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Edouard Glissant (1928 – 2011) : le ministère de la Justice honore l’écrivain martiniquais ce lundi

Outremer 1ère
Edouard Glissant (1928 – 2011) : le ministère de la Justice honore l’écrivain martiniquais ce lundi

Le ministère de la Justice organise ce lundi soir une cérémonie de présentation du fonds d’archives de l’écrivain martiniquais Edouard Glissant. Retour sur l’homme et son œuvre.

Ce lundi soir, un hommage appuyé sera rendu à l’écrivain martiniquais Edouard Glissant, décédé en 2011, au ministère de la Justice à Paris. Christiane Taubira sera présente ainsi que deux autres ministres, Fleur Pellerin (Culture et communication) et George Pau-Langevin (Outre-mer), ainsi qu’une délégation de la Martinique comprenant des représentants du Conseil régional et le romancier Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992.
 
Edouard Glissant n’a pas eu le destin illustre - ni la même reconnaissance internationale - de son aîné Aimé Césaire. Ni la flamboyance légendaire de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui avait choisi de se battre pour la libération de l’Algérie et de l’Afrique. Mais Glissant a marqué significativement la littérature et la pensée philosophique contemporaine, par sa lucidité et son originalité.
 

Prix Renaudot en 1958

C’est en effet par la philosophie qu’Edouard Glissant, jeune étudiant à la Sorbonne, commence ses études supérieures en 1946, année de son arrivée à Paris. Il poursuivra son cursus par un diplôme d’études supérieures en ethnologie. Ses premiers livres sont des œuvres poétiques : « Un champ d’îles » (1953) et « La terre inquiète » (1955), révèlent déjà son immense talent d’écriture et son ouverture au monde. En 1958, Glissant, alors âgé de trente ans, reçoit le prix Renaudot pour son premier roman « La Lézarde », un livre très stylisé qui évoque le parcours d’un groupe de jeunes anticolonialistes martiniquais. Prémonitoire.
 
Prémonitoire, certainement, durant ces années où les idéologies anticoloniales et anti-impérialistes s’affirment, et où les peuples d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes s’organisent et revendiquent leur indépendance. Edouard Glissant, dans un Paris en pleine ébullition intellectuelle, participe au débat, au sein du Cercle international des intellectuels révolutionnaires, de la Société africaine de Culture, de la revue Présence africaine, et lors des Congrès internationaux des écrivains et artistes noirs (1956 et 1959), entre autres.

Au début de l’année 1961, Glissant fonde avec Albert Béville, Cosnay Marie-Joseph et l’avocat Marcel Manville, le Front antillo-guyanais qui milite pour la décolonisation et l’indépendance des Antilles françaises et de la Guyane. En pleine guerre d’Algérie, dans un contexte politique particulièrement tendu, le Front est dissous par un décret du général de Gaulle en juillet 1961 pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Edouard Glissant est arrêté en septembre de la même année en Guadeloupe, expulsé, interdit de séjour aux Antilles et assigné à résidence dans l’Hexagone.
 
En 1965, l’écrivain repart en Martinique, après la publication de son deuxième roman, « Le Quatrième siècle ». Il y fonde en 1967 l’Institut martiniquais d’études (IME), une école privée dont l’objectif est de proposer aux Martiniquais une éducation en rapport avec leur histoire et leur culture. Et bien sûr Glissant continue à écrire : essais, poésies, romans et théâtre. Boulimique de connaissances, il s’intéresse à tout, en restant profondément enraciné dans sa culture caribéenne et créole.

 

Photo d'Edouard Glissant dans sa jeunesse. © DR

Thème de l'antillanité

En 1981 paraît son essai majeur, « Le Discours antillais », où l’auteur livre la pleine maturité de sa pensée. Cet ouvrage multiforme fait l’inventaire du réel martiniquais et antillais dans une perspective historique, sociologique et littéraire. Le thème de l’antillanité, de la spécificité culturelle caribéenne, de sa richesse et de sa diversité, fait irruption sur la scène intellectuelle. La même année, Edouard Glissant rejoint l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Paris, où il devient directeur de la revue Le Courrier de l’Unesco. Il ne cesse pas d’écrire pour autant et publie notamment le roman « Mahagony » en 1987. (Photo à gauche : Edouard Glissant dans sa jeunesse).
 
L’année 1988 représente un tournant important dans la carrière de Glissant. Cette année-là, il rejoint l’Université d’Etat de Louisiane (Lousiana State University, LSU) à Baton Rouge. Une ville du Sud des Etats-Unis, née de l’esclavage et de l’univers des plantations, porteuse d’une identité intensément créole chère au Martiniquais. L’auteur y revisitera William Faulkner (« Faulkner, Mississippi », 1996) et consolidera sa vision d’un « Tout-Monde » (titre de l’un de ses romans, 1993) de l’ouverture et de la diversité. Au cours de son aventure américaine, Glissant occupera également la chaire de littérature française à la City University of New York, à partir de 1994.   
 
Au tournant du millénaire et jusqu’à la fin de sa vie Edouard Glissant déploiera une activité littéraire et intellectuelle intense. Il publie des essais d’une importance capitale, « La cohée du Lamentin » (2005), « Une nouvelle région du monde » (2006), « Mémoires des esclavages » (2007) et « Philosophie de la Relation » (2009), entre autres. Il crée également l’Institut du Tout-Monde en 2007, lieu de réflexion et de création autour du thème de la « Relation » des cultures et des hommes. Le romancier s’éteint en février 2011 à Paris, à l’âge de 82 ans. Il est inhumé dans la commune du Diamant, en Martinique.  

A VOIR, A LIRE : Edouard Glissant, une pensée archipélique (un dossier complet et multimédia sur l'oeuvre de l'écrivain sur le site edouardglissant.fr)

Document: 

Rue 89 - Édouard Glissant (2008)

Commentaires

Pierre Carpentier | 21/09/2015 - 18:52 :
Le 21 septembre à 19h dans les salons de la Chancellerie à Paris. Dans un mouvement de balancier, comme d’un ciel dévissé, lancé depuis la crypte en cathédrale de Justice, l’encensoir républicain fonce sur les rangs qui séparent les mages missionnaires avancés, des fidèles résignés. Et le rideau de boucane (de fumée) qui s’en échappe tente encore de dissimuler l’entrée cérémoniale du dernier trésor que l’on a rapporté des Caraïbes au pied du trône ensablé de Marianne avant qu’il ne se dissipe en emportant le foudroiement des anges noirs et les effets hypnotiques de sa magnificence. Pendant le sacre du butin, les sujets transverses de l’Ensemble français, sur toutes mers et tous continents, et leurs frères métropolitains qui n’ont pas ce typique réflexe colonialiste bien intégré à y défendre coûte que coûte la présence et les grands intérêts de l’État, ne sont pas dupes de ces dépossessions officielles et normatives qui en fondent l’historique prospérité. Et nous verrons bien, au delà du parfum métallique du pouvoir reconnaissant en cette procession solennelle, ce qui subsistera de l’encensement canonique du Caillasseur de Soleil dans les manuels d’enseignement destinés au développement du sens critique de nos jeunes générations. La myrrhe de l’Islam et l’encens du cosmos préhispanique si cher à la Chrétienté sont toutes deux saignées du grand arbre céleste par la lumière sylvestre où pousse l’émeraude des grands-bois ; qu’il nous garde, sous ses palmes de pluie, des mages de haute annonciation, porteurs de l’avènement et de l’offrande, que l’on a égaré en eux-mêmes pour servir l’inavouable et savant ouvrage d’étoiles obscures. Quant au trésor caraïbe des manuscrits qu’il tailla sur la table de son enrochement au monde, il fût livré sous bonne escorte à Paris pour mieux le « protéger » de la démunition structurelle et technologique de la Martinique ; la capitale métropolitaine n’ayant jamais souhaité, ou été contrainte par quiconque d’y transférer les moyens de conservation les plus perfectionnés demeurant exclusivement destinés aux fonds de sa chambre forte(la Bibliothèque nationale de France, la BnF) à qui le ministère de la Culture et de la Communication a confié sa mise en valeur ; le voici désormais aux mains de la généreuse colonialité du pouvoir pour un temps déjà immémoriellement échu dans l’hygrométrie climatisée du parfait sanctuaire qu’elle serait incapable de reproduire in-situ… L’encens et la myrrhe que l’on porta, et je pèse mes mots, à la mémoire du plus grand écrivain sculpteur de langage de tous les temps, nous ont éclairé sur la pratique de captation historiquement renouvelée en ce jour de grand messe républicaine ; comme s’il en eut manqué une au vaste tableau des dépossessions qu’avait subversivement dressé, une vie durant, mon frère martiniquais, sachant qu’on y ajouterait son trésor de phœnix. Amen ! PS : La République qui s’enrichit sans s’émanciper de ses marges coloniales corrompt ses valeurs principielles. Soley’ ! Et sur la page Facebook : "Poétique de la Décolonisation" lien ici : https://www.facebook.com/Poétique-de-la-Décolonisation-561577900623275/timeline/?ref=profile
Pierre Carpentier | 22/09/2015 - 04:25 :
Comme aurait dit le Maître sabreur absolu du volcan aux pieds nus, Eugène Mona : "Sa ki ta'w, ta'w, sa ki pa ta'w, pa ta'w !".

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