Lorsque le pain n'est plus livré au centre hospitalier pour non paiement du fournisseur, cela doit-il nous laisser indifférents ? Pouvons-nous rester sans penser aux malades qui sont doublement pénalisés ? Pouvons-nous rester sourds et nous taire ? Pouvons-nous rester muets sans comprendre ni entendre le cri de ce boulanger qui est enlisé dans un cercle vicieux. S'il n'est pas payé, comment pourra-t-il verser leur salaire à ses employés ? Comment le fera-t-il, si ceux qui lui doivent n'honorent pas leurs dettes ?
Que se passe-t-il à la Meynard pour que cet hôpital soit à ce point mauvais payeur ? Un oubli ?
Et pourtant, ce n'est pas faute de pratiquer des mesures appelant à faire beaucoup d'économies, dans ce centre hospitalier, car rien qu'en notant ce qui suit, on demeure "estébékwé" (stupéfait). En effet, les gants qui doivent être utilisés, en principe une seule fois et pour un seul malade restent aux mains du personnel soignant et les suivent de malades en malades, allant jusqu'à donner à ces derniers à partager des infections qu'il ne faudrait pas, et qu'ils ne voudraient surtout pas.
Que dire ? Il y a défaut dans la qualité des soins. C'est tout. S'il y a économie de gants, il y a par contre grande distribution de germes à la Meynard.
Quand va-t-on arrêter de privilégier l'économie sur l'hygiène normalement espérée ? Quand va-t-on cesser de privilégier la transmission de microbes ?
Notre hôpital est malade et il nous rend malades. Lorsqu'un patient rejoint un hospice, pourquoi n'y va-t-il plus pour se faire soigner ? Nous ne voulons pas nous mettre à croire qu'il y va pour y ramasser une maladie qu'il n'aurait pas eue, en tout cas, s'il était resté chez lui.
Notre CHU ne serait-il plus digne de sa renommée de Centre Hospitalier Universitaire ? Ne serait-il plus à la hauteur de l'attendu, si ce centre de soins est transformé en un lieu phare de propagation de maladie nosocomiale ? Est-ce le rôle de l'Hôpital que d'apprendre aux internes et autres personnels à contaminer les patients ?
Serait-ce devenu un hôpital œuvrant pour les croque-morts ? On est en droit de le penser,
La semaine dernière, notre collègue Aurélie Largen a succombé à 64 ans. Collègue ou pas elle était avant tout une malade venue se faire soigner. Elle a laissé sa vie sur un brancard où elle fut oubliée dans les couloirs de... La Meynard.
Sa famille et elle avaient cru que l'on pouvait faire confiance â ce grand centre de soin. La malheureuse n'a même pas eu le temps de "manger sa petite retraite". La Meynard en avait décidé autrement.
Que se passe-t-il donc, à la Meynard ? Une pénurie de personnel ?
Le médecin très embarrassé a présenté ses excuses les plus plates, à ses proches : Il était surchargé de travail.
Hélas, Aurélie n'était plus là pour l'entendre. Sa mort injustifiée, écœure tous ceux qui risquent d'atterrir à n'importe quel moment au CHU de La Meynard.
Cet hôpital ne vole pas au secours de ses patients. C'est lui qui attend que l'on court se pencher à son chevet. Les rôles semblent inversés. Tout cela nous fait rester bouche bée mais pas bouche cousue. Il y va de la survie des malades. Pèsonn pa sav la pié ka mennen'w, ni jòdi, ni dèmen. (Nul ne sait ce que nous réserve l'avenir).
Térèz Léotin
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