Cela devient d'une banalité tellement affligeante dans l'île aux fleurs (fanées) qu'à peine si l'information tient-elle cinq minutes en télé et dix minutes sur les réseaux sociaux. Chacun préfère s'intéresser aux cheveux décrêpés ou pas de la Miss Martinique que tout le monde rêve de voir couronnée Miss France, même si on déteste cordialement les "Métros" installés chez nous
Ou au coup de pied d'un footeux "black" à un supporter qui l'a ou l'aurait insulté. Ou moins pire : aux ventes de migrants africains comme esclaves en Lybie (en oubliant cependant que les Libyens ne sont que des sous-traitants__des salopards de sous-traitants, certes__dans une affaire dans laquelle la vraie responsabilité est celle de l'Occident qui pille l'Afrique noire sans vergogne depuis des lustres, contraignant sa population à l'exode).
Donc, oui, on parle de tout. Sauf de ça !
Et "ça", c'est quoi ? LA CORRUPTION, PARDI ! Cette corruption généralisée qui gangrène notre société à tous les échelons du corps social, mais surtout chez les cols blancs et les nantis. Politiciens, chefs d'entreprise, universitaires, cadres, employés etc..., tout le monde s'y met, népotisme et clientélisme oblige. Evidemment, cela ne gêne personne et, par exemple, on ne voit jamais nos grands chefs syndicaux, défenseurs auto-proclamés de la veuve et l'orphelin, de la classe ouvrière, monter au créneau sur le sujet. C'est très simple : dans aucun des cinq plus grands scandales de corruption qui ont secoué la Martinique au cours des trois ou quatre décennies écoulées, on ne les avait vu prendre leur mégaphone pour les dénoncer dans la rue.
Ces jours-ci, c'est l'affaire d'ODYSSI, la société de distribution d'eau potable, qui revient au devant de la scène. 2,5 millions d'euros ont été pompés dans ses caisses et le SRPJ a dû mettre son nez dans sa comptabilité, chose qui a amené la justice à prononcer une quinzaine de mises en examen. "Mis en examen" est un euphémisme à la con pour dire "inculpé". Exactement comme "non-voyant" est mis pour "aveugle", "personne à mobilité réduite" pour "handicapé", "technicienne de surface" pour "femme de ménage" et "travailleuse du sexe" pour "manawa". C'est donc un euphémisme, un doux euphémisme, visant à indiquer que des voyous en col blanc ont été pris la main dans le pot de confiture.
Mais, bien entendu, vous n'aurez pas les noms et prénoms de ces personnes. La presse ne les livrera pas au grand public car ce ne sont tout de même pas de vulgaires petits voleurs de mobylette ou vendeurs de "zeb". Telle est donc notre belle Martinique à la veille de l'an 2018 de l'ère chrétienne. Woulo-bravo !...