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DE L’IMPORTANCE, POUR UN JEUNE, DE SE RETROUVER AUSSI, DANS UNE LECTURE, EN PAYS DE CONNAISSANCE

DE L’IMPORTANCE, POUR UN JEUNE, DE SE RETROUVER AUSSI, DANS UNE LECTURE, EN PAYS DE CONNAISSANCE

    Mme Liss KIHINDOU, d'origine congolaise, professeur de français au Collège St Grégoire de Pithiviers dans le Loiret (France), a fait découvrir à ses élèves la littérature policière antillaise à travers un polar de Raphaël CONFIANT. Il s'agit du "MEURTRE DU SAMEDI-GLORIA" publié chez Mercure de France et traduit en 7 langues parmi lesquelles l'italien et l'allemand...

 

***

 

On peut lire des livres d’auteurs différents, venant d’horizons divers, nous faisant voyager dans des lieux inconnus, nous faisant découvrir des pays dans lesquels nous avons déjà mis le pied ou pas, nous procurant des émotions particulières grâce à des personnages qui ne nous ressemblent peut-être pas physiquement, mais qui nous touchent…
Mais le fait de tomber sur un auteur qui nous parle de la terre d’où l’on vient, qui évoque des paysages qui nous sont familiers ou que nous connaissons, qui brosse des personnages qui nous ressemblent, qui partage avec nous le même bagage culturel… procure une émotion spéciale, indicible !
Je l’ai expérimenté avec un de mes élèves de sixième. Nous avons commencé à travailler sur le genre policier. Avant de nous plonger dans le roman que j’ai choisi de leur faire lire, j’ai emmené la classe au CDI pour les familiariser d’abord avec le roman policier en déterminant ses caractéristiques à partir de l’observation des première et quatrième de couverture. Les élèves étaient répartis en groupes de 3 ou 4 élèves. La documentaliste avait sorti des rayons tout ce qu’elle avait comme romans policiers. Il y avait pas mal d’Agatha Christie, des Mary Higgins Clark, Conan Doyle, Michel Grimaud… Mais il y avait aussi, il y avait aussi, tenez-vous bien, du Raphaël Confiant !!! Cela m’avait agréablement surprise, mais ma surprise n’avait aucune commune mesure avec l’émotion de B., un garçon qui participe bien en classe, un afro-descendant dont les parents viennent des Antilles. J’avais préparé des lots de 3-4 romans, et j’ai demandé à chaque responsable de groupe de venir choisir un lot. Le hasard a voulu que le lot comportant le roman de Raphaël Confiant, « Le meurtre du Samedi-Gloria », se retrouve à la table du groupe d’élèves constitué de B. et de trois autres de ses camarades. Ils devaient tous étudier la couverture de chacun des 4 romans et lire surtout le résumé de la quatrième de couverture. Quand « Le meurtre du Samedi-Gloria » est arrivé entre les mains de B., c’était plus fort que lui : 
- Madame, ça se passe à Fort de France, à Fort de France ! Cet auteur vient de la Martinique… J’ai lu le résumé et je veux lire ce roman, est-ce que je pourrai l’emprunter à la fin de la séance ?
- Mais bien sûr, B., lui ai-je répondu, la documentaliste sera heureuse de te le prêter ! Vous pouvez tous faire comme B. et emprunter un des romans.
Et voilà comment, à la suite de B., d’autres élèves ont eu, eux aussi, l’envie d’emprunter un roman. Il suffit parfois de peu pour susciter le goût de la lecture. L’enthousiasme de l’un peut nourrir ou raviver le désir des autres ! 

 

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