Un vol Air France au départ de Bogota en Colombie a frôlé la catastrophe en mars dernier, au point que la compagnie aérienne et le BEA ont déclenché une enquête sur ce “décollage anormalement long”. En effet, le 11 mars, l’Airbus A340-300 d’Air France à destination de Paris (vol AF423) a réussi à décoller au tout dernier moment en bout de piste. Ce même avion (immatriculé F-GLZU) a connu de nouveau cet incident toujours au départ de l’aéroport El Dorado à Bogota, le 4 avril, amenant Air France à retirer l’appareil du service le temps de l’enquête.

Air France n’est pas la seule compagnie à avoir connu ce genre de difficulté au décollage sur cet aéroport situé à 2.548 mètres d’altitude. “Plus l’aéroport est élevé, plus cela affecte la poussée des réacteurs, c’est pourquoi la plupart des aéroports situés en altitude exigent des pistes plus longues que la normale pour accueillir des gros porteurs, comme un A340 entièrement chargé”, explique Jan Richter, co-fondateur de JACDEC (Jet Airliner Crash Data Evaluation Centre), une société allemande spécialisée dans les données sur la sécurité aérienne. Un A340 de Lufthansa s’est fait la même frayeur au décollage de cet aéroport, rapportent Les Echos. La compagnie espagnole Iberia utilise aussi des A340 au départ de Bogota, dans une version plus lourde mais aussi plus puissante (-600) que ceux d’Air France, précise Jan Richter.

Il faut maintenant attendre que l’enquête aboutisse. L’appareil F-GLZU (en photo) doit d’ailleurs effectuer un vol de tests aujourd’hui depuis Roissy-Charles de Gaulle et faire une boucle au-dessus de Marseille, selon Jan Richter. Mais cet appareil, assemblé en décembre 2000 et livré à Air France le 15 décembre 2000, a déjà fait l’objet de deux enquêtes du BEA pour incident grave (pour des motifs différents). Il est donc répertorié dans la base de données de JACDEC qui compile depuis 1989 les accidents et incidents graves des principales compagnies aériennes pour lesquelles elle calcule un indice de sécurité, le Safety Index. Qu’en est-il d’Air France ?

Selon le dernier classement JACDEC sur la sécurité des 60 plus importantes compagnies aériennes (en termes de trafic), Air France pointe seulement à la 42ème place. L’organisme souligne toutefois que c’est la valeur de l’indice qui caractérise son niveau de sécurité, plus que son rang dans le classement. Pour le transporteur français, il s’est établi à 0,127 en 2017. A titre de comparaison, il ressort à 0,005 pour le n°1, Cathay Pacific, et à 0,977 pour la compagnie classée à la 60ème place, China Airlines. Depuis 5 ans, Air France améliore chaque année son indice JACDEC mais figure toujours autour de la 40ème place. En revanche, quel que soit le résultat de l’enquête sur le vol AF423, cet incident n’est pas de nature à améliorer la note d’Air France pour le prochain classement. “Ce type d’incident doit être considéré comme sérieux et par conséquent il aura un impact sur l’indice de sécurité”, prévient Jan Richter.