.

Si la messe semble dite en Mongolie intérieure c’est-à-dire que la colonisation chinoise y a réussi, si les choses semblent très compliquées pour les Tibétains, empêtrés, il est vrai, dans des coutumes religieuses un peu paralysantes, la situation est, par contre, explosive au Turkestan Oriental dit « Xinjiang ». Là, 8 millions 500.000 Ouïgours font face à…8 millions de Chinois.

Rappelons qu’au 19è siècle, le Turkestan oriental était peuplé de 95% de Ouïgours. Aujourd’hui, un siècle plus tard, les Ouïgours ne sont plus que 50,5 % de la population totale de leur territoire. Les Chinois ont donc installé 8 millions de colons sur ce dernier ! Ces chiffres sont importants à garder à l’esprit pour ceux qui, en Martinique, continuent à nier l’idée de « génocide par substitution » lancée par Aimé Césaire. Les Ouïgours pèsent à peu près autant face à 1,5 milliards de Chinois que nous, Martiniquais (400.000 habitants), face à 64 millions de Français.

En fait, Césaire avec le sens de la formule-choc, mais il n’avait rien inventé. En effet, le génocide par substitution n’est que le nom pompeux du vieil adage « Ote-toi que je m’y mette ! ». Les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Français et les Hollandais l’avaient déjà mis en œuvre avec succès sur tout le continent américain à compter de la fin du 15è siècle en massacrant ou marginalisant les populations autochtones dites plus tard amérindiennes. Ceux qui ont créé Israël en 1948 l’ont pratiqué d’une main de maître en expulsant de Palestine près d’1 millions d’Arabes qui, soixante ans, après croupissent toujours dans des camps de réfugiés. Rien de nouveau sous le soleil donc…

Sauf que contrairement aux Mongols et aux Tibétains, les Ouïgours ont la chance de n’être pas seuls. Ils ont au moins deux alliés d’importance :

. le monde turcophone : Turquie, Turkménistan, Kirghizstan, Kazakhstan, Ouzbékistan etc…

. le monde musulman : 1 milliard d’individus répartis sur les cinq continents.

Pour l’heure, le premier allié, le turcophone a réagi timidement par la voix du premier ministre turc Recyp Erdogan. C’est qu’au fond, ces Ouïgours gênent la Turquie car ils lui rappellent qu’elle s’est refusée depuis l’instauration de la république en 1910 par Kamal Atta Turk, de s’intéresser à son proche environnement et s’est embarquée dans une occidentalisation à outrance : remplacement de l’écriture arabe par l’écriture latine, interdiction du port du fez, instauration de la laïcité à la française etc…Contre toutes les évidences linguistiques, religieuses et culturelles, la Turquie se veut…européenne. Pour une fois, on peut être d’accord avec Nicolas Sarkozy : ce pays n’a rien à faire dans la communauté européenne. Donc s’intéresser au sort du Turkestan oriental obligerait les élites pro-européennes d’Istanbul à reconnaître qu’il existe dix pays turcophones qui pourraient être facilement rassemblées dans une « Ligue turque » exactement comme les pays arabes l’ont fait pour la « Ligue arabe ». Ligue turque dont la Turquie prendrait tout naturellement le leadership vu son poids démographique (70 millions d’habitants) et son niveau de développement économique.

Or de çà, les pro-européens d’Istanbul ne veulent absolument pas entendre parler ! Ils s’obstinent à tourner le dos aux autres pays turcophones et à s’agenouiller devant Bruxelles pour obtenir le droit d’entrer enfin dans la CEE, ce qui, dans l’esprit desdites élites, revient à faire définitivement partie du monde…civilisé. Car tout est là : ces élites sont des complexés qui, depuis Atta Turk sont intimement persuadés de la supériorité de la civilisation occidentale et qui considèrent que la Turquie a un retard à rattraper par rapport à cette dernière. Les Ouïgours n’ont donc pas grand-chose à espérer de la Turquie, hormis de belles paroles. Par contre, les autres républiques turcophones peuvent lui apporter leur aide ou à tout le moins aider en sous-main le mouvement de libération ouïgour. Question de freiner un peu l’expansionnisme chinois…

Mais il y a plus grave : Al-Quaida vient de publier un communiqué menaçant les entreprises chinoises installées en Afrique noire. On sait à quel point, depuis bientôt une dizaine d’années, ce continent constitue une sorte de nouvel El Dorado pour l’Empire du Milieu. Rien qu’en Algérie les Chinois sont 80.000 ! Tout les intéresse : pétrole, gaz, uranium, nickel, tungstène et même terres arables. Pékin prendra-t-il cette menace au sérieux ? Comprendra-t-il que les Ouïgours ne sont pas aussi seuls que les Mongols et les Tibétains ? Cessera-t-il de les massacrer dès qu’ils osent relever la tête et contester le génocide par substitution opéré par les Chinois ?

Si l’on en croit le fait que Hu Jing-Tao, le premier ministre chinois, a quitté précipitamment la réunion du G20 en Italie pour revenir dare-dare en Chine afin de contrôler lui-même la situation, on peut penser qu’il a reçu le message 5 sur 5…

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