Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

ENFIN TRADUIRE EN CRÉOLE LES TEXTES TAMOULS CLASSIQUES !

ENFIN TRADUIRE EN CRÉOLE LES TEXTES TAMOULS CLASSIQUES !

Relayer une œuvre de sagesse poétique millénaire en créole courant, voilà un défi digne pour les plus fins créolistes. Rama Valayden publie une traduction en Créole mauricien du “Tirukural”, l'œuvre célèbre du poète tamoul Tiruvalluvar. De quoi faire frémir de bonheur les âmes de nos ancêtres aux familles brisées par leur dispersion de l'Océan Indien au bassin des Caraïbes... J.S. S.



Document sans nom

Rama Valayden, traduire en (faisant) justice



Relayer une œuvre poétique millénaire en créole courant. Défi de Rama Valayden, “Attorney General”, qui publie une traduction du “Tirukural”, oeuvre du poète tamoul Tiruvalluvar.

Prescriptions millénaires. Pour sagesse contemporaine. Il y a de cela deux mille ans déjà, Tiruvalluvar, le poète tamoul s'interrogeait ce qu'est une “Bon Fam”, sur les vertus du “Pa get figir”, du “Konn viv”, ou encore du “Pa frekant napa”. Rama Valayden a choisit de lui emboîter le pas. Et de poser à côté de son porte-feuille d'“Attorney General”, une traduction en créole du Tirukural. L'ouvrage, préfacé par James Burty David a été lancé cette semaine.



Sensible, dès l'enfance à ces vers “kouma dir son tabla”, Rama Valayden nous propose d'en écouter non seulement la musique des mots, mais aussi de vibrer au rythme de strophes (koural) traversés à part égal par le bon sens et le sens de l'observation. Ouvrant ainsi les portes d'une poésie millénaire et étiquetée hermétique, à un lectorat curieux des échos que peuvent avoir des écrits datant des ancêtres de nos aïeux, dans notre quotidien.



Cet aspect frappe d'emblée. Prenons l'exemple de “Bon Fam”. Première crainte du lecteur : se voir embarquer dans une litanie au paternalisme rampant, pour ne pas dire des prescriptions dégoulinant du machisme de base. En somme, que Rama Valayden se soit fait courroie de transmission d'idées préconçues - et démodées – sur le rôle de la femme. Nous partons là évidemment avec le préjugé “moderne”. Celui de la femme émancipée, celle qui a révisé la liste de ses devoirs. Et allonger considérablement celle de ses droits.



Anxiété apaisée par Tiruvalluvar et son traducteur. Certes, le point de départ de “Bon Fam” reste la domesticité. Mais idéalisée. Renforcée. Rendue vraie par les tournures adoptées par le traducteur. “Fam ideal se fam ki roul menaz/Dapre so mwayin.” A peine un sourcil levé à “Mem lapli pou ekout fam/Ki kan leve gramatin/Priye so mari avan Bondye”, avant de se réconcilier avec, “Ki bizin vey tifi ki onn gard loner.”





“Rama Valayden suit les traces de son père”



L'honneur des Valayden est sauf. Avec cette traduction – retardée par le vol d'un premier manuscrit – réalisée non pas directement de l'original mais inspirée de différentes versions, “pou kompran pli byin profonder ek iniversalite Tirukural”, Rama Valayden suit les traces de son père Vadivel, fondateur et premier président du Tiruvalluvar Circle.



Le traducteur sort l'ouvrage du cercle des initiés pour en faire un pamphlet. Une prise de position affichée. D'abord dans le choix de langue créole. Rama Valayden expliquera lors de son discours, à la cérémonie de lancement : “dimoun ki konn anglais français...”. Ensuite par cette déclaration consignée dans la Not depi loter : “Mo partizan non selma valorisasyon lang kreol me ousi itiliz li kouma zouti pou edikasyon”. Posture qu'il utilise pour justifier “kifer grafik pa standard”.



Cent huit chapitres – Rama Valayden partage l'avis de ceux qui pensent que les chapitres suivants auraient été écrits par un autre poète – traduits dans le créole d'ici, le créole de la rue. Celui qui nous interpelle à coup de “koz bon koze”, jetant des ponts entre la sagesse tamoule d'il y a deux mille ans et celle qui s'exprime tous les jours chez nous. Mettant le Tirukural à la portée du plus grand nombre. L'éloignant des “dimoun ki pakonn partaz konesans/ kouma fler san parfin”.






MIEUX COMPRENDRE



Qu'est-ce que le “Tirukural” ?



■ Le “Tirukural” est un texte écrit sous forme de couplets, traitant de divers aspects de la vie. En tout 133 chapitres de 10 couplets chacun. Le tout agencé en trois parties : la première sur le “dharma”, des leçons de justice et de morale. La deuxième sur les devoirs de l'homme, la bonne conduite à avoir envers le côté matériel des choses. Et la troisième sur l'amour ( partie non traduite par Rama Valayden). Les spécialistes notent que même si l'oeuvre a été écrite il y a de cela deux millénaires, il est compris sans grandes difficultés par les locuteurs modernes. Ce texte est étudié à l'école dans l'Etat du Tamil Nadu dès le plus jeune âge. Très peu de détails subsistent sur l'identité de son auteur, Tiruvalluvar. Selon l'une des légendes qui l'entoure, il serait le fils d'un brahmane et d'une mère intouchable. Abandonné, il aurait été recueilli par une femme de la caste Vellala, qui lui aurait donné le nom Tiruvalluvar. Mais suite aux objections de ses voisins, cette femme aurait abandonné l'enfant. Il sera recueilli cette fois par une famille d'intouchables. Plus tard, il s'installera dans ce qui est, aujourd'hui, une partie de Chennai, où il travaillera comme tisserand. Il semblerait que “Valluvan” serait plus le nom de la caste des tisserands plutôt que son nom à proprement parler. L'une des autres versions veut que Valluvar ait été un roi qui régna sur le Valluvanadu, dans le Tamil Nadu.






EXTRAIT



Sapit 64 Minis



Koural 631

Minis bizin konn

Byin swazir manyer, mwayin

Ek fini plan kan fini deside.



Koural 632

Minis bizin byin konn

Ladrwatir-Ledikasyon-Perseverans-

Ek proteksyon lepep.



Koural 633

Seki kapav diviz lenmi

Inir kamarad ek rod bann alye

Enn bon minis.



Koural 634

Bon minis seki kompran zafer vit

Ekzekit libyin donn lord kler.



Koural 635

Assistan minis kone

Ki bizinfer ek

Koze avek sazes.



Koural 636

Kan lintelizans marye avek

Ledikasyon ki sann la kapav dibout kont sa?



Koural 637

Mem si ena gran konesans

Teorik minis bizin konn terin



Koural 638

Mem sipa

Ekout so konsey

Minis bizin

Konseye ki pafer plezir

Koural 639

Prefer fer fas milyon lenmi

Ki konseye konploter dan mem kan.



Koural 640

Mem si ena gran plan

Seki pena kapasite zame

Kapav fini travay.


Par Aline GROËME-HARMON

© Copyright La Sentinelle

_ Source de l'article :

_ L'Express de Maurice, [ICI->http://www.lexpress.mu/display_article_sup.php?news_id=94049#]

Document: 

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages