Depuis quelques années, les apports de Mikhaïl Bakhtine à la théorie du roman et aux études culturelles, notamment les concepts du dialogisme et de la carnavalisation, ont révolutionnées l'étude du roman francophone. Ses monographies sur Dostoïevski (19970a) et sur Rabelais (1970b) sont consacrées à l'examen de ces deux concepts fondateurs du roman occidental. Le dialogisme renvoie à la dynamique inter-relationnelle de l'échange verbal, alors que la carnavalisation renvoie à la textualisation ou à la transposition dans le discours littéraire du rituel populaire du carnaval. Dans son exploration du processus de "«romanisation» de la littérature" européenne (Bakhtine, 1978: 472), le théoricien russe aboutit à la conclusion suivante: le roman est un genre a-canonique dont l'évolution est toujours en devenir. L'a-canonicité du roman se mesure au degré de son affranchissement des formes monologiques de la création verbale. De l'antiquité gréco-romaine jusqu'aux temps modernes en passant par la Renaissance, "la floraison du roman est toujours relatée à la décomposition des systèmes verbaux idéologiques stables et, en contrepoids, au renforcement et à l'intentionalisation du plurilinguisme, tant dans les limites du dialecte littéraire lui-même, que hors de lui" (186).
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