Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

DRÔLES, RIBAUDES ET FAQUINS, RIPAILLEZ, FESTOYEZ ; VOICI, TOUT DE MÊME, MES ÉTRENNES …

DRÔLES, RIBAUDES ET FAQUINS, RIPAILLEZ, FESTOYEZ ; VOICI, TOUT DE MÊME, MES ÉTRENNES …

Reciascatis in pace, lémures !

 

Oncques jamais, du moins sur les théâtres qui m'ont concerné, des Antilles à l'Afrique, et aussi de façon privée, ailleurs, l'année 2010 n'aura vu triompher ce qui fait de vous des êtres humains, à savoir, la bêtise, la cupidité, l'ambition, la lâcheté, la médiocrité, la vulgarité, le mensonge, l'indifférence, le mal assis sur le monde, régnant comme un despote ventru et goguenard.

Oncques jamais, les préoccupations de la philosophie, le Beau et le Bien, entre autres, n'ont été aussi ignorées, dans vos vies, dans vos actes. Et l'homme, choisissant d'être résolument bestial, sensus stricto, ne mérite que le châtiment, divin, si ce gueux, ce cuistre, ce soudard sans vergogne de Dieu existait, ce qui est peu sûr, car s'il est dit qu'il créa l'homme à son image, alors qu'on l'estourbisse, qu'il soit roué, lacéré, éviscéré, et finalement pendu, place de grève, pour ses exactions et le crime de vous avoir créés. Et que méritez-vous, vous, en cette fin d'années 2010 ? Les mêmes châtiments et probablement pire. Toutefois, le Beau et le Bien existent et se rapportent à des notions dont vous n'avez cure, l'amour et la morale, qui rôdaillent, rasant les murs, honnis, exilés et chassés de ce monde de ténèbres où ne brillent que les feux de l'enfer, ceux d'une apocalypse et d'un salutaire anéantissement que vos vies appellent résolument de leurs vœux. Je ne peux vous dire « Allez au Diable ! », vous y êtes, béats, homoncules satisfaits de vos pustules, de vos lèpres, de votre incommensurable manque de dignité et d'éthique.

Voici cependant mes étrennes, en espérant qu'elles vous cinglent le visage, mais sans espoir, car je vous sais insensibles par essence à tout cela, déjà ennuyés, déjà ailleurs, bien plus préoccupés par votre insignifiance dont je mesure l'ampleur nanologique et l'inutilité de vous donner à voir et à entendre ce à quoi vous n'avez pas accès. Loin de moi l'idée de vous blâmer, de vous insulter, vous ne méritez pas tant d'égards. Existez-vous encore pour moi ? Pas sûr.

Voici donc un artéfact de l'humanité, mes étrennes, la Beauté nue, que je vous offre par bravade et par mépris, que je m'offre aussi, fidèle à moi-même et, partant, par dédain de vous. L'excellence, disons, ce que j'ai trouvé qui l'approche, comme les parhélies des cieux hyberboréens.

Sylvie Guillem et le Tokyo Ballet

 

Mais l'heure est, en ce 31 décembre, aux grotesques bacchanales, soûleries, ripailles et fornications, fallacieuse paroles, fallacieuses fraternités, aux impudiques fastes, peut-être dédiés à Thoutmôsis III ou à Janus, plus probablement, témoignages d'une connerie congénitale qui s'exprimera, à nouveau, dès demain et pour toute l'année à venir.

Pour ma part, j'en suis réduit à ces 12 vers d'Arthur Rimbaud qui me hantent depuis très, très longtemps, que le temps n'a jamais pu chasser et, au contraire, n'a fait que confirmer.

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

 

Ossuaire, débris du monde, débris d'humanités, je ne vous salue pas ...

 

Thierry Caille

 

Photo du logo : Vous-mêmes, des gargouilles, seulement des gargouilles …

 

>

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.