Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Le "Barbados Advocate" et le "Daily Nation", les deux quotidiens de Barbade

Le "Barbados Advocate" et le "Daily Nation", les deux quotidiens de Barbade

   L'unique quotidien des territoires français d'Amérique (Guadeloupe-Guyane-Martinique) vient donc d'être mis en redressement judiciaire. En Guyane, le bruit court même que "FRANCE-GUYANE" cesserait toute parution-papier pour passer au numérique.

   Comment cela est-il possible ?

   En effet, "FRANCE-ANTILLES", versions Martinique et Guadeloupe, ainsi que "FRANCE-GUYANE" détiennent le monopole de la presse écrite quotidienne depuis qu'il ont été créés, dans les années 60, par décision du général DE GAULLE, dit-on. Toutes les tentatives pour lancer un deuxième quotidien ("L'ECHO DES ANTILLES" etc.) n'ont pas tenu plus d'une année, le "journal d'HERSANT" comme on disait familièrement à l'époque, captant la quasi-totalité de la publicité, marché détenu par le milieu béké principalement.

   Comment peut-on être en situation de monopole depuis près d'un demi-siècle et se retrouver en quasi-cessation de paiements ?

   On invoquera bien sûr la multiplication des chaines de télé, puis l'arrivée de l'Internet, qui diffusent de l'information en continu et qui détournent le lectorat, en particulier, les jeunes, de la presse écrite. Certes, mais comment expliquer alors qu'un pays comme Barbade, trois fois plus petit que la Martinique et ayant 100.000 habitants de moins que cette dernière dispose de 2 quotidiens et cela depuis des lustres ? Barbade anglophone en plus et où on peut capter des centaines de chaînes nord-américaines alors qu'en Martinique, la barrière de la langue fait que nous sommes protégés de cette véritable invasion, bien au chaud dans notre petit cocon francophone. Conclusion : la presse écrite barbadienne est cent fois plus concurrencée que sa consoeur martiniquaise. Or, elle arrive à tenir la route !

   On invoquera ensuite la chute de la lecture tant au niveau des journaux que des livres, ce qui n'est pas faux non plus. Whatsap (l'outil favori de BOLSONARO) et Twitter (l'outil favori de TRUMP) sont passés par là. Le premier favorise l'info-vidéo véhiculant le plus souvent des images de violence ou pornographiques ; le second la pensée en moins de 180 caractères, ce qui, chez les philosophes s'appelle un aphorisme mais" chez Monsieur-tout-le-monde, une brève de comptoir à savoir l'éructation d'une ânerie au comptoir d'un bar.

   En fait, ce n'est pas tant l'écrit en lui-même qui est menacé que la pensée laquelle ne supporte pas les approximations, les raccourcis et l'absence de culture. Le grand sémiologue italien Umberto ECO a tout dit à ce sujet. Au fait, si vous êtes encore entrain de lire cet article, c'est que vous n'êtes pas encore frappé du syndrome du "tout-cuit-très-vite", celui que l'on voit apparaître sur nombre de sites-Internet : ces "3 minutes de lecture" ou "5 minutes de lecture" qui scintillent brusquement sur la page que vous venez d'ouvrir pour vous inciter à y rester. Un journal-papier ne dispose pas de cette (honteuse) astuce. Honteuse parce qu'elle prend le lecteur pour un con en supputant qu'au-delà de 3 ou 5 minutes de lecture son cerveau décroche. Ce qui, hélas, chez le lecteur moyen d'aujourd'hui est sans doute vrai, son "temps de cerveau disponible", selon une expression désormais célèbre, étant presque entièrement accaparé par les réseaux sociaux ou les émissions de télé-réalité ou de variétés.

   Résumons : télé, Internet, whatsapp, twitter, instagram, facebook et autres sont ou seraient devenus les pires ennemis de la presse écrite. Les blogs et les sites-Internet aussi.

   Si c'est vrai, cela nous amène à reposer la question du début : pourquoi Barbade compte-t-elle deux quotidiens ?  D'ailleurs, pourquoi la presse écrite des îles caribéennes anglophones et hispanophones se portent-elles bien ? Le Listin Diario de Saint-Domingue en est un bel exemple  alors même que les Dominicains disposent de centaines de chaînes de télé (mexicaines, colombiennes, étasuniennes même) en espagnol. Ce journal fut fondé en...1889 et est donc vieux de  130 ans !!! Quant au Barbados Advocate, il a démarré en 1895.

   Pourtant, le taux d'alphabétisation des territoires français d'Amérique est le plus élevé de la région après Cuba. Leur taux de scolarisation prolongée est aussi nettement supérieur à celui des Dominicains ou des Barbadiens. Pres tout moun sa li aprézan ki Matinik ki Gwadloup !  Tout timoun ka alé lékol ! Quel est donc le problème ?

   That is the question, comme dirait TI SONSON...

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.