La Martinique en cartes postales du passé Au départ du taxi-pays, actuellement remplacé par le tombé-lévé en passe d'être lui-même supplanté par le TCSP, nous voilà embarqué sur l'Étoile du sud, ou encore sur La. postale, pour remonter le temps à travers un récit magistral de cartes postales.
Nous partons pour notre plus grand bonheur redécouvrir avec André Lucrèce (l'ouvrage est revisité) les vestiges d'une Martinique au passé pas si lointain, le début du siècle dernier, qui est encore présent dans bien des mémoires. Combien il est étonnant de voir la ville du Lamentin, faite de grandes bâtisses en bois, disparues depuis, pour affronter sans doute, le temps des cyclones "oú les églises frémissent d'être dépecées en leur intime profondeurs". Au Lamentin entre autres, l'auteur évoque l'époque d'une ruralité du temps "ponctué de braiment d'ânes" lesquels nous manquent aujourd'hui. Toutes les communes répondent à l'appel. Nous côtoyons les grandes cités connues, autant que les villes minuscules à la traversée si rapide " oú du morne nous apercevons le bourg que nous quittons déjà". Nous touchons notre culture et nos mœurs dans un jeu de cartes postales. Des enfants, en chapeaux, se regroupent autour des fontaines généreuses qui, de nos jours sont juste ornementales, lorsqu'elles n'ont pas complètement disparues du décor. La Martinique n'aurait-elle pu préserver ce cachet qui lui laisse des relents de paysage de films de Western ? N'aurait-elle pas pu garder ces arbres majestueux qui ont disparu de nos villes ? Nous sommes actuellement, loin des pains dit tunisiens en France et massifs en Martinique. Avec leurs têtes pointues, ils étaient lâchés et vendus à même le panier-sambouwa. On ne les voit guère, trop camouflés qu'ils sont, sous leur cellophane protectrice. Emporté par le récit voyage de l'auteur, il nous est difficile de voir défiler au passage l'environnement cartes postales, mais, l'ouvrage de Lucrèce reste aussi un clin d'œil à l'Histoire, quand il va nous conduire à Ducos. Nous voilà avec Zizine et des Étages, dans les années 1925 des urnes profanées, nous traverserons ensuite les Trois -Ilets où nous irons apprendre, que victimes passantes du régime de Vichy, Breton, Lam, ainsi que Masson y furent assignés. Comme tous les autres peuples, nous nous sommes forgés notre monde et pas seulement pour faire foule, nous savons être monde. Nous n'avons pas là un ouvrage, inutilement ou réellement, nostalgique, nous avons un document. Le témoignage d'un regard durable, celui du photographe d'une Martinique que nous voudrions résistante, tel un Cyparis face aux foudres d'un volcan impétueux. Une Martinique vivante, active, grouillante, magmatique qui hélas, a cédé place à une autre, la passive et consommatrice. Mis à part le seul doute qui nous ferait situer la Rue des trois chandelles du côté de l'église du Vauclin, nous pensons qu'il est toutefois dommage que les légendes des cartes postales ne soient pas toujours suffisamment lisibles, mais tout cela ne dėrange en rien notre vive recommandation : lire, offrir et faire connaître ce témoignage vivant et parlant de notre passé, l'ouvrage LA MARTINIQUE à travers la carte postale ancienne d'André Lucrèce, paru aux éditions Hervé Chopin.
Térèz Léotin