Certaines revendications des nationalistes, comme la co-officialité de la langue corse, exigent une révision de la Constitution.
POLITIQUE - Trois jours après leur triomphe électoral, les nationalistes corses posent leurs conditions. Alors que le gouvernement vient de désigner sa "Madame Corse" en la personne de Jacqueline Gourault, le dirigeant autonomiste Gilles Simeoni a déclaré mercredi sur BFMTV/RMC que "la Constitution doit être modifiée pour prendre en compte la spécificité de la Corse, de ses attentes et de ses besoins".
"L'inscription de la Corse dans la Constitution est la condition sine qua non de l'ouverture d'un espace juridique qui nous permettra de mettre en œuvre des politiques ( ...) indispensables à la prise en compte des intérêts de la Corse", a poursuivi le chef de file de la coalition "Pé a Corsica" (Pour la Corse), répondant au premier ministre qui avait prévenu la veille que les initiatives de la collectivité territoriale corse devaient être "conformes au cadre constitutionnel" actuel.
"L'autonomie n'est pas une catégorie absente du droit constitutionnel français. Ce statut existe déjà pour la Polynésie française ou, à un autre niveau, pour la Nouvelle-Calédonie", avait plaidé ce lundi Gilles Simeoni dans un entretien au Monde. Me Conseil constitutionnel a d'ores et déjà jugé que la mention de "peuple corse", même désigné comme étant une "composante du peuple français", était contraire à la Constitution "laquelle ne connaît que le peuple français sans distinction d'origine, de race ou de religion".
"Pacte girondin"
Si le gouvernement se montre ouvert à d'éventuels transferts de compétences en Corse, il se montre en revanche hostile aux requêtes les plus pressantes des nationalistes. L'exécutif a ainsi fermement rejeté mardi certaines revendications emblématiques comme la reconnaissance de la langue corse comme langue officielle de l'île au côté du français, la création d'un statut de résident ou encore l'amnistie des "prisonniers politiques".
Le premier ministre Philippe a préféré insister sur les "compétences spécifiques" qui pourraient être confiées à la Corse, en invoquant la formule du "pacte girondin" entre l'Etat et les collectivités pour accroître les compétences de ces dernières. "La Corse peut être un territoire privilégié pour tester et mettre en oeuvre ce pacte girondin", a-t-il ajouté, sans dessiner les contours de ces attributions.