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FRONTIERES COLONIALES…

 FRONTIERES COLONIALES…

SUD-SOUDAN

Le 9 janvier prochain, un référendum sera organisé au Soudan pour savoir si la province du Sud, majoritairement animiste et chrétienne, décide de rester avec la Nord dans le cadre fédéral actuel ou si au contraire, elle préfère faire sécession et fonder son propre état. Cela peut paraître anodin mais en fait, c’est un dogme qui est en train de s’effondrer: celui de l’intangibilité des frontières africaines héritées de la colonisation. À ce propos, il convient de souligner l’ignominie crasse dont a fait preuve la presse occidentale dans ce conflit ainsi que bon nombre d’intellectuels (Bernard Henry-Lévy) ou d’artistes (l’acteur étasunien Georges Clooney). Tous ces gens n’ont eu de cesse, en effet, de nous asséner depuis bientôt vingt ans qu’il s’agit là d’un conflit entre Blancs arabes du Nord, affreusement racistes, et Noirs africains du Sud opprimés. Or, à part les commerçant syro-libanais et le corps diplomatique occidental en poste à Khartoum, il n’y a aucun «Blanc» au Soudan. Qu’on en juge avec les photos du président «blanc» du pays, Omar El-Béchir, et de l’idéologue islamiste Hassan Tourabi! En fait, il n’y a que des «Noirs» dans ce pays dont le nom même «Soudan», signifie en arabe… «Pays des Noirs»!!! 

Hassan Al-Tourabi

El-Bechir président du Soudan

Georges Clooney a ainsi mobilisé le Tout Hollywood afin de défendre la cause des «pauvres Noirs du Sud-Soudan» férocement génocidés par les méchants Blancs du Nord. Et l’opinion publique mondiale a marché dans ce qui n’est qu’une escroquerie intellectuelle. La réalité c’est que tout comme en Côte d’Ivoire, exactement comme en Côte d’Ivoire devrais-je dire, le Soudan, état artificiellement constitué par les colonisateurs britanniques, est déchiré par un conflit entre Noirs de culture arabo-musulmane au Nord et Noirs de culture afro-chrétienne du Sud. Rien d’autre.

FRONTIÈRES COLONIALES

Il ne fait plus de doute que les frontières africaines héritées de la colonisation seront de plus en plus remises en question et que l’Union Africaine devrait s’affranchir du dogme de leur intangibilité, source de conflits sanglants. C’est faire preuve de cécité historique que de ne pas voir qu’aucune frontière étatique depuis que le monde est monde n’a jamais été définitive et que même quand des peuples sont très proches linguistiquement, religieusement et culturellement, ils peuvent désirer vivre leur propre vie. L’exemple de la Tchécoslovaquie est fort éclairant à cet égard. En effet, si l’on peut comprendre qu’en Belgique, Wallons et surtout Flamands souhaitent se séparer ou qu’au Soudan, le Sud veuille faire sécession, étant donné les énormes différences linguistiques et culturelles entre les peuples concernés, on a un peu de mal à comprendre ce qui s’est passé en Tchécoslovaquie. Même langue, même religion, même culture. Ou presque. Les films tchèques, par exemple, ne sont pas sous-titrés lorsqu’ils sont projetés en Slovaquie ! Et, plus au sud, les Catalans et les Basques veulent se séparer aussi de l’Espagne alors qu’en plus du basque et du catalan, les populations de ces pays parlent tous espagnol et vibrent à l’unisson du pays lorsque le FC Barcelone rencontre le Real Madrid ou que l’Espagne remporte la Coupe du Monde. 

Force est de constater que même lorsque la distance linguistico-culturelle est infime (Tchèques et Slovaques, Martiniquais et Guadeloupéens etc.), les peuples (en tout cas leurs élites) ne souhaitent pas vivre dans le même ensemble étatique. C’est triste, lamentable même, mais cela relève sans doute de ce que Freud qualifiait cruellement de «culte narcissique des petites différences».

CHARIA

Revenons au Soudan. Le président El-Béchir vient d’annoncer avec fracas que si le Sud faisait sécession le 9 janvier, il abolirait l’actuelle constitution du pays qui s’appuie sur le multilinguisme et le multiculturalisme pour instaurer la «charia» ou loi islamique car, je cite «l’islam est notre religion et la langue arabe notre langue». Ceux donc en Occident et en Israël qui n’ont cessé de pousser à la roue pour provoquer la sécession du Sud (en lui fournissant argent et armes à volonté) en seront pour leur frais. Ces piètres stratèges n’ont visiblement pas compris qu’un Soudan multilingue et multiculturel (le Nord + le Sud donc) est bien moins dangereux pour l’Occident qu’un Nord-Soudan désormais arquebouté sur son arabité.

Au fait, Clooney, arrête de te mêler de géopolitique, mon gars, et contente-toi de faire de la pub pour les dosettes de café Nexpresso!

Raphaël Confiant

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