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CIRCULER LIBREMENT SUR NOTRE CONTINENT

CIRCULER LIBREMENT SUR NOTRE CONTINENT

   On ne peut pas appartenir à deux continents à la fois. Le notre, c'est l'Amérique. De l'Alaska tout au nord à la Terre de feu tout au sud.

   Ceux qui veulent retourner en Afrique, en Inde, en Chine, au Moyen-Orient ou en Europe (ce qu'ont fait de nombreuses familles békées martiniquaises, par exemple), c'est leur droit le plus absolu. Personne ne peut le leur contester. Mais, de grâce, qu'ils permettent à ceux d'entre nous, une majorité en fait, qui se sentent pleinement américains sans pour autant renier les apports culturels de leurs ancêtres venus des autres continent, qu'ils nous permettent de vivre notre américanité !   

   De tout temps, c'est-à-dire des milliers d'années avant Christophe COLOMB et la colonisation européenne, notre continent a été traversé par des migrations comme l'indique la pancarte brandie par la jeune amérindienne qui illustre le présent article. C'est donc dire que les frontières établies depuis trois siècles et les murs depuis quelques années sont une insulte non seulement à l'Histoire, mais aussi et surtout aux peuples américains et néo-américains. Répéter en boucle, comme le font les médias, reprenant ainsi les propos du président étasunien, selon lesquels des dizaines de milliers de "migrants" montent vers l'El Dorado que sont censés être les Etats-Unis, migrants en provenance du Salvador, du Honduras, de Bélize, du Guatemala, du Mexique etc., révèle soit une profondément méconnaissance de l'histoire du continent soit un racisme décomplexé. Soit les deux à la fois.

   Les autochtones de notre continent ont toujours migré ! Vers le nord ou vers le sud. Cela au gré des royaumes qui prospéraient ou s'effondraient, des guerres qui pouvaient affecter telle ou telle région ou encore à cause de catastrophes naturelles (sécheresses prolongées, éruptions volcaniques, séismes etc.). Autrement dit les descendants d'Amérindiens qui sont aujourd'hui qualifiés de "migrants" ou d'"envahisseurs" n'ont pas attendu l'arrivée à la Maison Blanche d'un descendant d'Allemand de deuxième génération pour se déplacer. Leurs ancêtres l'ont toujours fait et ils continuent, c'est tout !

   Quand aux néo-Américains que sont les Noirs, Indiens (de l'Inde), Asiatiques et Arabes ainsi que tous les métis de ces différents peuples, ils n'ont jamais considéré les frontières établies par les colonisateurs européens et leurs descendants comme étant infranchissables. Un exemple : quand les Noirs de Saint-Domingue se libèrent du jour français au tout début du 19è siècle, au terme d'une guerre de 12 ans, ils s'en vont participer à la libération de la partie orientale de l'île, alors sous contrôle espagnol. Quand Simon BOLIVAR, le libérateur d'une grande partie de l'Amérique du sud, se trouva en difficulté, il se réfugia en Haïti où le président PETION un Mulâtre, lui fournit armes et argent afin de continuer sa lutte. DELGRES, le Martiniquais, a combattu et est mort aux côtés d'IGNACE et des Guadeloupéens contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon. BOUKMAN, l'initiateur de la première grande révolte des Noirs de Saint-Domingue n'était pas natif de cette île mais de la Jamaïque. Et tout un chacun connaît l'épopée de l'Argentin Che GUEVARA à Cuba, puis en Bolivie. On pourrait multiplier les exemples de ce genre.

   Malheureusement, la notion de "frontière" a fini par s'incruster dans la tête d'un grand nombre d'habitants de notre continent qui ont commencé à regarder de haut les gens en provenance de régions plus pauvres que la leur et à les ostraciser. Santo-Domingo et les Bahamas maltraitent ainsi les immigrés haïtiens. Mais les Dominicains (de Saint-Domingue) sont eux-mêmes mal vus à Puerto-Rico et les Puerto-Ricains sont à leur tour mal vus des Etasuniens. Le grand rêve du Cubain Jose MARTI, "Nuestra America", s'il s'est manifesté en divers moments et endroits (Che GUEVARA en étant l'une des icones), semble est bien loin en ce début du 21è siècle. Le ferment de la discorde est ce pays qui n'a pas de nom propre, les Etats-Unis, puisque même après l'effondrement de l'Union soviétique, l'actuelle Russie demeure un assemblage d'états unis (républiques autonomes, oblasts etc.). Quant aux Etats-Unis d'Europe, ils finiront un jour par se concrétiser.

   Donc c'est ce pays qui n'a pas de nom propre, dont la prodigieuse richesse à la fois matérielle et intellectuelle provient d'immigrations massives et successives de tous les pays du monde (à la Silicone Valley, on ne compte plus les ingénieurs chinois, japonais, indiens, arabes etc.), qui, aujourd'hui s'emploie à renvoyer les "migrants" centre-américains chez...eux. C'est oublier que partout en Amérique, c'est chez eux ! Relisez la pancarte de la jeune Amérindienne ! Ceci amène à penser qu'il faudra bien qu'un jour nous en arrivions à imposer la libre circulation sur tout le continent américain de tous les Américains et néo-Américains. Un Haïtien a le droit d'immigrer en Alaska ou au Chili. Ce droit ne saurait être réservés aux seuls riches comme c'est le cas de 1,2 millions de citoyens des Etats-Unis installés au Mexique et qui n'y ont aucun problème. Et pas qu'au Mexique d'ailleurs ! Car en réalité, cette libre circulation, si l'on regarde bien, existe déjà : elle est réservée aux Etasuniens, aux Canadiens et aux élites (généralement blanches) d'Amérique du centre, du sud et des Caraïbes. Cela n'est plus acceptable !

   Tout Américain ou néo-Américain a le droit de s'installer partout où il veut sur SON continent !...

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