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Fillette Lalo et les Tontons macoutes sous la plume de Dominique Batraville et de Gerry L’Étang

Came Stefada Poulard (in "Le National")
Fillette Lalo et les Tontons macoutes sous la plume de Dominique Batraville et de Gerry L’Étang

    « Ti zwazo kote ou prale, mwen prale kay Fiyèt Lalo, Fiyèt Lalo konn manje timoun, si w ale la manje ou tou ». Cette comptine si populaire et liée à l’enfance, n’est pas de toute innocence. Les Fillettes Lalo ont bel et bien existé et ont servi à asseoir et défendre le régime des Duvalier.

   Gerry L’Étang, ethnologue attaché à l’Université des Antilles à la Martinique, a fait appel à Dominique Batraville, journaliste, acteur, écrivain, afin d’écrire, à quatre mains, ce roman qui met en relief le « macoutisme », l’outil efficace d’oppression et d’élimination de tous les « indexés » ennemis de la dictature, qui devenaient du coup des ennemis de la République et de son chef suprême.

  Le Martiniquais Gerry l’Étang est plutôt connu comme essayiste, quoiqu’auteur de quelques nouvelles, spécialiste de l’immigration des Indiens. Inspiré par le mauvais traitement infligé à une servante par Mme Rosalie Bosquet, la plus célèbre des Fillettes Lalo, Gerry l’Étang a embarqué le romancier Dominique Batraville dans cette aventure d’écriture qui leur a pris 18 mois de recherches et de rédaction. Dominique Batraville, lui, en est à son quatorzième ouvrage.

   À travers ce dernier roman, Fillette Lalo, les auteurs ont trouvé l’angle et le prétexte pour dénoncer la sauvagerie et la barbarie des traitements réservés à ceux qui osaient s’opposer au régime duvaliériste.

   « C’est un régime de terreur. Elle [Fillette lalo] enfermait les opposants dans un cachot, elle les torturait, et martyrisait même les femmes. Ce roman révèle aussi la bonté de certaines victimes. C’est un roman très littéraire, imagé et même poétique à certains égards », déclare l’arrière-petit-fils du héros Benoit Batraville.

  Ce roman, écrit par ces deux grandes personnalités, est un brin surréaliste. Il met en évidence les grandes figures du « macoutisme ». Une grande figure mythique du Duvaliérisme apparait dans cet ensemble de pages : Clément Barbot. Ce dernier, qui fut proche de François Duvalier, s’opposa par la suite au régime. On raconte qu’il avait le pouvoir de se transformer en chien noir, aboyait pour terrifier les pro-Duvalier et faisait peur même à l’ancien président à vie.

   « Cet ouvrage est écrit comme un scénario et les figures sont racontées de manière détaillée », nous indique le coauteur Dominique Batraville, qui nous invite à nous plonger dans ces pages pour découvrir les secrets de l’ancienne époque où la liberté d’expression n’était pas d’usage.

   L’Haïtien et le Martiniquais se sont mis ensemble, leurs mots y compris, pour nous placer devant un miroir. Ils nous présentent notre culture et les pratiques typiquement haïtiennes qui se transmettent de génération en génération, telle la calebasse magique, le vèvè, les recommandations aux loas, etc. On retrouve à travers les lignes de ce texte des implorations à la Vierge Altagrâce, Metrès Freda, Papa Legba. La douloureuse légende des boat people est revisitée dans le livre. Ces milliers d’Haïtiens qui ont passé des nuits et des jours dans des embarcations de fortune pour échapper à leur terre natale, qui devrait être pour eux un coin de paradis, mais hélas, qui s’est transformée en enfer. Pour trouver refuge, s’abriter en terre étrangère, ils ont pris tous les risques du monde pour fuir le cycle de violences et d’injustices qu’avait instauré ce régime.

   Ce livre, signé de L’Étang et de Batraville, vise tous les lecteurs, peu importe leur âge. À la jeunesse, pour apprendre de son passé, pour pouvoir mieux comprendre son présent et agir différemment. Et aux aînés, pour se référer à l’histoire ancienne, tirer des leçons de l’expérience vécue ou relatée afin de comprendre et de voir la démocratie d’une autre manière. Il est d’autre part une boussole pour les aspirants dirigeants et les dirigeants de ce pays qui seraient tentés par l’idée de revenir avec une autre fournée de Tontons macoutes et de Fillettes lalo.

   Came Stefada Poulard

   Source : Quotidien Le National (Haïti). 

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