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CHRISTOPHE THEGAT : "Le retard structurel qui touche tous les pans des régions d'Outremer est institutionnalisé, adroitement pensé, pour que les "Domiens" soient dans une relation de complète dépendance."

CHRISTOPHE THEGAT : "Le retard structurel qui touche tous les pans des régions d'Outremer est institutionnalisé, adroitement pensé, pour que les "Domiens" soient dans une relation de complète dépendance."

MONTRAY KREYOL : Christophe THEGAT, vous êtes attaqué parce que vous avez obtenu votre mutation à la Martinique et que vous continuez à écrire pour dénoncer les situations graves de l’École en Guyane.

 

THEGAT Christophe : J’ai été Professeur pendant 14 années en Guyane. J’ai été secrétaire académique du SNUEP-FSU Guyane ces dernières années jusqu’à cette nouvelle rentrée. Aujourd’hui je suis secrétaire académique adjoint du SNUEP-FSU Martinique. C’est tout naturellement que le nouveau secrétariat Guyane mais aussi celui de la Martinique m’ont proposé de devenir le délégué régional. J’ai donc toute légitimité, en accord avec le secrétariat Guyane, à continuer à écrire. Je suis donc dans mes mandats quand je porte à la connaissance de tous les dérives qui me sont remontées. Je suis surtout critiqué par des individus qui rêvent de ne jamais voir aboli leur système de favoritisme et passe-droits, complices de nombreux Cadres qui ont fait beaucoup de mal aux Personnels en poste dans les établissements scolaires et au rectorat.

 

MONTRAY KREYOL : Quelle est la situation de l’École en Guyane ?

 

THEGAT Christophe : La Guyane réunit ces deux énormes difficultés : Être un département d’outremer et être situé en Amérique du sud. Je ne vais pas m’étendre sur le retard structurel qui touche tous les pans de tous les départements d’outremer et qui pour moi est institutionnalisé, adroitement pensé, pour que les Domiens soient dans une relation de complète dépendance. La Guyane n’y échappe pas…Les moyens pour son réel développement n’ont jamais été mis sur la table. L’Ecole souffre d’un manque d’établissements chronique et il est impossible de faire face à cette natalité exceptionnelle et à l’afflux d’élèves qui viennent très nombreux, de toute la grande Amérique latine (Caraïbe comprise donc). Ce qui à la base devait être une richesse, devient un problème insoluble, puisque l’État refuse d’aider les Élus qui se battent pour un vrai plan légitime pour l’Éducation de leur pays. Des moyens exceptionnels devraient être accordés à la Guyane, notamment pour la prise en charge de ces centaines d’élèves non francophones, dont beaucoup n’ont pas été scolarisés avant leur arrivée dans le département.

 

MONTRAY KREYOL : Est-ce pour cela que votre syndicat revendique la nomination d’un Recteur guyanais ?

 

THEGAT Christophe : Nous portons cette revendication forte suite à un constat. La Guyane est considérée encore et c’est triste, comme un sous département sous-développé. C’est l’image qui est encore véhiculée dans des films ou par certains médias. Cette image fait très mal à ceux qui portent la Guyane dans leur cœur. Ceux qui y sont nés et qui y vivent. Ceux qui y travaillent malgré les tous petits moyens qui sont mis à leur disposition. Nous n’accepterons plus que la Guyane soit considérée comme un département-sanction et qu’y soient affectés tous les hauts fonctionnaires ou autres Cadres de l’Éducation, rejetés du département où ils ont failli. Où ils ont été remis en cause. Nous ne voulons plus que la Guyane soit la poubelle, le cimetière des Personnels à casseroles, dont personne ne veut plus ailleurs. La dénonciation des frasques de l’ancien recteur par les Collègues d’Orléans, frasques connues par Paris qui l’a pourtant nommé en Guyane, est celle qui a très fortement motivée notre demande.

 

MONTRAY KREYOL : Vous avez apporté votre soutien à un collectif citoyens né pour exiger la nomination d’un Recteur guyanais

 

THEGAT Christophe : Oui. Et je crois que c’est ainsi que nos sociétés vont continuer à évoluer. Par la création de Collectifs, par ces citoyens qui vont s’investir et se mobiliser, pour défendre les intérêts des départements où ils vivent. Ce collectif s’est montré solidaire aux nombreuses dénonciations que nous avons dû médiatiser afin d’être enfin entendus et compris. Nous avons dénoncé la gouvernance actuelle du rectorat, ses direction des ressources humaines et cabinet qui pour nous ne sont  pas à la hauteur. Nous avons dénoncé de nombreuses absences de postures professionnelles, certains propos racistes tenus par des Cadres de l’Éducation, dans l’exercice de leurs fonctions. Nous avons dénoncé le silence qui a entouré le suicide d’un Collègue qui avant de passer à l’acte, avait appelé à l’aide. Le Collectif a pris la décision d’intervenir pour que l’École de sa Guyane change. Avec une exigence forte de voir des Guyanais aux postes-clés de son rectorat. Nous sommes parfaitement en phase avec eux. Les élites d’un département doivent ressembler à sa population. Ce sont eux qui connaissent le mieux leur département. Il est grand temps que dans nos départements d’outremer, les affaires, l’École, soient confiés aux Professionnels du département.

 

MONTRAY KREYOL : Pour finir, que souhaite le SNUEP-FSU pour l’École ?

 

THEGAT Christophe : En plus de tous nos mandats, je souhaite que l’École de nos départements d’outremer soit dirigée par ses enfants, ses Professionnels compétents qui existent. Exactement comme à la Réunion ou certains postes clés ont été confiés à des Réunionnais. Il y a des mesures fortes à mettre en place. Une riposte à apporter, stratégique, face à l’absence de réels moyens alloués pour qu’on arrive enfin à rattraper notre retard. Les suppressions de postes par exemple à la Martinique ne sont pas acceptables et je ne souscris pas à la raison avancée de la diminution du nombre d’élèves. Cette diminution qui devrait être un atout, avec donc son lot de classes moins surchargées, est adroitement utilisée comme propagande pour faire passer la pilule des suppressions de postes. Va-t-on étendre ce singulier postulat à d’autres domaines ? Moins d’élèves, moins d’habitants, donc moins de route, moins de chaînes télévisées aussi et, pourquoi pas, moins de sel  dans nos mers bleues… ?

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