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LA VIE SEXUELLE PLEINE D'EMBUCHES DES MERES CELIBATAIRES

Par Caroline Michel
LA VIE SEXUELLE PLEINE D'EMBUCHES DES MERES CELIBATAIRES

Culpabilité, présence des enfants, problèmes d'organisation... Rencontrer un nouveau partenaire n'est pas de tout repos lorsque l'on élève seule sa progéniture.

Les mères célibataires seraient entre 1,5 et 2 millions en France selon une enquête Ipsos parue en 2012. Un chiffre en progression constante: "Il y a de plus en plus de séparations et de divorces, donc fatalement, plus de parents célibataires, introduit Serge Hefez, psychiatre et auteur de La fabrique de la famille (éd. Le livre de poche). De plus, les femmes qui font des bébés toutes seules sont également plus nombreuses qu'hier." 

Parmi elles, Constance, 34 ans, a fait une FIV en Espagne avec donneur anonyme. La jeune femme est aujourd'hui mère de jumeaux qui viennent de fêter leur un an. "Les mois qui ont suivi la naissance, même prendre une douche était quasiment mission impossible", confie la maman. 

"J'avais besoin de penser à moi"

Dans ce contexte chronophage, elles sont nombreuses à faire passer leur vie intime et sexuelle au second plan. Mais retrouver du temps pour elle s'est rapidement avéré essentiel pour Constance. "Lorsque j'ai repris le travail, j'ai cherché une nounou qui puisse s'occuper de mes enfants la journée et deux soirs par semaine. Je voulais pouvoir sortir de nouveau et faire des rencontres." 

Pour cela, elle s'est inscrite sur une appli de dating. "Je ne savais pas comment rencontrer quelqu'un. Grâce à Tinder, j'ai pu entrer en contact avec des hommes qui cherchaient des relations légères, comme moi", poursuit-elle. Car l'objectif de Constance n'était pas de trouver l'amour mais de passer de bons moments. "J'aime mes enfants plus que tout mais j'avais besoin de penser à moi. Leur épanouissement passe aussi par le mien", explique-t-elle.

"Je culpabilise vis-à-vis de ma fille"

Une gageure, selon Véronique Lefèvre, psychologue, due à des mécanismes sociaux bien ancrés. "La garde quotidienne de l'enfant est le plus souvent confiée à la mère, ce qui lui laisse moins d'espace psychique pour penser à elle. Généralement, on estime qu'il faut environ un an pour qu'un individu, après une rupture ou un deuil, puisse construire un nouvel équilibre psychique."

Isabelle, 34 ans, maman d'une petite fille de huit ans et séparée depuis trois ans, pense aussi à s'inscrire sur une appli afin de faciliter les rencontres. Depuis sa rupture, sa vie sexuelle est inexistante. "J'aimerais me sentir désirée, j'ai besoin que l'on pose ses yeux sur moi et que l'on me trouve jolie", confie-t-elle. Au-delà du temps qui lui manque pour sortir, Isabelle reconnaît aussi avoir de profonds blocages: "Une partie de moi m'empêche de me connecter sur Tinder ou ailleurs parce je culpabilise vis-à-vis de ma fille. Il faudrait que je la laisse chez sa grand-mère pour sortir ou ramener quelqu'un à la maison. L'idée qu'elle soit dans la pièce d'à côté, même si elle a le sommeil lourd, me met très mal à l'aise."

Chut, les enfants dorment

A la question "on va chez toi ou chez moi?", Constance répond facilement. Quand la nounou est là, la jeune maman préfère passer la soirée chez son partenaire et s'impose un couvre-feu de minuit. Une contrainte qui s'ajoute au coût de la nounou. 

Elle n'hésite pas non plus à recevoir ses partenaires. "Les enfants dorment dans leur chambre et leur présence ne me perturbe pas. Oui, on est parfois coupés par des pleurs mais faire une pause ne m'a jamais empêchée de profiter, au contraire, on prolonge le désir et l'excitation", témoigne-t-elle. Ses amants voient parfois les choses différemment. "Certains font abstraction. Avec d'autres, il arrive que l'on s'arrête complètement. Ils perdent leurs moyens quand ils entendent mes enfants."

"Je mène deux vies à la fois"

Constance se qualifie de "bruyante" au lit. Pourtant, quand ses enfants sont à portée d'oreille, elle s'efforce de faire le moins de bruit possible. Et elle n'en attend pas moins de ses partenaires. "Il vaut mieux rester discret, que l'on soit en couple de longue date ou avec un partenaire d'une nuit. Les enfants n'ont pas à se voir imposer la vie sexuelle de leurs parents. Il n'y aucune raison de faire effraction dans l'imaginaire de l'enfant, peu importe son âge", précise Serge Hefez.

L'idée d'être surprise, du moins entendue, bloque complètement Maylis, 36 ans, maman d'une fille de 13 ans. "Ma maison, c'est mon cocon, le lieu de vie de ma famille. Je maintiens ma vie sexuelle en dehors de cette sphère. Mais j'ai parfois l'impression de mener deux vies à la fois."

"De nombreuses mères célibataires attendent très souvent qu'une histoire soit sérieuse pour envisager d'inviter un homme chez elle. Créer un lien qui va se déliter aussi vite est perçu comme une mauvaise idée de peur que les enfants investissent tous les hommes qui passent comme un potentiel beau-père ou papa", observe Serge Hefez.

"Quand je commence à allaiter, ils filent chercher les croissants!"

A l'instar de Maylis, Sandra, 38 ans, maman d'un petit Léo de 4 ans, préfère faire l'amour "à l'extérieur". Cependant, il arrive qu'un homme passe la nuit chez elle. Seules conditions: qu'il sonne après 21 heures -son fils dort- et qu'il ne reste pas dormir.

"Je ne saurai pas comment présenter un homme à Léo. Et je ne veux pas non plus que l'homme fuit en imaginant que j'espère fonder une famille recomposée...", confie-t-elle. "Les mères célibataires se demandent souvent à quel moment l'homme qu'elle fréquente sera suffisamment impliqué pour le présenter à ses enfants afin de ne pas l'exposer à des abandons successifs", analyse Serge Hefez. 

Constance n'hésite pas à laisser des partenaires dormir chez elle. Le malaise, elle le perçoit plutôt chez ceux qui ne s'attendent pas à assister à la tétée. "Quand je commence à allaiter, ils filent chercher les croissants!", raconte-t-elle sur le ton de la plaisanterie. 

Un nouvel équilibre

Si les enfants sont en âge de comprendre, on peut leur expliquer qu'un amoureux est là. "Lorsqu'une relation se construit avec quelqu'un, il est important pour l'adulte de présenter son enfant. Communiquer avec lui, lui préserver ses espaces de vie et de la disponibilité lui permettront d'accepter cette nouvelle personne. Un nouvel équilibre conjugal est constructif pour l'enfant, qui a besoin de voir que chacun de ses parents est heureux avec et en dehors de lui", rappelle la psychologue Véronique Lefèvre.

Constance a appris à s'écouter: "Certaines de mes copines ont une image négative d'elles-mêmes parce qu'elles cumulent les plans d'un soir. Elles ont l'impression que leurs enfants ne vont plus les voir de la même façon... Est-ce je suis trop libérée? Je ne crois pas, je pense à moi, je me suis retrouvée, et peut-être que le prochain restera dormir trois jours de suite... Au fond, j'ai envie d'une belle histoire d'amour mais je l'attends sans pression", conclut-elle.

Post-scriptum: 
Avoir une vie sexuelle épanouie passe souvent par une remise en question de sa culpabilité. Getty Images

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