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FRANCE-CHINE: Macron sur les routes de la Soie, un échiquier d’importance

Khal Torabully
FRANCE-CHINE:  Macron sur les routes de la Soie, un échiquier d’importance

Après quelques timides (et suspicieuses) incursions sur les Nouvelles Routes de la Soie par la France et d’autres pays européens, jugées comme instrument de l’hégémonie chinoise, aujourd’hui, le Président Macron a franchi le pas. Il s’est rendu, pour 3 jours, en visite d’état en Chine. Il a débuté à Xian, où jadis se croisaient les caravanes de l’ancienne route de la Soie. Il est évident que commencer ce voyage par un endroit revêtant une telle symbolique n’est pas anodin. Lecture de cet événement, que je relierai à mon travail sur ces Routes qui brassent le plus grand projet infrastructurel du monde actuel, le seul en ce genre au 21ème siècle, comme je l’ai déjà souligné dans mes deux précédents articles à ce sujet.

Perceptions avant mise en connexion…

Commençons par les perceptions des uns et des autres. En Chine, pour aller vite, la France est d’abord perçue comme un pays touristique, de mode, de parfums, de vins, un pays romantique où on vient se marier, faire du shopping. Les Chinois la voient, aussi, comme un pays ayant une haute technologie et dorénavant, comme une partenaire de choix.

Pour les Français, la Chine demeure un grand pays énigmatique, loin dans l’Orient (encore plus compliqué), pour rappeler de Gaulle exprimant son désarroi hors des frontières de la logique européenne. Ici, on a affaire à une culture encore plus éloignée de l’Europe et de l’Orient proche. Et il aura fallu du temps aux Français pour se faire une autre idée de la Chine, autre que celle véhiculée par des récits exotiques et stéréotypés. Et cette perception change lentement mais sûrement. On sait que la Chine se mobilise et fait bouger des montagnes. Le fait est que le géant chinois est incontournable dans le monde actuel. Les Français savent que les Chinois achètent des terres arables chez eux, que la Chine a de l’argent, que peu à peu, elle devient un laboratoire. Devant la déliquescence américaine, le géant chinois, dont le maître mot est la connectivité, est en train de progresser résolument sur l’échiquier mondial. Aussi, en dépit du déficit commercial de 30 milliards d’euros avec Pékin, Macron a fait sien le win win des chinois, indiquant, si besoin était, que quelque chose d’envergure est en train de se tramer.

Echiquier asiatique et mouvements stratégiques d’envergure globale

Pour la Chine, à l’orée de cette visite présidentielle, la France est avant tout une partenaire politique et diplomatique, alors que l’Allemagne est perçue comme une partenaire économique, en Europe. Il faut, désormais, dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie, le terrain de prédilection de la diplomatie économique de la Chine au 21ème siècle, se résoudre à considérer de nouvelles stratégies. Celles-ci sont bien en cours sur «La Route et la Ceinture», ou One Belt, One Road ou OBOR, acronyme dénotant la stratégie chinoise des Routes de la Soie. Deux faits sont à considérer dans ces grandes manœuvres s’appuyant sur les investissements infrastructurels que l’axe eurasiatique cumule en ce moment.

Le premier est le repli américain, notamment avec le retrait des US de l’accord de Paris (2O15) et leur politique unilatérale au Moyen-Orient (le dernier vote sur la proclamation unilatérale américaine à l’ONU est un désaveu des US). Le leadership de Trump crée du vide et sème le protectionnisme à un niveau déroutant sur la scène internationale. Macron avait exprimé son désir de s’éloigner de la politique de Trump et désire, avec Pékin, construire un monde multipolaire. C’est là un angle plus enviable pour Paris.

La Chine, à l’évidence, est désireuse de collaborer avec Macron. Elle le perçoit comme un «président jeune et ambitieux» et capable de renouveau. Justement, après le Brexit, Pékin n’a pas caché son intention de procéder à un changement majeur dans sa stratégie européenne, reléguant Londres au second plan, axant davantage ses espoirs sur la France. Aussi, tout en se faisant l’écho de Trump en Chine, notamment en exprimant la nécessité d’avoir des nouveaux marchés, la France joue la carte de sa nouvelle influence internationale sur les nouvelles routes de la Soie, et ce après le G5 pour l’Afrique, ses missions en Algérie et au Maroc ou sa stratégie relativement en panne  au Moyen-Orient et en Libye.

La visite de Macron s’inscrit bien dans la logique d’une reconquête d’influence au-devant du vide politique laissé par la stratégie de repli de Trump, les politiques de ses deux prédécesseurs en France et les séquelles du Brexit. Rappelons que dans ce voyage commencé aujourd’hui, Macron devance sciemment la visite de Mathilda May de trois semaines. Celle-ci sera à Pékin fin janvier pour se rapprocher du géant chinois et se refaire une santé en Asie-Pacifique. Macron, en quelque sorte, lui dame le pion… Donc, nous sommes dans le vif d’un jeu d’influence globale pour la Chine et la France et une sorte de passation de relais de Londres à Paris : l’axe européen de la Chine passera non plus par la GB mais par la France. La Chine a décidé que Macron serait son allié le plus proche en Europe. Londres paie aussi le prix de sa rupture européenne sur les nouvelles routes de la Soie. C’est ce que pense Zhao Chen, un expert des relations Sino-Européennes de la Chinese Academy of Social Sciences: «Depuis que la GB a décidé de quitter l’EU, l’Allemagne et la France sont maintenant les partenaires prioritaires de la Chine». Il ajoute que: «La France est désormais un partenaire plus important (pour la Chine) en Europe et aussi sur la scène mondiale».

Laissons la parole au Président Macron, qui, aujourd’hui même, a promis de revenir en Chine chaque année, avant d’entonner des mots en chinois (les tout premiers par un président français) pour rendre notre «planète plus belle et plus grande une fois de plus». Il a été clair sur l’envergure l’OBOR dans une interview au site China.org: «Cette initiative est très importante. Je suis convaincu qu’elle peut jouer un rôle majeur dans la structuration de l’espace eurasiatique et qu’elle représente une réelle opportunité».

Les routes de la Soie écologiques et durables ?…

Macron, accompagné d’une cinquantaine d’hommes d’affaires, veut cependant corriger l’excédent de la balance commerciale sino-française en faveur du géant asiatique et ne semble pas désireux de n’être un espace pouvant accueillir des excédents de l’industrie chinoise. Aussi, il a appelé à travailler sur ce projet «dans le cadre d’un partenariat équilibré où les règles de financement correspondent à nos standards et à ce que nous recherchons ensemble». Pour abonder dans le sens du Président chinois, le président français désire apporter sa propre contribution à l’OBOR, et proposant d’y inscrire un projet de « routes de la soie écologiques ». Les deux parties avancent leurs pions et affichent leurs stratégies. Pékin invite donc Paris à investir 1.2 milliards de dollars dans le plus grand projet transnational du 21ème siècle. La Chine représente le plus grand marché pour l’aviation. Elle est le plus grand marché laitier de la France…

Il faut ajouter que des ambitions communes réunissent les deux pays. La France ne renâclerait pas à investir dans l’OBOR, initiative du président Xi pour déjouer la suprématie mondiale américaine. La France et la Chine sont donc perçues comme les deux locomotives majeures, après le retrait de Trump, dans la lutte contre le changement climatique. Ici, cependant, Macron marche sur de la porcelaine fine de Chine, car dans son message de Nouvel An, il avait appelé à une Europe plus forte pour « affronter la Chine et les Etats-Unis ». S’alignant (pour la circonstance ?) sur Pékin, Macron signe-t-il ici une autonomie plus grande vis-à-vis des US ?

Barthélémy Courmont, chercheur à l’Institut français des affaires internationales et stratégiques et spécialiste de la politique chinoise, affirme ceci: «Il est clair dans les esprits chinois que la France représente l’Europe politiquement». Pour Zhao Chen, un expert dans les relations sino-européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales: «La France est désormais un partenaire plus important en Europe et également sur la scène mondiale. C’est une puissance moyenne avec une influence internationale». Ajoutons que les deux pays sont des puissances nucléaires et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils peuvent proposer une autre approche sur la Syrie, le conflit israélo-palestinien, la Corée du Nord et le changement climatique. Ce changement stratégique est donc exprimé au plus haut sommet des deux états, dont la Chine, à travers Geng Shuang, un porte-parole ministère des Affaires étrangères. Celui-ci a déclaré vendredi dernier que les deux parties procèderont à un échange de «vues approfondi sur les relations sino-françaises et les questions d’intérêt commun», en portant  un «partenariat stratégique global Chine-France vers de nouvelles hauteurs».  Macron a rejoint cette proposition: «Je crois qu’il est très important que l’Europe et la Chine renforcent leur concertation sur cette initiative. La France est prête pour cela à jouer un rôle moteur. Nous devons identifier des projets concrets à mener ensemble en Europe, en Asie, et en pays tiers ». C’est donc le soutien plus fort qu’un pays européen influent a apporté à l’OBOR depuis sa création, malgré les réserves de Paris, optant cette fois pour la «soft diplomacy», préférant parler des Droits de l’Homme  «en privé».

Symboles, pandas chevaux et autres perceptions

Le Président Macron, en séjour chinois du lundi au mercredi, visitera Xian et la Cité Interdite de Pékin. Xian est une ville d’importance pour la démarche française. C’est le point de départ historique des routes de la Soie vers l’Ouest et l’Europe. C’est ici que Macron développera son discours-cadre, posant l’avenir des relations sino-françaises. En attendant, il a visité le mausolée de l’empereur Qin, abritant l’armée de terra cotta souterraine du premier empereur, faite de 8,000 soldats qui font la fierté de la Chine et classée au patrimoine mondial par l’UNESCO. Puis le couple présidentiel se rendra à la Grande pagode de l’Oie sauvage, point de repère spirituel de la route de la Soie. Construite pendant la dynastie Tang, elle a été reconstruite en 704. Ce temple est connu pour abriter les sûtras et les figurines du Bouddha que  le voyageur et traducteur bouddhiste Xuanzang avait ramené d’Inde en Chine. Ce dernier a laissé des écrits bouddhiques,  «Le Voyage vers l’Ouest», célèbre en Chine. Cette pagode bouddhiste est aussi un rappel des influences, idées, cultures et religions qui ont emprunté les routes de la Soie de jadis. Le Bouddhisme, en effet, a été un des apports des caravanes des moines, soldats et marchands. La diversité est, sans nul doute, de mise dans ce périple car Macron visitera aussi la Grande mosquée de Xian.

Cette grande mosquée mesure environ 12 000 m2. Construite, comme le Temple de l’Oie, pendant la dynastie Tang, cet édifice est une étonnante rencontre de l’architecture chinoise et de l’art islamique. Elle fut inscrite au patrimoine de l’UNESCO en 1985. Comme le temple bouddhiste de Xian, elle témoigne du cosmopolitisme de la ville-relais des anciennes routes de la Soie et de l’ouverture de la dynastie Tang aux diversités. Cette mosquée est donc très liée aux voyages, non seulement par voie terrestre mais aussi maritime. On attribuerait sa reconstruction au célèbre Zheng He ou Cheng Ho, le grand amiral chinois qui a débarrassé le détroit de Malacca des pirates et qui avait visité des nombreux pays asiatiques, la péninsule arabique et la côte est de l’Afrique au 15ème siècle. Certains disent même qu’il aurait atteint le Cap de Bonne Espérance. Rappelons que lors de la dynastie Tang, les premiers musulmans à venir en Chine étaient des marchands originaires d’Irak, de Perse, d’Oman ou d’Afghanistan. L’oncle maternel du Prophète, Saad ibn Abi Waqqas, était venu en Chine en 651, fondant une mosquée à Canton. Il avait été reçu par Gaozong, troisième empereur de la dynastie Tang, qui régna de  649 à 683. La tombe d’Abu Waqqas se trouve au cimetière à l’arrière de la grande mosquée de Canton dont le minaret de 36 mètres guidait les bateaux sur la Rivière des Perles. La grande mosquée de Guangzhou, la toute première mosquée en Chine, est également connue sous le nom de mosquée Huaisheng, qui signifie «Souvenez-vous du Sage» (une mosquée à la mémoire du Prophète Muhammad) et est aussi populairement appelée la mosquée Guangta, qui signifie «La mosquée de la tour du phare».

Notons qu’à ce carrefour civilisationnel, le président Macron a déclaré très justement que la route de la Soie n’est pas faite que d’une route, mais des routes différentes, où tout le monde a collaboré. Façon diplomatique de dire que l’OBOR doit éviter toute hégémonie sur les nouvelles routes de la Soie… Reuters rapporte ses propos au Palais Daming, résidence de la dynastie Tang pendant plus de deux siècles: «Après tout, les anciennes routes de la Soie n’étaient pas seulement chinoises. Par définition, ces routes ne peuvent qu’être partagées. Si ce sont des routes, elles ne peuvent qu’être partagées». Notons que lors de la réunion d’experts de l’UNESCO à laquelle j’avais participé, nous avions, en anglais, opéré une distinction entre «road» et «route», nous éloignant dans notre phraséologie du terme « road », qui correspondrait à nos routes goudronnées interconnectées actuelles, alors que routes étaient plus un ensemble de chemins, de voies, de passages souvent discontinus, plus proches de la réalité des routes de la Soie historiques. Pour Macron, rappeler cette sémantique plurielle des routes, de la diversité ayant opéré sur celles-ci, c’est aussi une garantie, lors des montages de projets infrastructurels, économiques et culturels, d’une ouverture accrue sur l’idée d’un partenariat effectif, sur une collaboration «naturelle » entre les partenaires: «Ces routes ne peuvent être celles d’une nouvelle hégémonie, qui pourraient réduire ceux qu’elles traversent en vassaux», a-t-il renchéri. On ne peut être plus clair sur les réserves françaises et européennes concernant l’OBOR. C’est attractif, il faut y être, ne pas rester en marge, mais aussi se méfier d’éventuelles impasses…

Macron plaide donc pour une route multilatérale et non pas pour un «one way road», démontrant qu’une puissance mondiale moyenne doit aussi trouver sa place dans ce ballet de géants. Donc, l’aventure risque de requérir patience, compréhension pour une idée inclusive de la connectivité des routes…

Il est intéressant, en amont de ce voyage empli de symboles, que le Président Macron offre un cheval (pour renforcer cette idée de fluidité dans le circuit ?) à son homologue chinois. Plus qu’un geste d’amitié, Macron y voit un «geste diplomatique». S’il est évident que ce geste est le pendant de la «diplomatie du panda» de Chine – Pékin avait loué un couple de pandas à la France en 2012 – j’y vois aussi un message subtil envoyé au président Xi dans cette symbolique des routes que chacun peut interpréter et emprunter de façon multilatérale. La «diplomatie du cheval» est portée par un bai hongre brun du nom de «Vésuve de Brekka», de la cavalerie de la Garde républicaine. On chuchote que le choix du cheval procède de la fascination du Président Xi pour les 104 chevaux qui l’ont escorté lors de sa visite parisienne en 2014. Le choix est bon, à mon sens, connaissant l’importance des chevaux célestes de Ferghana (situé dans l’est de l’actuel Uzbekistan, le sud du Kirghizistan et le nord du Tadjikistan) dans les échanges de ces routes historiques de la Soie. Le cheval participait à la défense de la Chine, à la protection des caravanes des marchandises. Il a influencé la culture chinoise, devenant l’emblème de la noblesse, imprégnant les arts, la mythologie et la littérature. Zhang Qian, l’envoyé et explorateur des Han, initiateur de la conquête chinoise du Xinjiang et l’aventure des routes de la Soie, vivant au 2ème siècle av J.-C.,  écrivit à son sujet: Les gens [de Ferghana] … ont … beaucoup de bons chevaux. Les chevaux suent du sang et viennent de la lignée des «chevaux célestes».

Le choix du cheval est parlant aussi dans le contexte des routes de la Soie car les chevaux des nomades du nord concourraient à la défense de l’Empire du Milieu et étaient eux-mêmes échangés contre…de la soie, tellement ils étaient importants stratégiquement. Les chevaux sécurisaient les frontières de la Chine et constituaient un des biens les plus recherchés de ces routes. Les routes de la Soie ont été le champ d’expérimentations menant au cheval moderne, comme l’ont démontré des chercheurs. Le cheval montre combien la complémentarité était nécessaire sur les routes, où chacun apportait quelque chose à l’autre, dans un réseau où collaboraient  nomade et sédentaire, moine et marchand, soldat et savant, paysan et artisan, forgeron et potier, fonctionnaire et voyageur de diverses contrées. Ceci rejoint le message de Macron, dans son plaidoyer pour des routes complémentaires, équilibrées, surtout en termes de balance commerciale et de politique d’influence. Notons aussi, dans le paradigme du cheval macronien (référence subliminale?) que la transcription en mandarin du nom du président français est «Makelong», signifiant «le cheval vainc le dragon». Coïncidence? Peut-être…

Cependant, puisque Macron parle de plusieurs routes de la Soie (il a tout à fait raison, il s’agit de «routes» et non des «roads»  ou d’une seule route continue), il serait nécessaire de contextualiser ces chemins ou voies dans la topographie contrastée des tronçons des routes de la Soie, allant du col et crêtes des montagnes aux déserts, des oasis et vallées fertiles à des villages, villes et caravansérails, lieux souvent dangereux et impraticables pour les non-initiés. Et plus que le cheval, fut-il céleste, dans ce parcours sinueux, l’animal le plus adapté est en effet le chameau bactrien, plus résistant et capable de porter davantage de marchandises (200-250 kg) qu’un cheval. Sans lui, les routes de la Soie auraient eu bien de mal à exister. C’est l’animal indispensable de ces routes, en dépit de la parure magnifique du cheval.

C’est peut-être avec la force tranquille du chameau bactrien que les chinois aborderont ce nouveau périple français sur les nouvelles routes de la Soie, sûrs de leur profondeur historique et de leur élan vers l’avenir.

© Khal Torabully, 8 janvier 2018

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