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J’ai une peau noire et je rejette le concept de racisme systémique

Murielle Chatelier ("Le Journal de Montréal")
J’ai une peau noire et je rejette le concept de racisme systémique

J’ai une peau noire et je rejette des concepts comme le racisme systémique, le privilège blanc et la fragilité blanche. Au Québec, nous n’avons pas besoin de ce genre d’idées qui nous viennent des États-Unis pour nous faire entendre et comprendre. 

Le peuple québécois est en général très accueillant et le message qu’il nous envoie est clair et sans la moindre ambiguïté : il refuse d’adhérer à des concepts comme le racisme systémique, le privilège blanc et la fragilité blanche.

Nous sommes plusieurs avec une peau d’ébène à abonder dans le même sens dans l’ombre. Parce que ces concepts sont synonymes d’accusation envers la « majorité blanche ». Ils visent à culpabiliser des personnes qu’on estime « privilégiées » parce qu’elles sont nées blanches, à les rendre responsables d’un passé qui ne leur appartient pas. Et je comprends parfaitement ceux qui refusent de porter ces chapeaux. 

Une fracture qui nuit aux minorités

Alors, j’aimerais poser cette question à tous ces militants et « influenceurs » qui veulent nous faire avaler ces concepts à n’importe quel prix, même au détriment de la paix sociale : qu’est-ce qui vous importe le plus? Imposer des concepts rejetés par une majorité de la population ou travailler d’arrache-pied avec tous ceux qui sont disposés à le faire pour réduire les inégalités dont sont victimes les minorités? 

Il n’y a pas de société parfaite. Malgré le fait qu’il y ait notamment du profilage racial et des concernant l’égalité en emploi au Québec, l’esprit qui règne de façon globale dans cette société en est un d’ouverture. Je le crois profondément et c’est ce que nous devons tous croire pour pouvoir avancer ensemble. Et ce qui m’inquiète le plus, c’est que toutes les polémiques actuelles ne polarisent la société au point de créer une fracture qui, au bout du compte, nuirait grandement aux minorités. 

Dialogue de sourds

Dans un dialogue, chacun doit écouter ce que l’autre a à dire. On assiste pourtant à un dialogue de sourds. Certains croient, à tort je le crains, que nous avançons plus que jamais parce que le sujet du racisme et ses concepts dérivés est sur toutes les lèvres. Et si on se trompait? Et si la vérité est plutôt qu’on divise la société plus que jamais? On le dit souvent : les Québécois n’aiment pas la chicane. Qu’avons-nous donc à gagner à les approcher à « l’américaine »? 

Dans ce genre de lutte, légitime s’il faut le préciser, il importe de s’adapter aux particularités de la société dans laquelle on vit. On ne peut pas copier-coller des concepts qui nous viennent d’un peuple dont l’histoire n’est pas la nôtre. Nos codes culturels ne sont pas les mêmes. Gardons cette réalité à l’esprit pour que ces luttes ne se retournent pas contre nous alors que nous bénéficions aujourd’hui d’une tribune fort enviable. 

Dénoncer les injustices

Chaque injustice est une injustice de trop et nous nous devons de les dénoncer haut et fort. Comme je l’ai fait à l’automne 2016 quand des étudiants ont accueilli ma fille et ses amis dans une nouvelle école privée en leur balançant : « C’est quoi ce troupeau de Noirs? » J’ai publié une lettre ouverte dans les médias et écrit un courriel à la direction de cette école pour dénoncer le comportement inacceptable de ces adolescents. Et j'ai clairement indiqué à l'établissement que je ne tolèrerais en aucun cas que ma fille soit victime de quelque discrimination que ce soit. 

Une tournée des classes a été organisée pour sensibiliser les jeunes à cette situation. Et pendant une matinée, ma fille a également dû s’asseoir avec une des élèves qui tentaient de l’intimider pour échanger sur la question. L’écoute de part et d’autre a permis de mettre fin à cette triste histoire qui n’aurait jamais dû se produire. 

Je n’ai pas eu à brandir des concepts comme le racisme systémique, le privilège blanc ou la fragilité blanche pour me faire entendre et comprendre. Et dans mon quotidien, je n’ai pas non plus à le faire quand j’aborde ces questions avec ceux qui m’entourent et qui s’intéressent véritablement au sort des minorités. C’est pour cette raison que je défendrai toujours mon Québec : parce que je sais que la majorité embrasse cette lutte contre le racisme.

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