La société esclavagiste qui a sévi dans nos territoires insulaires durant près de trois siècles a suscité l'apparition de figures diverses et variées : le révolté (ou "Nègre-marron"), le soumis (ou "Nègre d'Habitation"), le petit malin (ou "Compère Lapin"), le rêveur (ou "Ti Jan Lorizon") etc...Figures qui se sont amplifiées et complexifiées une fois l'ignoble institution abolie.
Parmi elles, la plus abjecte, la plus répugnante est celle du traître ou de la traîtresse. Hier, au temps des chaînes et du fouet, ces gens murmuraient à l'oreille du Maître Blanc, dénonçant ceux et celles qui rejetaient ou menaçaient l'omnipotence de ce dernier. Aujourd'hui, si ils et elles continuent parfois à flatter le Béké, ils et elles s'agenouillent aussi aux pieds des puissants "de couleur" : député, maire, directeur, président, chef de service, patron etc...Bref, dès qu'un insulaire dispose de la moindre parcelle de pouvoir, fut-il, ce pouvoir, éphémère, limité dans le temps, immédiatement une horde d'affidés se précipitent à ses pieds pour les lui lécher dans l'espoir d'obtenir prébendes, positions enviables et les espèces sonnantes et trébuchantes qui vont avec.
L'odieuse figure du Judas martiniquais, au masculin ou au féminin, n'est toutefois pas une spécificité : elle a ainsi existé en Haïti à l'époque de François DUVALIER et de son fils. D'où l'on comprend le lien qui s'instaure d'emblée entre traîtrise et macoutisme, la première faisant le lit du second. Le seul aspect un tant soit peu particulier du traitre de chez nous est qu'il peut faire allégeance à n'importe quelle idéologie politique. Autant les macoutes haïtiens étaient tous de droite, autant les nôtres peuvent être de droite, du centre, de gauche, d'extrême-gauche, indépendantiste, souverainiste, écologiste ou n'importe quoi d'autre.
D'où l'on comprend aussi que la seule solution face à elles et eux est de les écraser comme des ravets dès que cela est possible...