La publication d’Éloge de la créolité chez Gallimard en 1989 a certainement fait date dans l’histoire des littératures
francophones1. Que le texte ait « fait manifeste » et qu’il ait eu à l’époque un retentissement littéraire et culturel
sont des faits indéniables ; les dizaines de traductions, de colloques, de thèses universitaires, d’entretiens et
d’articles de toutes sortes sont là pour l’attester. Avec le recul que permettent les deux décennies qui se sont écoulées depuis, il est opportun d’en relire les propositions, en réexaminant à la fois leurs modalités d’énonciation et l’énoncé lui-même, dont les proclamations parurent, à l’époque, aussi séduisantes que problématiques.