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DE L’URGENTE NECESSITE DE SUPPRIMER LES 40% DES FONCTIONNAIRES…

DE L’URGENTE NECESSITE DE SUPPRIMER LES 40% DES FONCTIONNAIRES…

Depuis 1946, c’est-à-dire depuis que la colonie de la Martinique a été transformée en département d’Outre-Mer, tout et le contraire de tout a été tenté pour « développer l’économie locale ». Il y a d’abord eu le soutien, ruineux, à l’économie sucrière, remplacé assez vite par le soutien, tout aussi ruineux, à l’économie bananière. Soutien aussi bien de la part des collectivités locales, de l’Etat français, puis, plus tard de la Communauté Européenne. Une triple source de subventions en pure perte qui a englouti un nombre faramineux de milliards de francs, puis d’euros, en un demi-siècle. La langue créole possède une expression imagée pour caractériser ce phénomène : chayé dlo nan panyen, ce qui signifie transporter de l’eau à l’aide d’un panier.

Chaque année, en effet, nos gros planteurs békés et nos agriculteurs, nos patrons du bâtiment, nos petites et moyennes entreprises, nos marins-pêcheurs, nos transporteurs routiers etc. crient à la disparition totale de leur activité, à leur ruine, si une autorité quelconque ne leur vient pas en aide sans délai. Chaque année ! Alors, de guerre lasse, en plus des subventions à tout-va, on inventa la défiscalisation censée « attirer des investissements dans les DOM » selon la formule consacrée, défiscalisation qui en réalité n’a servi qu’à permettre à des richards français de ne pas payer d’impôts en achetant bateaux ou résidences au soleil et qui a provoqué une spéculation foncière irréversible et mortifère dans un pays grand comme un mouchoir de poche.

Il n’y a guère que les patrons de supermarché, de magasins de bricolage et les concessionnaires automobiles à ne pas crier famine. Et pour cause !

Ou plutôt quelle est la cause, la véritable cause, de ce mal récurrent ?

Qu’est-ce qui plombe irrémédiablement tout effort de mise en place d’une économie un tant soi peu viable et dynamique dans notre pays ?

Ma réponse va en faire hurler plus d’un, mais je suis sincèrement persuadé que cela tient à l’existence de ce fameux sursalaire de 40% arraché de haute lutte, en 1946, par nos parents fonctionnaires.

Seuls deux personnes ont eu le courage de le dire : d’abord, dans les années 80, Max Elysée, patron de la chaîne de cinémas du même nom, homme de Droite mais ouvert, intelligent, longtemps conseiller général de Fort-de-France et candidat à la mairie de cette dernière. Aussitôt, il fut incendié, descendu en flèche, par la quasi-totalité du corps politique local, les gens de Gauche les premiers. Principal argument de ses détracteurs : Elysée est un capitaliste qui fait d’énormes profits et qui évidemment n’a pas besoin de sursalaire pour vivre ; ensuite, le second contempteur des 40%, dans les années 90, fut l’activiste nationaliste Guy Cabort-Masson, qui, à travers de multiples textes et articles pointa du doigt ce qu’il appelait joliment « une prime coloniale ». Cabort fut, à son tour, voué aux gémonies. Motif : ce gauchiste indépendantiste n’était pas crédible et cherchait à instaurer un régime castriste à la Martinique, lui qui s’était déjà rebellé lors de la guerre d’Algérie en désertant l’armée française dans laquelle il était officier pour rejoindre le FLN.

Mais l’argument-massue de tous ceux qui rejetaient violemment la proposition de Max Elysée et de Guy Cabort-Masson tenait au fait qu’aucun de ces deux hommes n’était fonctionnaire. Sous-entendu : ils n’avaient rien à perdre dans la suppression des 40%. Or, moi, en tant qu’universitaire, je le suis. Quand donc je réclame la suppression des 40%, personne ne saurait m’opposer le fait que je n’aurai rien à y perdre. Oui, j’aurai à y perdre une somme équivalente à près de la moitié de mon salaire, ce qui n’est tout de même pas rien, et pourtant je l’accepte !

Et pourquoi ?

Parce que les 40% sont le cancer qui ronge l’économie martiniquaise (ou ce qui en tient lieu) depuis un demi-siècle.

Comme tout cancer, le mal s’est d’abord fait silencieux, insidieux. Au début, les fonctionnaires créoles ont vu leurs revenus quasiment doubler du jour au lendemain. Ils se sont achetés des voitures neuves, des terrains afin d’y bâtir la villa de leurs rêves, villas qu’ils ont meublées avec ostentation, ils ont même, pour certain, acquis un pied-à-terre à Paris ou à Bordeaux où leurs enfants habitaient le temps de leurs études, ils ont pu voyager un peu partout à travers la Caraïbe et dans le monde. Pendant ce temps-là, leur sursalaire irriguait le tissu économique martiniquais.

Irriguait de ses métastases, devrais-je dire…

En effet, l’armature même du système repose sur les 40%, créant ce qu’Edouard Glissant a appelé une « économie-prétexte ». Un faux-semblant d’économie ou une économie du faux-semblant, comme l’on voudra. En effet, comment parler sérieusement d’économie dans un pays où le taux de couverture des importations par les exportations est passé de 54% en 1935 à…3% en 2009. Oui, trois pour cent ! Pour parler à Ti Sonson : le produit de la vente de notre rhum et de notre banane ainsi que les recettes du tourisme ne couvrent que 3% des achats que nous effectuons à l’extérieur, 3% des marchandises que nous importons. Tout le reste, les 97% donc nous sont fournis par des transferts financiers venus de France et d’Europe, notamment les 40% (mais aussi les subventions aux planteurs et les allocations aux « malheureux »).

Soyons clairs : la départementalisation a mis la Martinique en faillite.

La première conséquence des métastases provoquées par les 40% est l’existence d’une inflation généralisée. Pour que Ti Sonson comprenne : c’est parce que le concessionnaire béké sait qu’il pourra vendre des 4/4 à 30 ou 40.000 euros qu’il en importe ; c’est parce que l’avocat nègre ou mulâtre sait que son client pourra payer, que pour simplement commencer à s’occuper de son affaire, il lui réclame d’entrée de jeu entre 1.000 et 1.500 euros d’arrhes ; c’est parce que la marchande de légumes sait qu’elle trouva acquéreur qu’elle revend son kilo d’igname à 4 ou 5 euros etc…Chacun sait qu’il y a une énorme masse financière en circulation dans le pays, masse financière sans aucune contrepartie dans l’économie réelle, mais qui est grandement utile à la mise en place de ce théâtre d’ombres, de cette économie-prétexte déjà évoquée. Chacun sait que cet argent vient d’ailleurs, de France et d’Europe, mais on préfère ne pas trop réfléchir à cela. On l’utilise sans sourciller, le gaspille, l’emploie à des choses délirantes. S’empoisonnant du même coup à petit feu.

La Martinique était une colonie de plantation. Elle est devenue, à compter de 1946, une colonie de consommation.

Et là on reste sidéré devant l’aveuglement de nos syndicats et de nos partis politiques qui n’ont jamais réfléchi sérieusement à cette étrange transformation et n’ont jamais recherché les voies et moyens d’en sortir. Bien au contraire, syndicalistes et politiques n’ont eu que deux slogans à la bouche : « maintien des avantages acquis » et « rattrapage avec la Métropole ». Et sur la question précise des 40%, ils se sont battus pour que les fonctionnaires territoriaux de catégorie C qui ne bénéficiaient pas de cette prime coloniale puissent l’obtenir. Pire : certains trotskystes, qui ne sont pas, il est vrai, à une action opportuniste près, ont réclamé rien moins que la généralisation de cette prime à tous les travailleurs Martiniquais. Certes, la création de ladite prime a tout de suite généré, et cela dès 1946, une sorte de fracture sociale entre ceux qui la recevaient et ceux qui ne la recevaient pas. Mais il ne faut pas exagérer non plus : ceux qui ne la reçoivent pas (Béké, avocat, marchande de légumes) ont vite trouvé le moyen de pomper dans ce sursalaire. On peut même aller jusqu’à dire que ces catégories de gens ne vivent que grâce aux 40% des fonctionnaires. Supprimez les 40% et leurs 4/4 à 30.000 euros leurs resteront sur les bras, leurs 1.000 ou 1.500 euros d’arrhes pour vous défendre au tribunal ou leur kilo d’igname à 4 euros ne trouveront plus preneurs !

Il faut donc avoir le courage politique de demander la suppression de ces 40% qui empêchent d’envisager la moindre politique économique un tant soi peu viable dans notre pays. Qui entraînent une surconsommation hallucinante dont le bénéfice va tout droit dans la poche des Békés et des grands patrons de couleur. Qui détruit notre minuscule Martinique par miette de 500 m2 pour que chacun puisse y construire sa villa à lui. Qui empêche l’érection d’un transport public fiable et rentable dans la mesure où n’importe qui, y compris le Rmiste, peut s’acheter son véhicule personnel. Qui fait surtout que tout produit fabriqué chez nous est automatiquement deux ou trois fois plus cher qu’à l’extérieur et donc quasiment invendable (ou inexportable). Et qui enfin favorise le « génocide par substitution » puisque sans cette prime coloniale, peu de fonctionnaires hexagonaux demanderaient leur mutation aux Antilles.

Les 40% sont un poison. Un cancer économique. Il faut, pour lutter contre cela, une thérapie de choc.

Une ablation pure et simple…

Attention ! Je ne dis pas que le malade sera guéri c’est-à-dire que tous les problèmes économiques de la Martinique seront automatiquement résolus. Je dis que la moitié au moins de ces problèmes seront résolus, ce qui n’est déjà pas si mal.

Quel homme politique martiniquais, quel syndicaliste, quel militant associatif, quel artiste, quel intellectuel aura le courage de le dire ?

Pour moi, toute personne qui lutte pour le maintien des 40% est objectivement favorable au maintien du joug colonial français en Martinique.

Commentaires

sakini | 19/03/2009 - 09:36 :
Article courageux Mais je pense qu'il est déjà trop tard. Il aurai fallu à l'époque supprimer ces 40% pour les hexagonnaux plutot que de les généraliser. Il sera impossible de supprimer ces 40% d'un coup maintenant Ils nous tiennent bien sur ce coup la. PS pas besoin d'attendre la suppression des 40% chaque fonctionnaire pourrait déjà donner 40% de son salaire pour des associations; aider à monter des entreprises locales, investir dans le developpement durable, etc...
joce | 20/03/2009 - 16:14 :
juste rappeler que de toutes façons, a la retraite vous renoncerez aux 40% de vie chère!! C'est complexe mais nous devons y réfléchir . j'ai l'honneur de rappeler que la CSTM Colson jusqu'au départ des dirigeants historiques dont je faiais partie, n'a jamais revendiqué les 40%de vie chère dans aucune de ses luttes mais bien posé le problème sociétal de la psychiatrie dans un pays déja fragilisé par le chômage et la vie chère ! donc suis a l'aise pour dire que s'il ne faut pas niveler le niveau de vie par le bas et renoncer a leurs acquits( arguments des syndicats et des fonctionnaires )il faut aussi admettre que les primes coloniales des fonctionnaires venus de l'hexagone justifient leur arrivées massives, on ne peut leur reprocher et c'est le prix a payer par tous. Bien sur il n'est pas juste et il n'a jamais été juste que nous acceptions ces différences de revenus entre un SMIG qui est resté longtemps , lui, inférieur de 40% a celui de la France ( dans les années 1970 , le rattrapage a été super lent et progressif! ) nous nous sommes battus pour cela . Ces 40% de vie chère s'appliquant a TOUS les fonctionnaires de l'Etat, aux médecins des hôpitaux, aux enseignants , au personnel qui va de l'aide soignante aux professeurs agrégés mais ,en plus, pour une catégorie de personnes cette prime de vie chère augmente considérablement si on y ajoute les primes d'installation étalées sur trois ans et égales a des mois de salaires ,les frais de déménagement , les voyages payés a toute la famille tous les deux ans etc etc etc etc.. Pour limiter la venue massive de français dans les services publics on pourrait passer par la suppression de ces primes coloniales , et des 40% de vie chère au moins pour ceux qui viennent( certains veulent s'accrocher a leurs acquits,et c'est humain et on peut l'admettre et le comprendre,) mais nos luttes dans le collectif du 5 février pour l'équité et l'égalité passent aussi par ces considérations . Quant au privé qui recrute essentiellement en France les actes de résistance sont autres. Mais il est vrai que cette épée de Damocles que les syndicalistes du public ont depuis des années maintenue hors de leurs têtes finira bien un jour a , non pas la leur trancher, mais a couper le lien de l'aliénation
baroudeur | 20/03/2009 - 17:51 :
Je ne suis pas fonctionnaire mais un retraité de la défense nationale; et vous près de la retraite? Des gens se sont mobilisés afin de bénéficier de ces 40% ce qui a permis de rétablir une injustice entre fonctionnaires métropolitains et domiens. Faudrait il aussi supprimer les avantages des employés de banques? Et le salaire des dockers? ces fameux 40% sont minimes à côté. Et ceux qui travaillent au noir, ce qui leur évite de payer des taxes ou impôts?
luc_andre | 20/03/2009 - 19:05 :
Mr Confiant, vous avez eu l'honneteté et le courage d'exposer ce probleme qui fera reagir certainement bon nombre de fonctionnaires mais qui se doit d'etre pose. Mes deux parents etaient enseignants et ont participé à cette greve de 1953. Ils souhaitaient que leurs 7 enfants soient fonctionnaires mais nous avons choisi d'etre differents, d'etre ce que nous avions choisi d'etre. Si les 40% avaient pu avoir une reelle exigence il est bon de reconnaitre qu'aujourd'hui nous avons suffisammentde jeunes formés pour enseigner et éduquer nos enfants. Comme certains se plaignent d'un genocide par substitution la suppression des 40% reduirait de 80% l'arrivee d'enseignants de la France hexagonale et nous eviterions a notre tour de partir a la recherche de primes et d'allocations diverses en Guyane, Polynesie et Nouvelle Caledonie!!! Ces 40% aujourd'hui sont comme les fameuses demandes du collectif, a savoir augmenter des salaires et reduction des prix, une ineptie economique car qui s'est soucié d'un smic inferieur de 20% par rapport à la France hexagonale? Les articles alimentaires, les loyers et les voitures sont et etaient proposes sans reductions aux gens du prive!! Pour repondre à Joce qui parlait de l'embauche dans le prive et que seuls les "autres" etaient embauchés je lui dirai que j'ai toujours travaille dans le prive et je n'ai pas fait l'objet d'un recrutement exterieur. Il y a trop de cadres antillais aux affaires ici pour que de telles affirmations fausses soient diffusées à longueur de journee. Bien sur il est peut etre preferable d'etre leader syndicaliste et fonctionnaire ou independantiste et fontionnaire de l'Etat français!! Certains cerveaux antillais ont souvent besoin d'un marche plus large pour s'exprimer car souvent la Martinique avec ses 400 000 hab semble etre le centre du monde pour certains! Pensez vous que José JACQUES GUSTAVE et Alick MOURIESSE auraient pu etre à la tete de ces entreprises qu'ils dirigent aujourd'hui si ils etaient restes à Terre Sainville ou a Didier? Je ne le pense pas. Merci Mr Confiant poure ces prises de position qui feront, je l'espere, un grand nombre de nos compatriotes reflechir sur le demain de notre pays.
domlemetro | 21/03/2009 - 03:10 :
Bravo et merci pour ce langage de vérité. Je suis d'accord avec tout cet article et pourtant je bénéficie des 40 % ... Autant les revendications de cette gréve ne feront qu'accroitre le désastre économique de la Martinique, autant les débats qui l'accompagne semble enfin aborder les vrais sujets : certains commencent à rompre l'omerta, ... J'ajoute une proposition en complément de la suppréssion des 40 %: il aurait été souhaitable d'augmenter de 20 % les prix des produits importés pour favoriser la production et la consommation de produits locaux (la taxe perçue viendrait soutenir la production locale). Qu'en pensez-vous ? Mais qui se plaint en Martinique du joug colonial français, en dehors de quelques intellectuels de Montray Kréyol et de KMT ? Il n'est d'ailleurs plus question d'indépendance si j'ai bien compris. Mais l'Etat Français n'a pas non plus très envie de maintenir son système colonial. J'ai été sincèrement décu d'apprendre le résultat du référendum en Martinique en 2003, mais je m'efforce d'être démocrate. Je crois même qu'un consensus pourra être trouvé entre les collectivités locales et l'Etat. Et même ce consensus serait insuffisant pour supprimer les 40 %. Car le véritable ennemi ce n'est pas l'Etat : c'est notre addiction à la consommation.
vava | 21/03/2009 - 04:10 :
La proposition de suppression des 40% que fait Ralph Confiant est intéressante, généreuse. Mais présentée comme telle, elle n'a aucune chance d'aboutir. Pour deux raisons : 1) tout salarié projette l'augmentation de son salaire ; 2) toute diminution de salaire, a fortiori de 40%, est intolérable. Il n'en reste pas moins que, pour les raisons fort justement indiquées par Confiant, les 40% ont un effet mortifère sur l'économie et la société de notre pays. Il faut donc trouver une solution. On pourrait peut-être s'en sortir en proposant ceci : Les 40% ne seraient pas supprimés d'un coup mais les augmentations de salaire liées l'inflation ne seraient pas versées jusqu'à disparition de ces 40%. En 10 ans maximum, cette prime disparaîtrait des traitements. L'Etat continuerait néanmoins à verser pendant 30 ans l'équivalent des 40%. Les sommes dégagées seraient affectées un fonds de dévéloppement économique de la Martinique. Ce fonds serait alimenté pendant 10 ans environ par le versement partiel des 40% (récupéré au fil de l'inflation), puis pendant 20 ans par le versement de leur montant intégral. Au final, ce fonds recevrait plusieurs milliards d'euros. Ce fonds serait géré comme un fonds privé et ses actionnaires seraient les fonctionnaires de Martinique, lesquels auraient renoncé à l'affectation directe de leurs 40%. A terme, ils disposeraient d'un nombre d'actions au proprata des 40% qui ne leur auraient pas été versés. Ainsi, un fonctionnaire à l'aube de la retraite recevrait peu d'actions. A l'inverse, un fonctionnaire jeune et récemment recruté en recevrait un maximun (le gain d'actions progressant à mesure de l'abondement du fonds). Cependant, les fonctionnaires recrutés dans 20 ou 25 ans ne bénéficieraient que d'actions équivalant au montant de 10 ou 5 années de 40%. Enfin, les actionnaires recevraient des dividendes en fonction des bénéfices réalisées par les sociétés dans lesquelles investirait le fonds. Ce montage présente deux avantages principaux : 1) si le fonds est géré avec efficacité, les fonctionnaires récupéreraient leurs 40% et peut-être davantage ; 2) les fonctionnaires participeraient concrètement au développement économique du pays, dans la mesure où des sommes rendues disponibles grâce à eux seraient affectées uniquement à du développement. Autre avantage, cette fois pour l'Etat : au bout de trente ans il serait débarassé du versement aux fonctionnaires martiniquais de cette surcharge salariale. Ce montage ne règle toutefois pas totalement l'injustice qui consiste à voir certains salariés continuer à être privilégiés alors que d'autres ne le seraient pas (pendant trente ans en effet, les 40% continueraient à être versés aux fonctionnaires, fusse d'une autre façon, et ces derniers bénéficieraient à terme d'un stock d'actions représentant de la valeur monétaire et produisant des dividendes auxquelles les autres n'auraient pas droit). Mais cette injustice serait contrebalancée par la renonciation des intéressés au bénéfice immédiat de leurs 40%, et surtout par le soutien formidable que représenterait cet apport financier au développement général du pays.
michel | 21/03/2009 - 19:18 :
De Michel Fouillet - 21 mars 2009. Entièrement d'accord avec l'article de Raphaël Confiant. Certes, Fonctionnaire venu de France, j'ai exercé de 1974 à 1981 comme inspecteur des douanes à Basse Terre en Guadeloupe. J'ai donc perçu la prime d'éloignement et le sursalaire de 40% pendant tout mon séjour. Ci-après quelques observations, précisions et propositions. 1 - Il est vrai que tous les fonctionnaires, quelques soient leur origine, percevaient la prime d'éloignement (dans les DOM ou en France) et perçoivent le sursalaire. Il convient en effet de le préciser nottament pour ceux qui s'imagine, en France, que les "Domiens" sont exclus de ces primes. 2 - Il convient de préciser qu'à la Réunion (?) et dans les TOM, ce sursalaire (pouvant atteindre le coefficient de 1,8) est également perçu pendant la retraite dès lors que le retraité vit effectivement 6 mois au moins par an dans le territoire en cause, même s'il n'a jamais exercé d'activité professionnelle dans ce TOM. 3 - Pour les DOM, jamais on ne parle des douaniers qui perçoivent, en plus des 40%, une prime égale à 25% du traitement. Cette prime est prélevée du produit du droit d'octroi de mer. Bien entendu, ces même douaniers ne travaillent pas 25% de plus. 4 - Toujours au titre de l'octroi de mer, d'autres agents des finances, nottament les TPG perçoivent des sursalaires en plus des 40 %. 5 - En 1981, ces deux primes n'ont pas pu être modifiées, encore moins supprimées par le ministre socialiste Henri Emmanuelli. Il proposait un système rejoignant les préoccupations de Vava et de Sakini : supprimer les primes au bénéfice des fonctionnaires concernées, l'Etat les versant dans un fond d'investissement. Après beaucoup de lobbying, le 16 mars 1986 est arrivé. Exit ces bonnes intentions. 6 - La gauche revenant au pouvoir, la prime d'éloignement a été supprimée. Très bien ! Les fonctionnaires concernés demandent leur mutation en connaissance de cause, donc pas de problème. 7 - Dans le cadre des négociations économiques et sociales à venir, suite aux grèves générales, il convient de revenir sur la prime de vie chère : - en accordant pas cette prime aux nouveaux fonctionnaires en activité dans les DOM dès lors que l'information aura été donnée préalablement à leur affectation , - diminution de la prime de vie chère à due concurrence de l'inflation, - le différentiel non perçu devra être versé par l'Etat dans un fonds d'investissement et de développement géré par chacun des conseils régionaux, - contrairement à ce que propose Vava, il n'y a pas lieu de faire bénéficier les fonctionnaires en cause d'une dotation en actions. Ces agents de l'Etat participeraient ainsi au développement de leur département, - bien entendu, il faut commencer tout de suite et très rapidement par la suppression pure et simple de la prime "octroi de mer" de certains agents, prime qui n'a aucun fondement social, économique ou de surcroit de travail. Au delà de ces mesures une autre doit également être mise en oeuvre : la suppression de la dualité artificielle des région / département. Difficile à mettre en oeuvre, j'en conviens. A l'époque, toujours en 1981, le gouvernement Mauroy s'y était attelé. mais la loi avait été sanctionnée par le conseil constitutionnel suite au recours de la droite intrduit à l'initiative de Michel Debré et de Lucette Michaux-chevry. Mais depuis lors, cette dernière semble avoir changé d'avis... Un autre mesure également : Pourquoi une réduction de l'iRPP non justifiée. le différentiel pourrait également abonder le fonds d'investissement. Bon courage à tous
thierry | 04/01/2011 - 19:20 :
Réponse d'un héxagonal à propos de l'attrait de la Martinique, pour les fonctionnaires hexagonaux. Il y a 20ans, en plus des 40 %, étaient octroyés aux fonctionnaires affectés dans les DOM, une prime d'éloignement, équivalente à 3 fois 4 mois de traitement brut, à l'arrivée, après 2 ans et après 4 ans. C'était un sacré pactole. Cette prime a été supprimée, comme d'autres avantages en nature. Les hexagonaux, qui ne sont pas tous cons, savent le côté inflationniste des 40 %. Pourquoi recevoir 40 % de plus lorsque la cherté de la vie est plus de 50 % qu'en métropole. Les DOM, comme la Martinique ou les autres NE REPRESENTENT PLUS UN ATTRAIT FINANCIER pour les fonctionnaires métropolitains. La preuve en est que sur les listes de mobilité, qui se réduisent de plus en plus à peau de chagrin car on supprime des fonctionnaires en France et c'est même la chasse, et bien IL Y A PLETHORE DE POSTES EN DOM DONT PERSONNE NE VEUT.

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