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Festival d’Avignon : quand Felwine Sarr dit Fanon

Valérie Marin la Meslée ("Le Point")
Festival d’Avignon : quand Felwine Sarr dit Fanon

L’écrivain sénégalais impose sa présence sur scène dans un spectacle réunissant Frantz Fanon et René Char.

On sait que Felwine Sarr a plusieurs cordes à son arc – économiste, universitaire, écrivain, musicien –, mais on ne l’avait encore jamais vu en comédien. C’est chose faite depuis la création, au Festival d’Avignon, le 15 juillet, à ciel ouvert dans la cour Montfaucon, de la collection Lambert, de « Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir », titre d’un spectacle écrit par lui et mis en scène par Dorcy Rugamba, où les textes de Fanon (1925-1961) et de Char (1907-1988) se répondent, deux frères d’armes combattant chacun à sa façon pour la liberté. Non, ils ne se sont jamais rencontrés, mais Felwine Sarr imagine leur conversation, à l’heure de la Seconde Guerre mondiale où, au-delà des mots, ces hommes ont pris les armes, jusque dans le combat de la décolonisation pour le Martiniquais au destin algérien et plus encore.

Deux auteurs contre les « rêves rabougris » de notre époque

Le dispositif est astucieux : la comédienne Marie-Laure Crochant en pétulante journaliste littéraire reçoit dans son émission de radio un écrivain (joué par Felwine Sarr) qui fait son retour après dix ans de silence. Son nouvel opus salue deux de ses maîtres, le poète René Char et le médecin et écrivain Frantz Fanon, qu’il imagine dialoguant. Entre ces scènes de parodie aimable (et moqueuse) d’un rendez-vous du soir à la radio, musique et textes alternent interprétés par l’hypertalentueux Majnun, frère de Felwine Sarr, qu’il chante, récite ou joue de la guitare. Et à leurs côtés se tient la superbe Tie, petite sœur du même, comme quoi, dans cette fratrie, l’amour de l’art de l’aîné a entraîné presque tous les enfants Sarr dans la danse !

Après une mise en place où l’on se cherche, entre l’interview et l’évocation des deux figures, dans l’Histoire (le texte utilise aussi les travaux biographiques d’Alice Cherki et de Raphaël Confiant sur Fanon), bruits de botte des soldats engagés pour sauver la France, depuis l’Hexagone avec Hypnos de Char ou de la Martinique, l’apparition de Felwine Sarr, immobile, disant Fanon, en regardant ses yeux dans tous les yeux du public, fait décoller le spectacle. Soudain, la parole de l’auteur de Peau noire, masques blancs et des Damnés de la terre arrive comme l’évidence des mots que l’on a besoin aujourd’hui d’entendre – « Je ne suis pas esclave de l’esclavage qui déshumanisa mes pères » –, de visions dépassant tous les replis et crispations identitaires, d’où qu’elles soient : « libérer l’homme de couleur de lui-même ». Sans occulter pour autant le constat fanonien de l’incontournable violence du colonisé face à celle que lui imposa la colonisation, le montage funambulique renvoie comme en boomerang à notre présent « rabougri ». En écho, la poésie de Char ouvre, de plus en plus vaste, cette scène humaine à d’autres réinventions de soi. « Comment libérer ceux qui sont déjà libres ? » demande Felwine Sarr au capitaine Alexandre et au commandant Omar.

 

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