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Gambie : le noyé et le dictateur

Raphaël CONFIANT
Gambie : le noyé et le dictateur

   Tout un chacun s'est ému de l'affligeant spectacle d'un jeune Gambien (la Gambie est un petit pays d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le Sénégal et qui a pour langue officielle l'anglais) qui s'est noyé dans le Grand Canal de Venise sous les yeux indifférents ou moqueurs de plusieurs dizaines d'habitants et de touristes. Sur une vidéo, que nous nous interdisons de diffuser afin de ne pas participer au voyeurisme morbide qui sévit sous les réseaux sociaux (asociaux ?), on voit le jeune homme, dont la tête dépasse à peine de l'eau, se débattre désespérément dans une eau que l'on apprendra être à 5°. On entend aussi des exclamations en italien : "Rentre chez toi !", "Va en Afrique !". Des rires aussi. Et puis une première bouée est lancée depuis un bateau, mollement, dans la direction du jeune homme, trop loin pour qu'il puisse l'attraper. Puis, une deuxième, encore trop loin. Sans doute cet éloignement était-il volontaire de la part du lanceur.

    Au final, la tête noire disparaît. S'enfonce à jamais dans les eaux glaciales du Grand Canal.

    Aussitôt la Négrosphère facebookienne s'est déchaîné pour dénoncer le racisme des spectateurs italiens et des touristes qui n'ont pas levé le petit doigt pour venir en aide au Gambien. Ok, les gars, a-t-on envie de répondre, mais vous savez-quoi ? La veille, le dictateur gambien Yayhia YAMMEH, au pouvoir depuis 22 ans, s'est enfui chez un autre dictateur, Téodoro M'BIANG, président à vie de la Guinée équatoriale, suite à une élection présidentielle organisée sous la pression internationale et que YAMMEH a perdue. Mais il ne s'est pas enfui seul : il s'est barré avec les réserves monétaires du pays soit 11 millions de dollars. Voici ce qu'écrit le journal LE MONDE : 

« Au moment où nous prenons en main le gouvernement, la Gambie est en détresse financière. Les caisses sont pratiquement vides », a ainsi affirmé Mai Fatty, un proche conseiller du nouveau chef de l’Etat gambien, toujours réfugié à Dakar où il a prêté serment jeudi. Selon lui, « en l’espace de deux semaines, 500 millions de dalasi ont été retirés » par Yahya Jammeh, soit près de 11 millions de dollars (10,2 millions d’euros). Il a aussi confirmé qu’un avion cargo tchadien a transporté des produits de luxe du dictateur hors du pays, notamment plusieurs véhicules."

   On dira que 11 millions ce n'est pas beaucoup (les voyous du CEREGMIA en ont piqué 14 dans les caisses de notre université) et l'on s'étonnera que la Gambie soit en faillite pour si peu, mais il faut savoir qu'il s'agit d'un tout petit pays pauvre et sans grandes ressources et qui a été mis à sac pendant plus de deux décennies par le dictateur YAMMEH. Donc, oui, il faut s'indigner de l'attitude scandaleusement raciste des Italiens et des touristes qui ont assisté à la noyade du jeune Gambien, l'ont insulté, tourné en dérision et filmé à l'aide de leurs téléphones portables. Oui, cela est inadmissible ! Mais il faut et surtout faire peser la responsabilité sur YAMMEH et la bourgeoisie prédatrice qui a forcé des milliers de jeunes Gambiens à fuir leur pays pour tenter de trouver une vie meilleure en Europe.

   Nos petites et grandes bourgeoisies d'Afrique, du monde arabe, des Antilles, d'Amérique du sud et d'Asie sont les premières responsables de la détresse des migrants. Notre petite et grande bourgeoisies martiniquaise et guadeloupéenne sont les premières responsables de l'émigration de notre jeunesse, de ce néo-BUMIDOM qui ne dit pas son nom. Tout ça par avidité, par goût du lucre et du pouvoir, par esprit de corruption, par médiocrité intellectuelle, par soif de paraître. Par soif d'être chef, directeur ou président de ceci ou de cela.

   Au lieu donc de toujours accuser l'Occident ou les Békés ou X ou Y, il faut arrêter de se mentir à soi-même : l'ennemi est à côté de nous. Tout à côté de nous...

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