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JEAN-GUY TALAMONI. « LA QUESTION LINGUISTIQUE EST CENTRALE »

par Stéphane Bugat
JEAN-GUY TALAMONI. « LA QUESTION LINGUISTIQUE EST CENTRALE »

Pour sa 28e édition, le Festival du livre en Bretagne de Carhaix met, ce week-end, l'île de Beauté à l'honneur, en présence du président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni. Dans l'entretien qu'il a accordé au Télégramme, celui-ci évoque les liens entre la Corse et la Bretagne, la volonté d'indépendance de la Catalogne, les enjeux de la prochaine élection territoriale corse. 

Vous avez accepté la présidence d'honneur du salon du livre de Carhaix. Cédez-vous là à votre goût pour la littérature ou souhaitez-vous apporter un message plus politique ?

Je suppose que cette invitation, que j'ai acceptée avec beaucoup de plaisir, est due à mes fonctions politiques, mais aussi au fait que je suis un auteur. Je vais essayer de prendre en compte ce double aspect en apportant aux Bretons un message d'amitié du peuple corse. Nous avons en commun une forte identité de culture, de langue, de littérature, et des revendications politiques. Cette identité et ces revendications qui, historiquement, n'ont pu s'exprimer. La question linguistique est centrale. Souvenez-vous de l'abbé Grégoire qui voulait éradiquer ce qu'il qualifiait de patois et proférait : « La superstition parle breton, le fanatisme parle italien » (il pensait alors aux Corses). Nos peuples ont subi un traumatisme culturel qui, depuis, a été prolongé par le rouleau compresseur de l'Éducation nationale. Aujourd'hui, le discours est moins brutal, mais nous savons qu'il y a, au sein de l'élite parisienne, politique et intellectuelle, de droite comme de gauche, un mépris pour tout ce qui n'est pas la langue et la culture française. Même si des responsables comme Jack Lang et François Bayrou font exception. On l'a vu avec la Charte européenne des langues minoritaires, que la France a signée mais jamais ratifiée.

Les élections de décembre, en Corse, sont une date importante pour l'évolution des institutions, avec la création d'une collectivité unique. Vous les abordez comme un aboutissement ou comme une étape ?

Pour notre majorité composée d'un courant indépendantiste et d'un courant autonomiste, c'est clair : le nouveau statut n'est pas un aboutissement, bien qu'il réponde à une ancienne revendication. En effet, nous considérions les conseils départementaux corses, qui vont disparaître, comme le nid du clientélisme. Les résultats des deux précédentes élections ont démontré que nous avions l'aval d'une majorité de Corses pour réclamer davantage de compétences dans le domaine économique, social, culturel, et pour l'aménagement du territoire, hors des prérogatives régaliennes. Nous nous donnons trois ans pour les obtenir avec un autre statut. Et sept ans de plus pour les mettre en oeuvre. Il faudra aussi traiter la question de l'amnistie des prisonniers et des recherchés, puisque les indépendantistes corses ont définitivement renoncé à l'action clandestine.

Que vous inspirent les événements en Catalogne ?

Nous les suivons avec attention. Nous avons des relations politiques anciennes, étroites et amicales avec les indépendantistes catalans. S'ils parviennent à leurs fins, ils ouvriront la voie à la construction d'une nouvelle Europe. Une Europe des peuples et des cultures, pas seulement des États constitués et de la finance. Les Écossais sont, eux aussi, dans une situation favorable depuis le vote sur le Brexit, auquel ils sont hostiles. La situation de la Corse est différente. La question du processus d'indépendance n'est pas, aujourd'hui, à l'ordre du jour. Elle ne sera posée démocratiquement que lorsque nous aurons atteint une stabilité économique indispensable. De ce point de vue, nous avons un retard à combler.

Post-scriptum: 
(Photo PQR/Le Midi Libre/Max Berullier)

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