Il s'agit, en milieu tropical insulaire, de l'anémone de mer (également connue sous le nom d'"ortie de mer"), jolie plante marine qui s'incruste sur les roches et les coraux et qui a la particularité d'agiter ses tentacules, s'ouvrant et se fermant telle une main selon les circonstances. Nous avons dit "une main", mais la langue créole y voit plutôt "un vagin" (koukoun) an créole. Ce qui fait que :
FRANCAIS : ANEMONE DE MER /// CREOLE : KOUKOUN-LANME.
Littéralement, "koukoun-lanmè" signifie donc "vagin de mer". On pourrait s'étonner de la connotation sexuelle de ce terme, mais le créoliste Jean BERNABE dans un article publié dans la revue du GEREC, "ESPACE CREOLE" N° 3, a démontré que le noyau central de la langue créole était structuré à partir du lexique de la sexualité. D'où les mots comme "kal-zié" (lit. pénis d'œil) pour "paupière", "dékalé" (lit. enlever le pénis) pour "démolir" ou encore "dékatjé" (lit. arracher les cuisses) pour "tabasser". On aura noté la connexion entre sexualité et violence dans ces différents termes et c'est de là que vient l'explication : la domination esclavagiste aux Antilles a aussi été une domination sexuelle d'une violence inouïe, celles des Maîtres blancs sur leurs esclaves noires, cela trois siècles durant et même après l'Abolition. Domination et violence sexuelles qui se sont traduits dans la langue créole : "koupé" (couper), "krazé" (écraser), "zingé" (piquer) etc...signifient aussi "faire l'amour".
Il n'est donc pas étonnant que le créole voit dans l'anémone de mer non pas une main et cinq doigts qui s'ouvrent et se ferment, mais les mouvements d'un vagin...