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Intox sur l’origine de l’incendie de Notre-Dame de Paris

Intox sur l’origine de l’incendie de Notre-Dame de Paris

L’extrême droite a rapidement tenté d’accréditer la piste criminelle, voire terroriste, pour semer le doute sur l’origine du feu. Sans avancer le moindre début de preuve.

« Et si c’était un attentat ? » Il n’aura fallu que quelques heures pour que des personnalités et des sites d’extrême droite tentent de semer le doute dans la soirée du lundi 15 avril, au beau milieu du gigantesque incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Dans cette optique, l’hypothèse d’un accident – celle qui est privilégiée à ce stade par les autorités – a rapidement été qualifiée par certains de « version officielle », qui serait forcément suspecte. Avec une sacrée dose de mauvaise foi.

Ce que dit la rumeur

Dès 19 h 54, l’animateur du site Fdesouche.com, Pierre Sautarel, a écrit sur Twitter que « selon LCI, deux foyers d’incendie auraient été repérés » à Notre-Dame de Paris. Certains médias, comme le site belge La Dernière Heure, l’ont également mentionnée au détour de leurs articles.

En revanche, seuls des sites comme Fdesouche.com y ont vu une information de premier plan, au point qu’elle est mentionnée dès le titre de l’article du site sur la catastrophe :

Capture d’écran de la page d’accueil de Fdesouche.com mardi 16 avril à 9 heures.
Capture d’écran de la page d’accueil de Fdesouche.com mardi 16 avril à 9 heures. Fdesouche.com

Là où Fdesouche.com se contente d’une allusion, plusieurs autres sites se sont montrés beaucoup plus explicites. Ainsi, Wikistrike.com (une source qui nous apparaît peu fiable dans le Décodex) y voit un élément suffisant pour écrire que « la thèse de l’attentat » ne serait « pas écartée » dans l’incendie de la cathédrale.

Côté politique, un cadre du Rassemblement national, Jean Messiha, a également été séduit par cette interprétation. « Des sources parlent de deux départs de feu », a-t-il écrit sur Twitter. « Si cette information était confirmée, la thèse de l’accident […] deviendrait bancale », affirme-t-il.

POURQUOI C’EST INFONDÉ

Le feu n’est pas parti de deux côtés de la cathédrale

Il est trop tôt, mardi 16 avril, pour tirer des conclusions sur les circonstances de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le parquet de Paris a ouvert lundi soir une enquête pour « destruction involontaire par incendie », écartant le motif criminel à ce stade. Le procureur Rémy Heitz a confirmé mardi que « rien ne va dans le sens d’un acte volontaire ». Les premiers éléments du dossier indiquent que le feu aurait démarré dans les combles de la cathédrale – mais comme cette partie de l’édifice a été largement détruite, les investigations ne seront pas aisées.

Les premières images de l’incendie publiées en ligne par des témoins semblent cependant bien montrer que les flammes étaient dans un premier temps concentrées sur une seule partie de l’édifice, comme dans cette vidéo partagée sur Twitter dès 18 h 57 :

Le feu s’est ensuite propagé à toute vitesse au reste de l’édifice, notamment à cause de son imposante structure en bois et à cause du vent. L’affirmation selon laquelle il y aurait eu « deux départs de feu », comme l’a écrit Jean Messiha sur Twitter, n’est étayée par aucun fait.

L’animateur du site Fdesouche.com se réfugie derrière son statut de « revue de presse »

Etait-ce d’ailleurs le sens des propos attribués par Pierre Sautarel à LCI ? Contacté, l’animateur du site Fdesouche.com se réfugie derrière son statut de « revue de presse » : « On a repris tout ce qu’on trouvait dans les médias sur l’incendie, l’info de LCI (…) étant la moins reprise par le reste de la presse, nous avons décidé de titrer dessus », nous a-t-il écrit.

La séquence en question a été diffusée à 19 h 41 lundi sur LCI. C’est le présentateur David Pujadas qui y tente de résumer la situation, peu avant l’effondrement de la flèche de la cathédrale : « On ne voit pas comment cette flèche pourrait être sauvée étant donné l’intensité du foyer qui s’y développe, mais qui menace aussi l’édifice par ailleurs. On le distingue nettement il y a au moins deux foyers : ailleurs, c’est la charpente, c’est le toit de Notre-Dame de Paris qui brûle. »

Plus que plusieurs « départs » de feu, on voit bien qu’il était plutôt question de décrire la situation à cet instant, où les flammes touchaient en effet plusieurs pans du bâtiment. En aucun cas le propos n’était d’affirmer que ces différentes parties de l’édifice auraient pris feu de manière distincte.

Lire : Incendie de Notre-Dame de Paris : l’enquête s’annonce compliquée

« Nous n’allons pas spéculer ici »

Au fond, la tentative d’accréditer la piste criminelle, voire terroriste, dans cet incendie repose plus sur des croyances que sur des faits. C’est ainsi que le conseiller municipal d’opposition de Neuilly Philippe Karsenty a pu affirmer sans sourciller sur la chaîne américaine Fox News que « le politiquement correct va vous dire que c’était un accident », insinuant que cela n’en serait pas un. « Monsieur, nous n’allons pas spéculer ici sur les causes de quelque chose que nous ne connaissons pas. Si vous avez des observations ou si vous savez quelque chose, nous serons ravis de l’entendre », lui a alors sèchement rétorqué le journaliste Shepard Smith.

« L’homme que nous avons interrogé au téléphone n’a absolument aucune espèce d’information sur l’origine de ce feu, pas plus que moi », a-t-il ensuite précisé à l’adresse des téléspectateurs. Une bonne manière de remettre les faits à l’endroit face à une rhétorique conspirationniste systématique.

 

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