Le festival VO/VF s'ouvre ce weekend à Gif-sur-Yvette, et met en valeur le travail des traducteurs littéraires, figure souvent oubliée des moments de célébration de la littérature, mais qui bénéficie d'un intérêt croissant du grand public.
Beaucoup de temps forts en ce début d’automne pour la traduction littéraire puisque la revue Translittérature de l’Association des Traducteurs Littéraires de France (ATLF) fête cette année ses vingt-cinq ans, avec un numéro spécial intitulé « Paroles de traducteurs ». C’est plus anecdotique, mais il faut savoir que nous fêterons vendredi la Saint Jérôme, traducteur de la Bible en latin, saint patron des traducteurs, qui ont donc droit ce jour-là à une journée mondiale de la traduction. Plus sérieusement, c’est aussi vendredi que s’ouvre à Gif-sur-Yvette le festival VO /VF, entièrement dédié aux traducteurs littéraires. Fondé par deux libraires, il connaît depuis sa création, il y a quatre ans, une véritable montée en puissance, assez significative de l’intérêt croissant du grand public pour les traducteurs littéraires. Un métier souvent solitaire, dont il est difficile de vivre, et longtemps oublié des temps forts de célébration de la littérature, comme la rentrée littéraire, et du grand public, comme l’expliquent Corinna Gepner, traductrice de l’allemand et Laurence Kiéfé, traductrice de l’anglais, respectivement présidente et trésorière de l’ATLF.
Il y a une conscience de plus en plus développée du travail du traducteur littéraire. En général le public est très intéressé, connaît le nom des traducteurs, certains lecteurs même les recherchent, et c’est un phénomène relativement nouveau. (..) Mais encore, très souvent on annonce les prix de littérature étrangère sans même mentionner le nom du traducteur dans la presse. Il y encore du boulot à faire de ce côté-là, pour rappeler que le texte français, il n’a pas été écrit en français ! Il y a eu quelqu’un entre le lecteur et le texte d’origine. Et ce quelqu’un a son importance, sa personnalité et c’est bien de pouvoir lui donner un nom.
L’engouement pour un festival comme VO /VF, et l’engagement croissant des auteurs auprès de leur traducteurs changent la donne. On notera le grand succès des joutes de traduction, comme celles qui ont lieu aux salons du livre, ou en début d’année au festival America, où plusieurs traducteurs proposent la version d’un même texte ; souvent d’un auteur invité. Et qui font salle comble. Les auteurs sont eux aussi de plus en plus présents lors de ce type d’évènements ; cette quatrième édition du festival VO/VF a par exemple été confiée conjointement à la romancière Maylis de Kerangal et à sa traductrice canadienne Jessica Moore, autour de « Réparer les vivants ». On l’ignore d’ailleurs souvent, mais le traducteur joue un rôle bien souvent plus important que celui de la simple traduction ; c’est parfois lui qui propose le travail d’un auteur étranger aux éditeurs, et contribue donc directement à le faire découvrir dans son pays : c’est ce qu’on appelle un traducteur « apporteur ». C’est aussi et avant tout le premier défenseur de la langue, du texte de l’auteur à l’étranger, certains écrivains,comme Jean-Philippe Toussaint l’ont bien compris, et organisent régulièrement des séminaires avec leur traducteursdu monde entier. Stefano Lodirio a permis de faire découvrir deux ouvrages de Jean-Philippe Toussaint en Italie et raconte ces moments de collaborations si rares et précieux dans la profession. Il sera d’ailleurs présent aux côtés de Jean-Philippe Toussaint et de plusieurs autres de ses traducteurs à Gif-sur-Yvette, ce weekend.
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