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Delia Blanco, écrivaine et intellectuelle dominicaine

Delia Blanco, écrivaine et intellectuelle dominicaine

Delia Blanco est une personnalité très connue du monde des arts et des lettres de la République dominicaine qu’elle connaît sur le bout des doigts. Elle est tout aussi familière du monde littéraire et artistique de la Caraïbe et tout particulièrement celui d’Haïti. Elle anime depuis quelque temps le centre de la francophonie de la Fondation pour la démocratie (Funglode) de l’ex-président dominicain Leonel Fernandez. C’est donc avec un très grand plaisir que nous rencontrons pour vous cette écrivaine et grande dame de la culture dominicaine avec qui nous allons un peu explorer pour vous, chers lecteurs du National le monde culturel de ce pays voisin dont nous parlons beaucoup, mais que nous connaissons très peu.

Le National : Bonjour Mme Delia Blanco. Comment allez-vous? Pouvez-vous nous parler brièvement de vous et de votre itinéraire ?

Delia Blanco : Mes grands-parents et mes parents sont du nord de l’Espagne, du côté de ma mère basque de Vizkaya région de Bilbao et du coté de mon père du nord extrême de la région galicienne de Saint-Jacques-de-Compostelle, les deux familles progressistes, républicaines et libertaires qui ont du suivre l’exil comme tant d´autres, exil économique et politique face à la dictature franquiste. De ce berceau d’idées est né mon engagement pour la justice et la liberté, mais aussi mon respect pour la littérature et l’art dans toute son expression.

Enfant, j’ai développé le goût pour la littérature et la musique, très jeune et pour les langues, à 8 ans, j’étais passionnée de latin, car je recevais des cours pendant les vacances d’un séminariste de la paroisse qui levait la soutane pour jouer au football et qui lisait « L’Humanité » et nous enseignait les fables de La Fontaine avec une intention très dialectique…

J’ai grandi à Paris où j’ai fait toute ma scolarité et mes études supérieures. Paris IV La Sorbonne où j’ai suivi des études de lettres modernes. J’ai eu les meilleurs professeurs que je n’oublierai jamais comme Garapon, spécialiste de Bossuet, Lethellier, maître de la phrase française, mais aussi Molho, érudit, chef d’orchestre du 17e siècle de littérature espagnole et j’ai présenté le diplôme du Centre d’études ibériques et latino-américaines (CEILA), tout ceci entre 1968 et 1975.

À partir de cette date et après ma licence et maîtrise, en préparant mon D.E.A et ma thèse, appliquée à la la Chronique des INDES à Paris, j’ai eu le bonheur de connaître toute la communauté latino en exil ou en études. Et j’ai fréquenté des personnes et des personnalités qui m’ont communiqué la passion pour la littérature et les arts avec un regard transversal et multiculturel. J’ai eu la chance de connaître et de fréquenter très intimement Julio Cortazar, avec qui j’ai développé une grande amitié, pendant les 10 dernières années de sa vie. Garcia Marquez passait de temps en temps à Paris et il visitait la communauté jésuite latino-américaine de la Rue de Grenelle dont j’étais membre.

Cependant, venant de Lettres anciennes, à vingt ans les littératures française et espagnole étaient sur ma table de nuit. Petite fille de républicains espagnols, je fréquentais les milieux progressistes et d’avant-garde comme Fernando Arrabal, et surtout l’actrice Maria Casarés qui était solidaire et proche des militants pour la démocratie en Espagne, en Grèce, partout où elle était menacée. Je suis une jeune soixante-huitarde qui a gardé dans ses principes humains la sagesse de la fraternité et de la responsabilité, héritée de Camus, mais aussi les enseignements chrétiens.

L. N. : Vous vous intéressez beaucoup à la francophonie au niveau de la Caraïbe. Comment la situation est-elle de ce point de vue en République dominicaine, car nous savons que votre pays s’intéresse beaucoup aussi à ce segment culturel transnational qu’est la francophonie.


D. B. : Ma francophonie vient de mes amis haïtiens, africains, cambodgiens, mauriciens qui, à travers une même langue habitée de divers accents et symphonies, m’ont offert des cultures et des pays merveilleux, et une fraternité de toutes les couleurs. Sachez que c’est important, un tel héritage !

J’ai eu l’honneur de partager des idées et communiquer avec Toto Bissainthe, Jean Métellus, Raymond Chasles, poète mauricien, hélas disparu. Grâce à la Revue Noire, j’ai aussi connu des artistes du continent africain. C’est cette idée de fraternité de toutes les origines et de toutes les cultures et sociétés qui m’a rapprochée de la francophonie comme un instrument ouvert et pluriel pour appartenir à la civilisation de l’humain.

Mais aussi la dimension d’une langue, le français, qui nous offre un texte comme « Cahier du retour au pays natal », mais aussi « Ethiopiques », « Gouverneurs de la Rosée », « La lézarde », « Au pipirite chantant » etc. Alors j’ai voulu poursuivre ce dialogue en République dominicaine et j’ai trouvé un interlocuteur, l’ex-président de la République dominicaine Leonel Fernandez, homme de culture et de dialogue, francophile et ouvert sur la diversité culturelle qui m’a invitée à participer dans une équipe qui a préparé l’entrée officielle de la République dominicaine à l’OIF comme pays membre associé, en octobre 2010, pendant le Sommet de Montreux en Suisse, et qui, par décret présidentiel, m’a nommée ambassadeur de la Francophonie après le succès de Montreux.

La Caraïbe est un réservoir énorme pour vivre une francophonie ouverte et plurielle, touchant la Louisiane, La Guyane, dans un rapport insulaire et continental favorable à tous les vents. En francophonie la justice et la paix ont toute leur place.

L. N. : Vous êtes écrivaine, spécialiste en art. Qu’est-ce qui vous a emmenée vers la francophonie en tant qu’hispanophone?

D. B. : La francophonie, pour moi, est un instrument d’intégration, de partage, de solidarité, d’économie juste, de conscience humaine et écologique, une langue et beaucoup plus que la langue.

La francophonie est la cohabitation du multilinguisme, de la diversité complémentaire des cultures, et c’est surtout un instrument de sagesse et d’humanité.

Étant totalement bilingue, je peux vous démontrer du point de vue linguistique comment ces deux langues l’espagnol et le français se complètent et élargissent l’esprit, mais du point de vue philosophique et éthique se nourrir du Quichotte et de Descartes vous invite à une grande élasticité de la pensée et des concepts. J’ai grandi dans les deux langues.

Du point de vue de la littérature, lire les grands écrivains haïtiens, africains, latino-américains, c’est avoir accès aux littératures les plus innovantes du 21e siècle.

La francophonie me donne les réponses d’un monde possible, un monde de rêves et de réalités, nécessaires pour vivre. Comprenez alors comment le réel merveilleux de Alejo Carpentier colle aux idées de partage, comment il nous enseigne la Révolution et les dangers et menaces du pouvoir dans un royaume en ce monde, mais aussi dans le Siècle des Lumières. Ceci est écrit en langue espagnole, mais réfléchissez , le message vient de l’illustration et des philosophes qui ont annoncé la Révolution.

La littérature de langue espagnole et la littérature de langue française sont sœurs et elles se complètent et servent l’humain dans toute sa force de rêves et de réalités.

L. N. : Dans quelle mesure la francophonie est-elle complémentaire de l’hispanophonie ?

D. B. : Je vais vous répondre en poursuivant le point précédent. Gabriel Garcia Marquez fonde Macondo un lieu de l’esprit de l´auteur, devenu une réalité nourrie d’imaginaires. Glissant nous offre un Tout Monde de partage. Ces deux auteurs nous démontrent d’un point de vue narratologique à partir du roman. Chamoiseau nous offre « Le vieil homme esclave et le molosse ». Alejo Carpentier écrit «Les fugitifs » en 1926. Phelps écrit « Mon pays que voici », Pedro Mir, « Este es mi país »…

Les exemples de complémentarité comparatiste en francophonie et hispanophonie touchent aussi les arts, la musique, le théâtre, la danse, parce que pour notre francophonie des Amériques, les dialogues sont multiples.

En 1992, 18 ans avant que la République dominicaine ne devienne pays membre associé de la Francophonie, grâce aux bons offices et l’intelligence diplomatique de ma chère amie amie Maryse Pénette, ambassadrice de Haïti à Bruxelles, qui nous a financés avec les fonds FED octroyés par les ACP, j’ai écrit un livret musical en honneur à Henriette Saint-Marc et ce spectacle « Mémoire insulaire » a été présenté à l’Expo universelle de Séville avec la Direction de Pola Clermont Péan pour la mise en scène et Xiomara Fortuna pour la musique et la voix avec la chorégraphie de Florencia Pierre et les tambours de Atissou Loko et Cukin Curiel, sous la direction générale et l’interprétation de Michele Lemoine. Mon engagement pour Haïti et la République dominicaine vient de loin, ainsi que ma fraternité, car c’est avec les Haïtiens que j’ai fondé en 1989 l’Association « Art Nouveau Paris Caraïbes » grâce à la collaboration de Michèle Lemoine, Barbara Prézeau, José Castillo, Jean Métellus qui m’ont tous encouragée. Si je donne ces exemples, c’est que je voudrais dire à vos lecteurs que la culture et la création nous approchent et nous aident à nous connaître, car rien de plus délicat que les complémentarités différentielles et opposées comme Haïti et la République dominicaine, les artistes, les intellectuels portent le dialogue.

L. N. : Vous vous intéressez beaucoup aux littératures francophones du monde, de la Caraïbe et d’Haïti. À quel point en sont vos recherches à ce sujet ? Et comment percevez-vous la littérature haïtienne contemporaine ?

D. B. : Pour moi la littérature est ma planète. J’ai organisé en République Dominicaine un congrès avec la Fondation Global, Funglode, Haïti et la République dominicaine, La littérature en partage ayant pour invités Yannick Lahens, Kettly Mars, Jean Métellus, nous avons fait un hommage à ces écritures fondamentales pour mieux nous connaître. La littérature haïtienne est le sillon de l’âme des Haïtiens, mais aussi de leurs problématiques, dans une société où le mensonge triomphe avec la corruption, nous devons nous alimenter de Frankétienne, Davertige, Philoctete, Fignolé et avoir un grand regard de lecture pour Lyonel Trouillot et Dany Laferriere. Mais attention les nouvelles générations d’écrivains s’imposent et nous devons prêter attention à toutes ces écritures des 10 dernières années qui existent à travers le Québec et Paris. Il y a là un nouveau terroir littéraire. Attention à cette écriture urbaine qui nous vient avec de nouvelles résonances pays.

L. N. : Y a-t-il d’après vous un point commun entre les littératures francophones, hispanophones et anglophones de la caraïbe ? Si oui pouvez-vous nous en dire un peu plus?

D. B. : L’ensemble des auteurs de cette région dans la première partie du 20e siècle pose la question de la décolonisation, l’émancipation et la recherche des identités face au pouvoir colonial et métropolitain. Mais ce qui m’intéresse c’est comment la langue se fait langage littéraire, comment dans chaque circuit linguistique l’image s’impose, le rythme, la musique, l’oralité pour en faire un discours littéraire.

Tous les écrivains et écrivaines de la Caraïbe ont leur propre langue et langage littéraire, et dans cet ensemble nous avons un concert d’écritures de femmes qui donnent leur propre vision de l’Histoire dans leurs écrits et qui nous disent bien plus que le rapport politique à la citoyenneté. Quand vous lisez Simone Schwartz Bart, Maryse Condé, Jamaica Kincaid, Yannick Lahens, Edwige Danticat,vous entrez dans des mondes souvent oubliés, comme la mémoire affective, la douleur, mais aussi la résistance et le combat.

Aujourd’hui, la Caraïbe élargit son écriture avec le travail des femmes écrivaines, leur présence dans les grandes maisons d’édition et leur écho dans le monde, de leur engagement. Mais je ne pourrais me lasser de rendre hommage à la poésie et dans toute la Caraïbe elle est présente , innovatrice, audacieuse et virulente,

L. N. : Nous savons que la littérature dominicaine tout comme la littérature haïtienne est d’une très grande richesse. Vous avez chez vous des poètes et des écrivains de haute valeur et de grande envergure. Pouvez-vous dresser un panorama de la littérature dominicaine contemporaine pour tous ces lecteurs du « Le National » qui vous lisent en ce moment?


D. B. : Une question énorme qui exige un essai, mais je serai précise. Nous sommes face à une littérature qui s’est imposée à la fin du 19e avec un mimétisme pour les courants littéraires castillans et les auteurs ont répondu avec la langue du colon. Il faudra attendre la fin de la dictature trujilliste pour trouver des auteurs comme Marcio Veloz Maggiolo, le plus grand romancier contemporain, traduit en français et en italien, qui est édité en Espagne chez Siruela et qui a obtenu le Prix de la Casa de las Américas. Je recommande de lire « L’homme au tambour » et « L’Apprenti sorcier ». C’est un immense intellectuel et un démocrate. Les plus grands poètes sont pour moi René Del Risco, Manuel Rueda, Tony Raful, José Mármol, chacun porte une langue propre et une vision poétique où l’expressionnisme est très présent, amis aussi de l’exaltation. Ce pays est un pays de nouvelles, un genre très développé par Juan Bosch avec la série de ses nouvelles en exil et après l’exil, cependant ma tasse de thé en nouvelles c’est Virgilo Diaz Grullon qui a une résonance Maupassant et Cortazar. Mais il faut tenir compte des écrivains de la dispora new-yorkaise comme Julia Alvarez traduite en français chez Métailié,. Je conseille de lire « Le temps des Papillons » sur les sœurs Mirabal, héroïnes de la lutte anti-trujilliste. Et bien sûr, il faut tenir compte des plus contemporains comme Rita Indiana, qui a écrit plusieurs romans d’atmosphère urbaine. Je recommande de lira Papi. Votre question mériterait une conférence, car je laisse trop d’écrivains de côté. Il y a toute une anthologie de poésie dominicaine qu’il faudrait aborder. En attendant, vous pouvez chercher chez l’éditeur « Le temps des Cerises », une anthologie bilingue de 12 poètes que j’ai traduite en français et qui offrent un regard objectif sur la poésie dominicaine contemporaine. Je dirais que ce pays est un pays de nouvelles et de poésie.

L. N. : Vous êtes aussi critique d’art et spécialiste de la peinture dominicaine. En Haïti nous connaissons très peu l’art pictural dominicain. La critique et spécialiste que vous êtes peut-elle nous donner une idée globale de ce segment important de la culture dominicaine.


D. B. : La République dominicaine est un pays d’art. Dès l’indépendance, les divers courants plastiques académiques se sont confirmés. Le pays a connu un production plastique picturale néo-romantique, impressionniste et post-impressionniste,.

C’est avec Yoryi Morel, que s’impose un image impressionniste locale, avec l’image priorisée à la nature native. Grâce à lui se développe dans le pays un courant national de l’image. À partir des années 40-50 avec la naissance de l’École des Beaux-arts et le Palais des Arts de Républicains espagnols en exil, la modernité et les avant-gardes voient le jour.
Cependant, c’est la génération des 50-60 qui forme les nouveaux talents avec académisme et influence européenne.

Les artistes des années 60, anti dictature, politisés et engagés dans la guerre d’avril pour se libérer de l’intervention américaine, ouvrent leurs ateliers à la résistance politique et forment une modernité de conscience nationale, en rupture avec les modèles, et se joignant à l’art de résistance de toute l’Amérique latine. La génération des années 80 anime la Biennales Nationales, Internationales, les artistes commencent à voyager et à se mesurer à la production post-moderne globale. Développant de grands artistes conceptuels, performeurs, installateurs, conceptuels, tout en maintenant le lien avec la Biennale de la Havane, Rio, Basel, Shangai, Arco Madrid etc. Aujourd’hui, les artistes postmodernes dominicains appartiennent au monde global de l’art. L’art est apprécié en République dominicaine, les classes moyennes achètent de l’art. Et ici les artistes se mobilisent internationalement à travers des bourses de séjour international.

L. N. :À titre de curiosité, comment est organisée la politique culturelle dominicaine de manière globale?

Delia Blanco : Nous avons un ministère de Culture, des maisons de l’art et de la culture dans les différentes villes des régions et des provinces, nous avons des structures comme le musée d’art moderne, le théâtre National, le Palais des Beaux Arts et divers festivals tous les ans de danse, de théâtre, de musique classique et traditionnelle à travers tout le pays. Mais avoir tout cela d’un point de vue structurel ne signifie que tout marche, car la programmation culturelle est dépendante du contexte politique et le clientélisme du secteur culturel n’a rien à envier au secteur politique du moment. Nous avons la matière, mais pas encore une politique artistique et culturelle libre et indépendante

L. N. : Comment évoluent l’art et le secteur culturel dominicain en cette période de pandémie du coronavirus/covid19 ? Et comment voyez-vous l’avenir des arts plastiques dans votre pays?

Delia Blanco : Nous sommes en attente de la Biennale des Arts plastiques, repoussée et annulée en trois reprises, pour des raisons multiples. Les artistes en cette période ont marqué leur présence en cette période en exposant leurs œuvres par zoom, vidéo-conférences, ateliers visuels etc…La production artistique continue. Les artistes travaillent dans leurs ateliers en protégeant et créant des liens internet. Moi-même, j’ai organisé une exposition par zoom. On résiste.

L. N. : Avant de terminer avec cette entrevue je me livre à un petit quiz culturel avec vous. Qui mettrez-vous dans le top 10 des plasticiens contemporains de la République dominicaine?

Delia Blanco : Vicente Pimentel, peintre expressioniste lyrique, résidant à Paris ; Ada Balcacer, peintre ; Domingo Liz, Manuel Montilla, Alonso Cuevas, Belkys Ramirez, Jorge Pineda, Ezequiel Taveras, Garcia Cordero, Peña Defillo.

Le National : Delia Blanco, nous vus remercions beaucoup et espérons vous rencontrer de nouveau très bientôt !

Propos recueillis par:
Azad Belfort

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