En Martinique, la violence faite aux femmes est malheureusement monnaie courante en dépit des efforts méritoires de diverses associations féminines. Cette violence est le plus souvent domestique c'est-à-dire qu'elle se déroule au sein du couple et touche la plupart du temps les femmes de condition modeste ou défavorisée, le chômage, l'abus d'alcool ou l'usage de stupéfiants ne constituant pas des excuses pour qui ceux qui s'en rendent coupables.
Cependant, il existe une forme de violence qui passe le plus souvent inaperçue : celle que subissent les femmes placées à des postes de responsabilité ou de direction. Insidieuse le plus souvent, féroce la plupart du temps, elle éclate au grand jour parfois et sont le fait de machos exaspérés de n'avoir pas pu "scier les cornes" de ces dirigeantes. Car il s'agit pour ces hommes-là de soumettre ces dernières à leur seule volonté quand bien même ils sont moins qualifiés pour occuper les postes en question, le plus affligeant étant que pareil comportement ignoble est approuvé par certaines femmes ayant intériorisé la domination masculine ou désireuses d'utiliser cette dernière pour faire avancer leur carrière.
Les exemples de ce machisme spécifiquement dirigé contre les femmes qui détiennent ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir sont légion. On en a eu un exemplaire spectaculaire il y a deux mois lorsque Mme le Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université des Antilles (campus de Schoelcher) a été violemment agressée verbalement et même menacée dans son intégrité physique par des collègues masculins. Quel qu'ait été le motif du différend qui a opposé les uns et les autres, il est inadmissible que des hommes, des universitaires de surcroît, se soient cru autorisés, au cours d'une réunion du conseil d'administration de leur faculté, d'agir de si indigne manière. Il est également inadmissible que la gouvernance de l'Université des Antilles soit demeurée totalement muette face à ce grave incident qui contribue à dégrader l'image d'un établissement déjà secoué par les dérives financières de certains.
Nous, hommes d'ici et d'ailleurs, dénonçons de la manière la plus ferme ce machisme envers les femmes dirigeantes et apportons en particulier notre plein et entier soutien à Mme le Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, nous réservant le droit d'entreprendre d'autres actions visant à faire respecter la dignité de la personne humaine.
SIGNATAIRES
NOM PRENOM, PROFESSION, PAYS