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Internet, une chance pour les langues minoritaires

Michel Feltin-Palas / L'express
Internet, une chance pour les langues minoritaires

Cela peut sembler surprenant, mais les langues minoritaires pourraient bien trouver dans les nouvelles technologies de sérieuses raisons d'espérer. Exemple avec le formidable programme Common Voice, de la fondation Mozilla.

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Ce n'est pas vraiment un scoop, mais cela va changer beaucoup de choses : qu'il s'agisse de dicter un texto, de nous repérer dans une ville ou de commander une pizza, à l'avenir, nous aurons vous et moi de plus en plus souvent recours à la voix pour donner des ordres à nos ordinateurs et à nos téléphones. D'où la nécessité de recueillir des données pour mettre au point des assistants vocaux capables de nous comprendre quand nous leur parlons. C'est dans ce but que Mozilla a lancé le programme Common Voice, destiné à recueillir un maximum d'informations vocales. Avec une caractéristique inhabituelle, qui nous intéresse particulièrement ici : à côté des idiomes internationaux comme l'anglais, le français ou le castillan, la démarche prend en compte de langues moins attendues comme le mongol, le basque ou le gallois.

Etonnant ? Oui et non. "Si l'on veut que le Web reste ouvert à tous, il faut que les assistants vocaux proposent toutes les langues", résume Alexandre Lissy, ingénieur chez Mozilla. Concrètement, Common Voice est donc un service Web ouvert à tous les internautes qui décident d'y enregistrer des textes. Une attitude cohérente avec la nature de Mozilla, un organisme à but non lucratif qui tâche de préserver le choix et l'innovation sur Internet et promeut des logiciels libres. "Nous ne sommes pas une entreprise, mais une fondation. La recherche du profit n'est pas ce qui nous guide", résume Lucile Vareine, chargée de communication.

L'enjeu est d'importance pour la diversité linguistique, et certains l'ont bien compris. "Les Kabyles ont très vite saisi l'enjeu : si les ordinateurs ou les téléphones ne comprennent pas leur langue, eux-mêmes ou leurs enfants l'utiliseront moins et, à terme, elle sera menacée de disparition", résume Alexandre Lissy. Le tatar, le maldivien, le iakoute et le thouvache sont eux aussi déjà présents sur Common Voice tandis que le frison, le bas-sorabe, le malayalam ou le télougou se préparent.

Mieux : non seulement la diversité des langues est privilégiée, mais la diversité des prononciations aussi. Sur Common Voice, pas de censure ni de moquerie à l'égard de l'accent marseillais ou de l'articulation vosgienne. "Toute personne qui parle français est autorisée à s'enregistrer, résume Alexandre Lissy. A aucun moment, nous ne définissons ce que serait la "bonne manière" de s'exprimer."

L'approche mérite d'autant plus d'être saluée que Google, Amazon et les autres ont tendance à se focaliser sur les idiomes les plus parlés dans le monde et à ne privilégier qu'un seul accent, en général celui de la classe sociale qui détient le pouvoir. Rien de tel sur cette base de données, où ce sont les internautes eux-mêmes qui choisissent les langues mises en avant et la manière de les prononcer. Encore faut-il qu'ils se mobilisent. En France, les Basques, les Catalans et les Bretons ont déjà saisi leur chance. En revanche, les Occitans, les Corses, les Alsaciens, les locuteurs des langues d'oïl comme ceux des langues d'outre-mer brillent pour le moment par leur absence.

Il ne dépend que d'eux de changer les choses.

Cette lettre s'interrompt pendant les fêtes de fin d'année. Rendez-vous à la rentrée.

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À ÉCOUTER

Passat deman, par Arnaud Cance et Paulin Courtial

A tous ceux qui croient encore qu'une bourrée est une danse réservée à leurs arrière-grands-parents, je ne saurais trop conseiller de jeter un oeil sur cette vidéo d'Arnaud Cance et de Paulin Courtial, qui forment le groupe MBRaIA, dont le premier album sortira le 28 février prochain. C'est en oc, l'interprétation est forte et... ça déménage.

Ci-dessous les paroles en oc, avec la traduction en français

Passat deman (Bourrée colérique d'un jeune marié trompé)

Passat deman ieu me maride (Après-demain, je me marie)

Cosin vene vos convidar (Cousin je viens vous inviter)

Se voletz dansar venetz me veire (Si vous voulez danser, venez me voir)

Se voletz manjar venguessiatz pas (Si vous voulez manger, ne venez pas)

Lo nòvi diguèt a la nòvia (Le jeune marié dit à sa jeune épouse)

Ont metrem jaire lo cosin (Où mettrons-nous le cousin à dormir ?)

Aval aval dins la cambreta (En bas dans la petite chambre)

Tot prèp tot prèp de nòstre lièch (Tout près de notre lit)

Tot en disent lo pater noster (Tout en disant le Notre Père)

Lo nòvi s'endurmiguèt (Le mari s'endormit)

E la coquina de la nòvia (Et sa coquine d'épouse)

S'anèt jaire amb lo cosin (Alla s'allonger avec le cousin)

Quand lo nòvi se desrevilha (Quand le mari se réveille)

Ne fa tres còp lo torn del lièch (Il fait trois fois le tour du lit)

Ne cresia d'embraçar la nòvia (Il croyait embrasser sa femme)

N'embraçava lo cap coissin (Il embrassait le traversin)

Ne sonèt sa sòrre la Joana (Il appela sa soeur Jeanne)

Que li portèssa lo calelh (Pour qu'elle lui apporte la lampe)

Mès de calhel ni de candela (Mais de lampe ni de chandelle)

Mès de calelh n'i aviá pas ges (Il n'y avait plus)

Ragèt lo cap a la fenèstra (Il passa la tête à la fenêtre)

N'entendèt cantar lo cocut (Il entendit chanter le coucou)

Que cantas cantas rabestias (Que chantes-tu mauvaise bête)

Que tu que tu o as sabut (Que tu as su)

Que tu que tu o as sabut (Que tu as su)

Que ieu que ieu n'èri cocut (Que j'étais cocu)

O diguèri a mon paure fraire (Je le dis à mon pauvre frère)

Que el o m'aviá totjorn dich (Qui me l'avait toujours dit)

"Quand òm aviá polida nòvia ("Quand on a une épouse si jolie)

Caliá pas èsser tant endurmit" (Il ne faut pas être autant endormi !")

(Inspiré d'un collectage réalisé dans le Cantal)

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