*Junia BARREAU est détentrice d’une maîtrise en gestion des PME et de leur environnement. Elle poursuit des études supérieures en sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal.
Le Canada gèle les fonds pour les nouveaux projets à Haïti apprend-t-on le 4 janvier 2013. Position inhabituelle, décision rarissime de la part de ce fidèle partenaire d’Haïti. Le ministre de la Coopération internationale du Canada, M. Julian Fantino, s’interroge: «Allons-nous nous occuper de leurs problèmes pour toujours? Eux aussi doivent se prendre en main.» dans une entrevue accordée au journaliste Hugo de Grandpré, correspondant parlementaire du journal La Presse (www.lapresse.ca). Les propos du ministre canadien fouettent l’orgueil haïtien. Cette décision de geler l’aide canadienne suit rapidement les nouveaux avertissements aux Canadiens en vigueur depuis le début de l’année 2013 jusqu’à nouvel ordre. L’état-des-lieux en matière de sécurité dans les conseils aux voyageurs du gouvernement canadien refroidit même les plus téméraires (http://voyage.gc.ca/destinations/haiti). L’imprévisibilité du climat socio-politique haïtien pousse l’étranger à évaluer le risque du pays toujours à la hausse. Instinctivement, on peut avoir deux types de réactions: honte ou indignation. Honte parce qu’il y a du vrai dans le portrait désastreux qu’affiche l’étranger, même si dans cette photographie occidentale nos tares et archaïsmes grossissent forcément à travers les loupes unidirectionnelles du développement. Pour plusieurs de mes compatriotes, cette honte se vit comme un ardent sentiment de culpabilité. Un sentiment de culpabilité qu’il faut transformer en colère, en indignation puis en action. Cette colère peut-être dirigée contre nous-mêmes, contre nos dirigeants, nos compatriotes, même les étrangers; par contre, notre indignation ne sera utile que si et seulement si elle provoque des actions concrètes de notre part pour changer les choses graduellement.
Pour Haïti les effets des avertissements dissuasifs, notamment en matière de sécurité, sont immédiats sur les éventuels touristes et investisseurs. Il faut avouer qu’un citoyen américain ou canadien (touriste ou investisseur) après avoir lu l’état des lieux en matière de sécurité et criminalité sur Haïti dressé par son gouvernement aura plutôt tendance à reporter sine die toute planification de voyage dans notre pays. En voilà une parfaite illustration du défi titanesque qui attend n’importe quel gouvernement s’attaquant à cette terrifiante image qui colle au pays comme une seconde peau calleuse. Cette épée de Damoclès que constituent pour nous ces alertes aux voyageurs restera suspendue encore un bon moment sur le tourisme haïtien cherchant à faire peau neuve. On comprend la véhémence de la protestation officielle du gouvernement haïtien dont la vision de développement s’articule essentiellement autour de l’extérieur (touristes et investisseurs étrangers, diaspora, aide internationale, etc.). Le Canada semble être davantage la cible des protestations du gouvernement haïtien tandis que les avertissements du département d’État américain paraissent plus drastiques. Ceci s’explique du fait que les décisions canadiennes coïncident avec le lancement du premier forfait vacances-Haïti par Air Transat à Montréal. Les acteurs du secteur touristique haïtien sont convaincus que le terrain montréalais est propice pour un ballon d’essai touristique par Haïti.
Bien avant les avertissements américains et canadiens, Yahoo! voyages avait commencé une contre-offensive sur son très achalandé portail d’informations destiné principalement aux voyageurs européens. En fait depuis environ deux mois sur certains sites Internet, la nouvelle mode est de classer Haïti parmi les 10 pires pays au monde dans tous les critères. Haïti se trouve parmi les 10 pires pays qui ne respectent pas les lois sur notre planète bleue. Cette coïncidence avec les efforts promotionnels du gouvernement haïtien pousse les conspirationnistes à renforcer leurs thèses que le monde occidental nous en veut encore aujourd’hui d’avoir osé 1804, que les grandes puissances redoutent de voir Haïti réussir et rayonner. Les conspirationnistes trouveront matière à étayer leurs thèses dans cet article du très réputé linguiste américain Noam Chomsky, daté du 23 mars 2004 «États-Unis - Haïti» (http://www.legrandsoir.info/Etats-Unis-Haiti.html). Le moins qu’on puisse dire est que le calendrier international ne correspond pas au calendrier haïtien. Néanmoins, je crois qu’il faut dépasser le discours de victimisation sans rejeter les faits historiques. Pour affronter les défis qui se posent à nous en tant que peuple, nous devons rompre préalablement avec tout statut paralysant de victime.
La protestation officielle haïtienne est légitime. Gare à l’exagération qui se relèverait contre-productive dans l’opinion publique internationale. Je tiens quand même à faire la part des choses: prendre la défense du peuple haïtien ou d’Haïti sur la scène internationale n’est pas synonyme d’un vote de confiance à un gouvernement et nul besoin de dénigrer Haïti pour s’opposer aux mauvaises pratiques de n’importe quel gouvernement. En ce sens, les allégeances de parti ne devraient pas nous empêcher d’élever la voix pour dénoncer tout mauvais traitement de la part de la communauté internationale, d’autant plus que cette dernière est non étrangère aux malheurs haïtiens, le dernier en date étant l’épidémie de choléra. Il ne faut jamais perdre de vue que les prochains dirigeants hériteront aussi de cet état-des-lieux désastreux et devront à leur tour composer avec les dictats de cette communauté internationale.
Du côté de Montréal, des voix haïtiano-canadiennes crédibles et respectées se sont levées pour signaler le caractère inhumain de cet acharnement contre Haïti, de cette ‘’obsession compulsive’’ qui consiste à montrer toujours et encore la pire image d’un pays exsangue, torturé. Les différents intervenants rappellent en insistant à leur tour que le pays ne saurait être tenu pour seul responsable des échecs d’une aide internationale viciée à la base. Il est clair que ce n’est pas en passant en boucle les images d’effondrement et de déchets ou en n’exposant que les vices du sous-développement que l’étranger nous aide à résoudre nos problèmes. Ce qu’il nous faut c’est un soutien efficace de nos amis pour trouver les meilleures solutions. Malencontreusement, trop souvent la réponse apportée ou proposée par nos amis n’est pas toujours la meilleure. On ne fait pas du mieux qu’on peut avec Haïti, pour reprendre le principe fondateur en économie. En ce sens, la responsabilité de l’échec de l’aide internationale est partagée. Mais le partage ne saurait s’effectuer à parts égales car quoiqu’on dise, nous, les Haïtiens, resterons les premiers responsables de nos échecs personnels.
La récente tournée montréalaise de la ministre haïtienne du Tourisme tombait à point nommé disent certains observateurs car elle a pu donner un autre son de cloche, présenter une autre image du pays dans les médias canadiens. Est-ce que ça signifie que nous sommes d’accord avec tous les arguments de la ministre. Non et particulièrement sur la question du relogement des sinistrés du Champ-de-Mars. Ce n’est pas vrai qu’une solution durable ait été trouvée aux problèmes de logement des sinistrés du Champ-de-Mars. Sur ce point, je partage les grandes réserves du professeur Jean-Marie Bourjolly sur la façon d’aborder la problématique de relogement des sinistrés par l’État haïtien et la communauté internationale, dans son article «Où en sommes-nous?» dans Haïti Perspectives (Été 2012, http://www.haiti-perspectives.com/articles-1-2/75-78). Néanmoins, nous devons appuyer la démarche de la ministre quand elle défend l’image du pays sur la scène internationale, sans pour cela être naïfs, sans pour cela cesser de réclamer une amélioration réelle dans la gouvernance de notre pays.
Malheureusement, le gouvernement haïtien n’a pas fait preuve d’autant de courage dans l’affaire ONU-choléra-Haïti. Le choléra, ce nouveau grief qu’on nous fait dans les avertissements aux voyageurs canadiens et américains. N’est-ce pas la plus grande injustice de la communauté internationale envers Haïti? Mais le gouvernement haïtien ne peut pas protester trop fortement vu qu’il s’était porté à la défense de l’ONU et n’a pas jusqu’à maintenant la force d’exiger à l’ONU de reconnaître sa responsabilité dans l’introduction du choléra en Haïti. On se rappelle qu’un ministre du gouvernement haïtien avait déclaré en octobre 2012 que personne n’était sûr de la provenance réelle du choléra en Haïti, prenant le contrepied des études scientifiques qui établissent clairement l’origine népalaise de la bactérie Vibrio cholerae (http://www.canalplushaiti.net/?p=4266). Aujourd’hui, le gouvernement haïtien est le dindon de la farce onusienne puisque la communauté internationale lui jette à la figure l’épidémie de choléra ajoutant un autre stigmate au pays des stigmates. Au moment où j’écris cet article plus de 26'500 citoyens du monde ont signé la pétition internationale, lancée par le cinéaste américain Oliver Stone le 5 décembre 2012, afin d’exiger que l’ONU reconnaisse sa responsabilité dans l’introduction du choléra en Haïti et prenne tous les moyens d’éradiquer cette épidémie dans le pays. Et les moyens réclamés ne se résument pas aux promesses vagues de financement, - inscrites dans la rubrique ‘’aide à Haïti ’’ - promesses non contraignantes qui ne seront vraisemblablement pas tenues. La communauté internationale doit au pays réparation et non aide dans le cas précis du choléra. (http://www.avaaz.org/fr/petition/End_Haitis_Cholera_Epidemic_with_UN_Action_Now_1/?fZnRLdb&pv=65).
Après les protestations légitimes des Haïtiens, que faire? Pouvons-nous nous prendre en main? Sachant que nous n’avons aucune emprise sur l’environnement international, ni sur les alertes aux voyageurs émises par les pays occidentaux, ni sur l’aide financière internationale. Nous ne pouvons agir que sur notre environnement immédiat. Le changement ne viendra que de l’intérieur ne cesse-t-on de répéter; c’est une évidence me dit-on. Vraiment, pour combien d’entre nous?
«Aucun bon souhait américain, ou ses Marines, ne parviendront à installer [la démocratie aujourd’hui] tant que les Haïtiens ne le feront pas eux-mêmes» (SIC) disaitNoam CHOMSKY, dans son article intitulé «États-Unis - Haïti». C’est valable aussi pour le développement socio-économique. Aucune aide internationale, quelque soit la forme, ne peut générer le développement économique. Quand les conditions suffisantes sont réunies, l’aide internationale vient en support aux efforts de développement d’un pays, mais ne constitue en aucun cas la force motrice du développement socio-économique d’un pays. À ce propos, j’invite les lecteurs à lire attentivement l’article intitulé «Aide internationale et développement en Haïti: bilan et perspective» des professeurs Stéphane Pallage et Nicolas Lemay-Hébert dans Haïti Perspectives (Printemps 2012: http://www.haiti-perspectives.com/articles/aideinternationaleetdeveloppementenhaitibilanetperspective)
Je reprends ici la réflexion sur l’aide internationale par Ricardo Seitenfus, ancien représentant de l’Organisation des États américains en Haïti:
"L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue à l’État dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabilisation collective. S’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est Haïti. Le pays en est devenu la Mecque. Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. La fatigue d’Haïti commence à poindre. Cette petite nation doit surprendre la conscience universelle avec des catastrophes de plus en plus énormes. J’avais l’espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec Haïti. Malheureusement, on a renforcé la même politique. Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l’organisation de l’État, au système judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c’est de maintenir la paix du cimetière." (Décembre 2010, http://www.alterpresse.org/spip.php?article10439).
Et même si les étrangers construisaient routes, barrages ou autres édifices, le pays doit pouvoir générer des revenus suffisants pour les entretenir; donc le problème demeurerait entier.
Le mot est lâché: responsabilisation, l’indispensable ingrédient à toute solution réelle et durable. L’aide internationale a conduit à cette déresponsabilisation collective qu’on reproche au pays aujourd’hui. L’aide massive après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 n’a fait que renforcer cette déresponsabilisation. Haïti est-elle en train de devenir le Monstre de Frankenstein de la communauté internationale? Le Dr Victor Frankenstein crée le monstre éponyme et par la suite rejette sa créature qu’il juge trop hideuse. On découvre que notre irresponsabilité est très laide, mais surtout représente un fardeau économique non négligeable en cette période de réduction des dépenses gouvernementales dans les pays avancés – un fardeau qui ne fait qu’augmenter avec le temps.
La communauté internationale veille sur Haïti disait le président de la République d’Haïti en novembre 2012 (http://www.alterpresse.org/spip.php?article13624), apparemment très convaincu du soutien inconditionnel de ses ‘’nouveaux amis’’. Depuis trop longtemps, on ne fait que transférer notre responsabilité à d’autres. On se remet à la Républicaine dominicaine pour manger, de plus en plus pour entreprendre les constructions; à la diaspora pour transférer des revenus aux citoyens à défaut de créer des emplois, stimuler la demande intérieure, réaliser certaines promesses électorales; à la communauté internationale pour financer les trains de vie déraisonnables de l’État haïtien indigent, rétablir la sécurité, etc. Cette grande dépendance vis-à-vis des forces extérieures ne semble poser aucun problème majeur à notre président béni du Pape, sauf si elles deviennent trop exigeantes.
Trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, je n’ai pas choisi de faire le bilan de l’aide internationale à la reconstruction puisque c’est aux Haïtiens de faire «preuve d'un leadership, d'une responsabilisation et d'une transparence accrus, afin de jouer un plus grand rôle dans le développement de [leur] pays.» pour répéter les leçons du ministre canadien de la Coopération internationale au gouvernement haïtien (http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/ACDI-CIDA.nsf/fra/NAT-18123021-NJJ). Cela ne signifie en aucun cas que les Haïtiens ainsi que les bailleurs de fonds doivent faire l’économie d’une autocritique responsable dans la non-reconstruction du pays. L’exercice est difficile, il faut en convenir. Et il est tellement plus facile de se rejeter les fautes les uns aux autres.
Frédéric Thomas résume bien le profond malaise qui règne un peu partout: «La difficulté de faire le bilan de la reconstruction tient au manque de transparence, aux manipulations des chiffres et calculs faussés. […] Il y aurait encore plus à dire sur la manière dont cet argent a été utilisé; les gaspillages, doublons, ratés, et la transformation de la reconstruction en un immense marché, où chaque pays essaye de positionner ses propres entreprises. Dans les critiques, il est surtout question des lenteurs de la reconstruction, non du chemin qu’elle prend. Les liens ou convergences entre la prétendue politique minimaliste – «politique du moindre mal, (…) politique minimale de la vie [qui] consiste à entretenir les corps» – des organisations et instances humanitaires, d’un côté, et les choix macroéconomiques, de l’autre, ne sont guère interrogés.» (Décembre 2012, http://www.canalplushaiti.net/?p=4947).
Par parenthèse, je lis les diverses réactions suite aux déclarations du ministre canadien de la Coopération internationale. Il y a une erreur à ne pas commettre: sous-estimer l’aide canadienne. Le Canada est un partenaire de première importance dans l’aide multilatérale à Haïti aussi. D’ailleurs c’est en ce sens qu’il faut interpréter les réactions américaines et onusiennes – réactions plutôt tièdes à mon avis - car il faudrait combler le vide canadien dans plusieurs projets. On comprend le fait que notre Grand argentier accorde une plus grande importance à l’appui budgétaire direct, seulement quand le bailleur de fonds construit routes et prison, encadre la police, dispense de la formation aux fonctionnaires et cadres locaux c’est aussi un don direct à l’État haïtien. Aussi, les services directs à la population à travers de nombreuses ONG sont devenus dans plusieurs cas indispensables - notamment en matière de santé -; c’est aussi vrai que ces services ne représentent qu’un infime pourcentage de l’aide obtenue par les ONG au nom d’Haïti. Toutefois, une coupure brutale de ces services aux populations démunies sans transition, sans alternative, reste problématique. Et surtout, il y a des succès, des trop rares cas inverses où presque 100 % de l’aide obtenue par une ONG sont dépensés dans des projets sur le terrain, projets gérés exclusivement par un partenaire local haïtien. Comme c’est le cas de cette ONG québécoise, Collaboration Saint-Jean-Sur-Richelieu, qui travaille exclusivement avec un partenaire haïtien, FODES-5 (http://www.fodes5.org/), à la fois sur des projets de développement et humanitaires. Par exemple, comment dire à cette population de Labrousse que les missions de santé organisées par la Collaboration Saint-Jean-Sur-Richelieu ne sont pas fructueuses, alors que pour la plupart des habitants de cette région ce fut la première rencontre avec un chirurgien, un ophtalmologue, l’unique occasion de bénéficier des soins de santé gratuits incluant des opérations des yeux.
Attention! Je ne suis pas en train d’avancer que l’aide humanitaire doit être permanente et que de manière générale, elle n’a aucun effet pernicieux. Je crois seulement qu’il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé. L’approche de l’aide internationale doit être repensée dans sa globalité: objectifs, structures et mécanismes d’évaluation. Le Canada offre à Haïti et à la communauté des bailleurs de fonds une occasion idéale d’amorcer cette nécessaire remise en question de l’aide d’urgence, l’aide humanitaire, l’aide au développement, l’aide bilatérale ainsi que l’aide multilatérale. Il y a unanimité: l’aide humanitaire doit céder sa place à l’aide au développement. Nous y voilà.
Disons-le tout de go, la population haïtienne ne s’apitoie pas sur son sort et n’a jamais baissé les bras malgré les pires revers. Rapidement après le tremblement de terre, les familles haïtiennes réclamaient de préférence du travail à la place des rations alimentaires des organisations non-gouvernementales. Encore aujourd’hui, la plus grande revendication légitime du peuple haïtien est le travail et non des rations gouvernementales cette fois-ci. Que l’on ne s’y trompe pas! Un autre point qu’il faut sans cesse rappeler à quiconque l’oublierait et ferait fausse route. Le peuple haïtien a fait le choix indiscutable de la démocratie en mettant fin à la dictature duvaliériste en 1986. Certains secteurs ont essayé d’étouffer les aspirations démocratiques du peuple haïtien, mais la bonne nouvelle est que personne ni aucun groupe n’y a jamais réussi. Est-il nécessaire de rappeler que seul un système démocratique en Haïti garantira la stabilité si favorable au développement touristique que le gouvernement dit tant souhaiter.
Comment se prendre en main dans le contexte de dépendance extrême de l’aide internationale. La réponse s’impose d’elle-même. Même à long terme, l’État haïtien ne pourra pas s’affranchir totalement de l’aide internationale, selon une lecture réaliste de la situation n’en déplaise aux ‘’souverainistes’’ d’Haïti. Se prendre en main dans le contexte haïtien implique que l’État travaille à créer les conditions suffisantes nécessaires pouvant aboutir au développement socio-économique, lequel contribuera à son tour à alléger le poids de l’aide externe. C’est seulement en prenant les mesures appropriées que le gouvernement haïtien rassurera ses partenaires, les investisseurs et les touristes (y compris les touristes de la diaspora haïtienne que cible la ministre Villedrouin). L’aide au développement ne portera fruit que si les conditions pré-requises existent. Quelles sont les conditions suffisantes?
Définitivement oui, les Haïtiens peuvent se prendre en main. C’est un exercice très exigeant qui sera récompensé par la satisfaction et la fierté de retrouver notre dignité de peuple. Cet article représente ma contribution citoyenne à la réflexion à laquelle nous invite le président de la République ce 12 janvier 2013. Et il y a surement des points cruciaux, notamment l’éducation, à inclure dans ce processus continu de réflexion qui
doit, pour être porteur de changement réel, se traduire en actions concrètes. Au moment
de commémorer les trois ans de la plus terrible catastrophe naturelle de l’histoire de
notre nation, ou continuer la réflexion sur notre avenir, souvenons-nous que le meilleur
moyen d’honorer la mémoire de nos disparus est de travailler tous ensemble à
transformer notre pays en une terre hospitalière, bienveillante et nourricière pour toutes
les Haïtiennes et tous les Haïtiens.