« Peut-être qu’une faille qu’on n’attendait plus est en train de devenir béante. C’est excitant ! », prévient François Bouchet. Ce chercheur n’est pas géologue mais astrophysicien à l’Institut d’astrophysique de Paris, et la faille qui l’intéresse ne déchire pas un continent, mais une théorie de cosmologie. Pas n’importe laquelle, puisque c’est celle qui décrit le mieux pour l’instant toute l’histoire de l’Univers, depuis le Big Bang et les premiers atomes, jusqu’à aujourd’hui, en passant par les premières étoiles et galaxies. Or ce bel échafaudage serait en train de craquer. Selon plusieurs observations, notre Univers, qui gonfle depuis plus de treize milliards d’années, enfle plus vite que prévu par ce modèle. Si bien que tels des raisins sur un soufflé au four, les galaxies s’éloignent les unes des autres, comme l’avait montré l’astronome Edwin Hubble en 1929. Mais avec trop d’entrain.
Alors, soit ces mesures sont incorrectes, soit le modèle est bancal. Et c’est là que la faille s’ouvre, prête à libérer ce qu’il est convenu d’appeler, faute de mieux, de la nouvelle physique : nouvelles particules, nouvelles forces, nouveaux types d’interactions entre les ingrédients déjà présents… On comprend l’excitation.
« Je ne décrirais pas la situation comme une tension ou un problème mais comme une crise », a constaté le Prix Nobel de physique David Gross, lors de la dernière conférence sur le sujet à Santa Barbara (Californie), du 15 au 17 juillet, comme le rapporte le Quanta Magazine du 8 août.
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