Après de nombreux travaux consacrés aux sociétés esclavagistes ou à esclaves d’Europe, d’Afrique et des Amériques, ce colloque tentera d’apprécier en quoi les villes de ces espaces ont pu être, du XVe au XIXe siècle, les lieux d’une reconfiguration spécifique des rapports sociaux. On s’intéressera en particulier à la diversité des formes qu’ont pu prendre les sociétés urbaines et aux dynamiques qui les ont générées.
De manière particulière, on tentera de savoir si la proximité ou l’éloignement du pouvoir politique ont été des facteurs d’accélération ou de ralentissement des processus d’exclusion, d’accommodements ou d’intégration des populations cosmopolites et inégales des villes étudiées. Les périodes de changements institutionnels majeurs (changements de souveraineté, révolution, guerre d’indépendance, abolition de l’esclavage…) seront singulièrement explorées. Au-delà du contexte portuaire, perçu d’un point de vue historiographique comme fondamental, on essaiera également de mettre en évidence l’influence spécifique des autres dynamiques économiques (industrielles, artisanales ou commerciales). Le colloque s’attachera également à analyser les traductions spatiales de ces relations complexes. Du quartier à la maison, il tentera d’apprécier les structurations spécifiques des espaces économiques, politiques, culturels et domestiques qu’elles ont générés, en mettant en valeur les dynamiques induites par les différentes composantes et institutions de ces sociétés. Les flux de populations exogènes, aux origines lointaines, ou proches, ainsi que l’apparition progressive d’individus de couleur, de statuts et de niveaux économiques plus élevés, ont-ils entraîné une recomposition spécifique nouvelle des sociétés urbaines de l’espace d’étude ? Enfin, on s’intéressera à l’évolution de ces questions et on tentera notamment de savoir si les changements de souveraineté, les indépendances, les abolitions de l’esclavage ont modifié les pratiques et les usages urbains. Le colloquera tentera enfin d’explorer les aspects culturels de la question, en s’interrogeant sur d’éventuelles expressions matérielles et spirituelles des clivages et des accommodements de ces sociétés. On explorera notamment les diverses formes de sociabilité, profanes ou sacrées, qui seront appréciées comme des temps et des lieux de construction des sociétés urbaines, au travers de logiques de convivialité et de conflictualité.