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Deux livres sur une sombre affaire qui a secoué l'Université des Antilles

     Deux livres sur une sombre affaire qui a secoué l'Université des Antilles

    Durant ces quatre dernières années, l'Université des Antilles a été secouée par le retentissant scandale du CEREGMIA qui a défrayé la chronique et dont le premier épilogue fut, il y a quelques mois, la révocation de la fonction publique des trois principaux responsables de cet ex-groupe de recherches établi des décennies durant__on l'oublie trop souvent !__tant en Martinique qu'en Guadeloupe et en Guyane.

    Le second épilogue est à venir et il concerne l'aspect proprement judiciaire de cette triste affaire puisqu'il concerne le remboursement des 12 millions d'euros envolés (dont l'université a déjà été contrainte de rembourser 5) et le passage à la barre des tribunaux des responsables en sachant que 43 personnes sont impliquées selon le rapport de l'IGAENER (Inspection Générale de l'Education Nationale et de la Recherche) lequel les désigne nommément.

   En attendant deux livres sont parus et évoquent l'affaire.

   Oh certes, sans jamais nommer l'Université des Antilles ! Sans jamais nommer le CEREGMIA ! Sans jamais donner les noms des trois révoqués ni celui d'aucun de leurs 43 comparses ! Mais n'importe quel lecteur antillais ou guyanais sait immédiatement, et cela dès les premières pagesn de qui et de quoi il s'agit. Et surtout de quoi il en retourne. Le premier de ces ouvrages est "LE TALISMAN DE LA PRESIDENTE" (éditions Ecriture) de Mérine  CECO, sorte de confession d'une femme dirigeante prise en étau entres des machos d'une part et des maffieux de l'autres (sachant que ces derniers sont aussi de fieffés machos). Ce livre a connu un succès considérable, demeurant plus de 6 mois en n° 1 des ventes de livres aux Antilles et figurant toujours, en cette fin d'année dans le Top 10. La presse écrite, parlée et télévisée en a abondamment parlé ainsi que les sites-web et autres blogs de sorte que nous n'y reviendrons pas.

   Le deuxième ouvrage__qui nous intéresse dans le présent article__est dû à la plume alerte d'André BERTHON, célèbre journaliste qui fit jadis le bonheur de Radio Caraïbes International, puis d'ATV. Il a d'ailleurs pour titre "MEURTRES A TELE-CARAIBES" (Caraibéditions). BERTHON s'est lancé depuis, avec bonheur, dans le polar tropical puisqu'avant cela, il avait déjà publié chez le même éditeur "CAREME DE SANG AUX ANTILLES". D'entrée de jeu, "MEURTRES A TELE-CARAIBES" livre au lecteur le traditionnel avertissement :

   "Les personnages et les événements décrits dans cet ouvrage sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements ou des entreprises ayant existé, serait purement fortuite".

   Ouais...

   Regardons-y de plus près dans ce polar qui met en scène un mystérieux personnage qui attente à la vie des journalistes de Télé-Caraïbes, notamment à celle d'une certaine Catherine SAINT-ELOI qui enquête sur une affaire de détournements de fonds à l'université et dont le héros du livre, surnommé "Le Mulâtre", est amoureux. Ce dernier, professionnel du renseignement, va remonter le fil de l'affaire au fil de moult péripéties. Voyons voir donc :

 

   . P. 17 : "A quelques kilomètres de Fort-de-France, dans le salon privé d'un restaurant à la mode proche d'une prestigieuse distillerie de rhum, une quinzaine de convives repus, terminaient un roulé de noix de coco et de patate douce...

                   __Mes chers amis, intervint en se levant un verre à la main l'homme petit et trapu, le visage avenant, qui présidait à ces agapes, levons nos verres à la collaboration avec nos amis universitaires haïtiens  ici présents et à l'amitié entre nos deux pays. Les fonds européens que nous attendions ont été mobilisés et nous allons ainsi pouvoir poursuivre nos recherches sur les trois campus de Martinique, Guadeloupe et Guyane, ainsi qu' à Port-au-Prince...Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, il m'est agréable de vous annoncer qu'en plus des fonds européens nous devrions obtenir des territoires sur lesquels nous exerçons d'importantes subventions. Dois-je vous rappeler les liens fraternels qui nous unissent à nombre de décideurs politiques qui savent parfaitement que nous ne ménageons pas notre soutien à leur action. Levons nos verres à l'avenir, à l'avenir de chacun d'entre nous et à l'avenir de notre laboratoire de recherche, le CERSIAD !"

 

     Aaah, le CERSIAG ! Le beau sigle ! Le sonnant (et trébuchant) acronyme ! Continuons...

 

   . P. 35 : "L'ambiance feutrée qui présidait habituellement aux réunions du conseil d'administration de l'université n'était pas de mise cette fois-ci. Le président avait eu, en effet, des propos extrêmement vifs à propos de la gestion d'un laboratoire de recherches, le CERSIAD. Les premiers éléments de l'enquête , diligentée par l'Inspection Générale de l'Administration de l'Education Nationale, laissaient apparaître ce qui ressemblait fort à des détournements de fonds européens. Cependant, l'enquête traînait en l'absence de pièces essentielles que l'agent comptable s'obstinait à déclarer disparues par accident lors d'une mise à jour du réseau intranet."

 

     Aaah, la légendaire étourderie des agents comptables sous les (tristes) Tropiques ! Continuons...

 

    . P. 41 : "Selon lui, le prochain rapport annuel de la juridiction financière dénoncerait "de graves dysfonctionnements dans la gestion par le CERSIAD de fonds obtenus pour la réalisation de projets principalement financés par les fonds européens...L'un d'eux avait fait des bonds en apprenant le contenu du futur rapport de la Cour des Comptes et l'avait assurée qu'il allait discrètement prévenir un de ses contacts à l'OLAF, l'Office Européen de Lutte Anti-Fraude."

 

   Aaah, l'OLAF ! Ce fameux "FBI européen", chapeau melons et bottes de cuir, qui subitement s'est mis à fréquenter assidument l'île aux fleurs ces dernières années. Continuons...

 

   . P. 84 : "Le déjeuner leur fut servi peu après le décollage et les deux détectives européens de l'OLAF décidèrent ensuite de s'accorder une petite sieste avant de se plonger dans le dossier du CERSIAD. Et ils se félicitèrent d'avoir pris un peu de repos lorsqu'ils découvrirent que les soupçons de fraude sur lesquels ils étaient chargés d'enquêter avoisinaient les dix millions d'euros ! Or, il fallait avoir l'esprit parfaitement clair pour s'y retrouver dans l'écheveau habilement tressé par les dirigeants du laboratoire de recherche pour aspirer de façon indue des subventions accordées au titre du FEDER, le fonds européen de développement des régions, et du FSE, le fond social européen".

 

   Aaah, purée de nous autres ! Bonne mère ! Dix bâtons, dix briques, dix millions d'euros ! Ca doit pas s'trouver sous les sabots d'un ch'val. Continuons...

 

   . P. 85 : "__C'est inimaginable dit le Belge après trois heures d'étude minutieuse de plusieurs dossiers de subvention. Certaines opérations n'ont pas fait l'objet de rapports d'exécution !

              __Il manque également quantité de pièces justificatives pour de supposées réalisations, murmura son collègue de l'OLAF. Nous allons devoir tirer cela au clair avec l'agent comptable de l'université. Espérons pour lui qu'il sera en mesure de fournir les pièces manquantes...

              __Quoi qu'il en soit, on dirait bien qu'il va falloir déclarer inéligible aux fonds européens une bonne partie de ces conventions. Le patron sera ravi si l'on parvient à récupérer quelques millions d'euros !"

 

   Aaah, cette fameuse inéligibilité que TI SONSON a le plus de mal à comprendre. Pourtant, c'est tout simple : tu présentes un projet à l'Europe, elle te file une partie du fric pour le réaliser, tu lui remets, quelques mois ou années plus tard, les pièces justifiant que le projet a bien été réalisé et elle te refile le solde. Sinon, Maman Europe t'oblige à lui rendre son fric...

 

***

 

   Fictif alors ces personnages et les faits exposés dans le polar de BERTHON ? On est en droit d'en douter. Hum... 

   Fictif les tentatives d'enlèvement ou d'assassinat ? Là oui. De toute façon, un bon polar mêle toujours fiction et réalité et "MEURTRES A TELE-CARAIBES", dont nous n'avons pas voulu déflorer l'intrigue (lisez-le !), réussit à merveille cette alchimie littéraire. Tout ce qu'on peut souhaiter à André BERTHON, c'est de continuer à nous régaler de sa plume à la fois légère et acérée.

   (Il se murmure, bouche-en-bas-bras, qu'un troisième livre ayant trait à l'affaire qui a secoué l'Université des Antilles sera très bientôt sur les étals des librairies et qu'il ne ferait pas dans la dentelle comme ceux de Mérine CECO et André BERTHON, mais qu'il serait plutôt du genre "MASSACRE A LA TRONCONNEUSE". Son auteur ? Mystère et boule de gomme !)...

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