On observe aujourd'hui de nombreux signes d'une crise des démocraties représentatives en France hexagonale et dans les territoires :
Comment voit-on ces bouleversements, sont-ils la conséquence des mutations des sociétés démocratiques contemporaines ou a-t-on affaire à une crise structurelle liée à la démocratie représentative ?
Il existe structurellement une interrogation sur le caractère démocratique des institutions de la démocratie représentative. Malgré leur évolution au cours de l’histoire, ces institutions font toujours l’objet de contestations, car selon le peuple, elles ne sont pas assez proches du principe d’égalité dont elles se réclament. Montesquieu, Rousseau, Aristote, considéraient que « le gouvernement représentatif était un système aristocratique dans lequel une petite élite éclairée exerce le pouvoir pour les citoyens ; Alexis de Tocqueville a souligné le risque de majorité tyrannique ».
La montée en puissance des géants du numérique et de l’Internet a un impact considérable sur les débats publics, les opinions et les modes de vie. Cela souligne l’inefficacité des autorités politiques à réguler le phénomène. Dans le même temps, l’élévation du niveau d’éducation de la population et le développement de l’économie de l’attention (lié à l’abondance des sources d’information) renforcent le sens critique de la population à l’égard des politiques.
Les institutions et les gouvernements des démocraties représentatives sont donc doublement remises en cause, avec l'affirmation d'acteurs économiques qui outrepassent les règles démocratiques et à qui les gouvernements ne peuvent imposer leur volonté, et avec des citoyens qui n'acceptent plus de déléguer leur pouvoir et leur parole sans avoir la possibilité de s'exprimer.
Pour autant, est-ce à dire que l'idée de participation se présente comme une alternative politique pour revitaliser les démocraties contemporaines et apporter une réponse à leurs dysfonctionnements ?
Définissons d’abord l’idée de participation
Elle désigne l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans la prise de décision.
La démocratie participative se présente aussi comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais conserve le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions.
Cette dernière définition renvoie à toute initiative informelle qui résulte du citoyen et de tout groupe organisé, dans le but de se faire entendre sur des préoccupations d’intérêt général.
Cependant, malgré les courants de pensée qui ont théorisé l’idéal participatif au milieu du 20e siècle valorisant l’implication citoyenne dans la politique au-delà du seul vote et insistant sur l’importance de la discussion capable de rendre efficace la décision politique, force est de constater, selon les observations, que la démocratie participative a des limites. Elle a produit jusqu’à maintenant plus de frustrations que de renouvellement véritable de la démocratie, la récente protestation des Gilets jaunes est une preuve.
À l’évidence, plusieurs éléments concourent à l’échec de l’idéal participatif.
Cependant, il faut souligner, et j’ai l’intime conviction, qu’on peut mobiliser les catégories populaires à la condition qu’il y ait une vraie volonté politique et un enjeu pour ces catégories à participer. Cela passe par la mise en place d’une plateforme permettant aux citoyens d’apporter leurs contributions.
De nos jours, chaque municipalité a, soit une page Facebook, soit un site Internet ou autres réseaux sociaux, utilisons alors ces outils de communication en complément des conseils de quartiers, pour créer une véritable gouvernance collégiale et participative, et ce sur tous les sujets d’intérêt général qui touchent au quotidien des administrés, de façon à permettre à chacun de s’exprimer sur la vie publique de son territoire.
Lucien Pavilla