Sauf que si le monde politique martiniquais est devenu un cinéma-sans-payer dans lequel les Louis de Funès sont légion, cette fois on ne rit plus du tout.
En effet, onze élus (es) ont décidé de déposer deux recours devant le Tribunal administratif, l'un pour "abus d'autorité" de la part du président du Conseil exécutif (à savoir CHABEN), l'autre contre un arrêté préfectoral. Ces deux recours concernent la même affaire à savoir l'interminable feuilleton de Séguineau (il date d'au moins deux décennies). Cette équipe de football-couloir rassemblant 11 mauvais et petits joueurs du RDM, de BA PEYI-A AN CHANS et du PPM/EPMN veut, dans le premier cas, faire "respecter la démocratie", CHABEN ayant, à les entendre, violé une décision souveraine de l'Assemblée de Martinique. Nature dudit viol : il a refusé de payer au Béké BALLY les 225.000 euros que 14 conseillers (et 19 courageux abstentionnistes dont nombre de membres de PEYI-A) avaient voté pour l'acquisition d'une parcelle de 3,5 hectares de terre agricole qui en vaut 15.000.
Dans ce vote, il y a en réalité un non-dit et une saloperie : le non-dit consistant à faire croire aux Martiniquais que le branchement d'une canalisation à Séguineau résoudra d'un coup de baguette magique la question de la distribution de l'eau. Ces messieurs-dames prennent tout simplement les Martiniquais pour des "ababa" car le vrai problème est l'état désastreux de tout le système de canalisation de l'eau potable à travers la Martinique. Si désastreux que 40% de l'eau est perdue à cause de fuites ! Or, les Martiniquais paient depuis des lustres une facture d'eau sur laquelle un pourcentage est réservé aux réparations du réseau et surtout à sa modernisation. Qu'ont fait de ces sommes ceux qui étaient au pouvoir à l'époque à travers les deux assemblées (Conseil général et Conseil régional) qui dirigeaient la Martinique ?
Ce non-dit est également une saloperie car on aurait aimé voir une telle mobilisation des élus (es) contre l'empoisonnement de notre pays par le chlordécone, pesticide massivement importé par les Békés et utilisé dans les bananeraies à commencer par celles du bien nommé "Royaume de la banane" à savoir la commune du Lorrain dont Séguineau est l'un des quartiers. Nos 11 votent donc la somme mirobolante de 225.000 euros, puis déposent des recours devant le refus de CHABEN de s'exécuter et font une conférence de presse pour l'annoncer urbi et orbi. Aucun (e) évidemment n'a jamais porté plainte contre l'empoisonnement au chlordécone ! Ni en son nom propre ni au nom d'une quelconque association et encore moins de leur parti. Motus et bouche cousue sur le sujet...
Quant au deuxième recours, il est tout simplement risible : accuser un préfet d'outrepasser ses pouvoirs dans un territoire régi par l'Article 73 de la Constitution française n'a aucun sens car le vrai pouvoir, le pouvoir en dernière instance, c'est celui-ci qui le détient. Conclusion : les opposants à l'Article 74 qui ont fait échouer la consultation de janvier 2010, Article 74 qui nous aurait permis de desserrer quelque peu l'étau de l'Etat central, devraient avoir la décence de la boucler aujourd'hui. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et l'arrière-train de la fermière en prime !
Quelle que soit la décision du Tribunal administratif, une chose est sure : il s'agit là de basses manoeuvres politiciennes en vue des prochaines élections territoriales.
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