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DU SUD-SOUDAN A L’AZAWAD : DEUX POIDS DEUX MESURES…

DU SUD-SOUDAN A L’AZAWAD : DEUX POIDS DEUX MESURES…

Depuis notre petite Martinique, entièrement soumise aux médias occidentaux, il nous est difficile de comprendre les soubresauts de l’actualité internationale, y compris ceux qui se déroulent dans ce continent d’où provient la majorité de nos ancêtres à savoir l’Afrique. Deux exemples nous en donnent la preuve : la sécession (réussie) du Sud-Soudan et la sécession (proclamée mais ayant peu de chances de réussir) de l’Azawad ou Etat des Touaregs.

Alors, nous en sommes réduits à nous poser des questions…

Dans le premier cas, on nous a expliqué à longueur de colonnes des grands journaux occidentaux et de reportages télévisés, que de méchants Arabes, habitant le Nord du Soudan, opprimaient de pauvres Noirs habitants le Sud de ce pays qui jusqu’à la sécession du Sud était, avec près de 2 millions de km2, le plus vaste pays du continent africain. Or, lorsqu’on nous présentait les visages de ces « Arabes »__à commencer par la président Omar El-Béchir ou le célèbre idéologue Hassan Al-Tourabi__ou quand un reportage-télé montrait un meeting à Khartoum, on n’y voyait que des visages…noirs. Noirs tout ce qu’il y a de plus noir ! Et quand on se reportait à un dictionnaire, on découvrait qu’en arabe, le nom du pays, Al-Sudân, signifie… « pays des Noirs ». Le conflit qui a déchiré ce pays n’opposait donc pas les « Blancs » du Nord aux « Noirs » du Sud comme n’avaient cesse de le répéter certains « people » occidentaux tels que l’acteur étasunien Georges Clooney, que, soit dit en passant, on n’a jamais entendu défendre la cause de ses compatriotes noirs américains, mais bien des Noirs de culture arabe à des Noirs de culture négro-africaine. En fait, à part une poignée de commerçants syro-libanais et le personnel diplomatique occidental, il n’y avait, et il n’y a pas, de « Blancs » au Soudan. Pour preuve : la photo de l’idéologue « arabe » nord-soudanais Al-Tourabi qui illustre le présent article.

(Tiens, comme c’est curieux : on n’entend pas Clooney et ses compères acteurs hollywoodiens élever la voix contre l’assassinat de sang-froid par un Blanc, la semaine dernière, d’un jeune garçon noir de treize ans dans un quartier résidentiel de Floride. Motus et bouche cousue. Etrange, vraiment étrange. Passons…)

Venons-en à l’Azawad, région saharienne, deux fois plus vaste que la France où vit depuis des millénaires le peuple touareg. Jusqu’à la création artificielle de l’état que les colonialistes français appellaient__tiens donc, « Soudan » !__, état rebaptisé « Mali » à l’indépendance, en 1960, jamais les Touaregs et les Noirs maliens n’ont formé une seule et même entité politique. D’abord, parce que les Touaregs sont des nomades, des hommes du désert, qui migrent à travers l’ensemble du Sahel, alors que les « Maliens » sont surtout des sédentaires et des agriculteurs. La colonisation française a favorisé les Noirs, formant des fils de chefs qui deviendront la future élite du nouvel état, marginalisant les Touaregs qu’elle jugeait indociles, irrédentistes et hostiles à l’acculturation française. Ce qui fait que de 1960 à aujourd’hui, les Touaregs ont été des citoyens de seconde zone, très peu participant à l’élite dirigeante du Mali. D’où des insurrections à répétition, depuis un demi-siècle, contre la domination du pouvoir central sis à Bamako, capitale du pays. Insurrections que n’a jamais soutenu l’Occident ! Aucun Georges Clooney ne s’est mobilisé, n’a rameuté la grande presse occidentale, pour dénoncer l’oppression des Touaregs par les Noirs maliens. Curieux, non ? Bon, de temps à autre, dans tel ou tel organe de presse, on pouvait lire un article sur les « sympathiques Touaregs », article déplorant leur sort, mais rien, absolument rien de comparable à la mobilisation en faveur du Sud-Soudan.

Or, coup de théâtre, en ce début de mai 2012, à la faveur d’un coup d’état à Bamako, les Touaregs ont profité pour chasser l’armée malienne des principales villes de leur territoire ancestral qu’ils nomment l’Azawad et pour proclamer son indépendance. Pris de court, l’Occident, tout en réclamant le retour à l’ordre constitutionnel à Bamako, s’est empressé de déclarer que le Mouvement National de l’Azawad était manipulé par les islamistes d’AQMI (Al-Qaida au Maghreb), manière de disqualifier aux yeux de l’opinion internationale le nouvel état. Or, AQMI est présent à travers tout le Sahel et non dans le seul Azawad ! Il sévit en Mauritanie, au sud de l’Algérie, au Niger etc…et surtout il n’a jamais publié la moindre déclaration dans laquelle il soutenait le combat des Touaregs.

Bref, pourquoi l’Occident a-t-il soutenu financièrement et militairement l’indépendance du Sud-Soudan et pourquoi est-il opposé à l’indépendance de l’Azawad, sachant que l’argument-AQMI (à peine 300 combattants) est bidon ? Pourquoi a-t-il favorisé la partition du Soudan et pourquoi s’oppose-t-il à la partition du Mali ? En quoi les Noirs sud-soudanais sont-ils plus dignes d’accéder à l’indépendance que les Touaregs ?

Questions…questions…questions…

Je suis, pour ma part, tenté de penser__mais peut-être que je me trompe__que c’est parce qu’il considère que les Sud-Soudanais et les Noirs maliens sont plus dociles, plus domesticables, plus dominables que les Nord-Soudanais et les Touaregs…

Aux domesticables, à ceux qui acceptent l’occidentalisation, l’Occident apportent un soutien sans faille. A ceux qui refusent cela, il oppose ses missiles et ses avions « Rafale »…

Commentaires

la_revolucion | 11/04/2012 - 15:54 :
Ouais, enfin je crois surtout que le Nord du Mali regorge sûrement d'uranium et de de pétrole comme la plupart des Etat voisin. Ces ressources naturelles non encore exploitées intéressent sûrement de grandes multinationales et les Etats occidentaux. IL est tout de même étonnant de voir le célèbre groupe folk Touareg, les Tinariwen, faire un tabac dans toutes les salles de concert en France en ce moment. Ils se sont d'ailleurs prononcé pour l'indépendance de l'Azawad au cours de leur tournée en France. Ils défendent leur culture, le mode de vie Touareg et surtout leur langue, le Tamachek ! Enfin, je crois que l'Algérie est le plus grand pays d'Afrique, et ce ceci, même avant la partition. Le Soudan ne vient qu'en deuxième position !

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